Un nouvel album de RHAPSODY (of FIRE) où le retour du fils prodigue. Après une longue interruption, les fondateurs du «Hollywood Métal» proposent enfin un nouvel album avec ce The Frozen Tears of Angels. Rappelons, pour nos lecteurs les plus distraits, les péripéties de ces dernières années: en 2004, les italiens quittent Limb Music pour SPV et éditent rapidement un EP The Dark Secret. Concomitamment, RHAPSODY change de manager et s'adjoint les services de Joey DeMaio (MANOWAR) via Magic Circle Music. Tout semble se dérouler à merveille, ils peuvent bénéficier de conséquents budgets pour enregistrer Triumph and Agony en 2006 avec orchestre symphonique, Christopher Lee et tout le toutim. A partir de 2007, le conte de fée vire au cauchemar, RHAPSODY attaque en justice Magic Circle Music et est obligé de cesser toute activité. Les raisons de cette brouille ne sont pas très claires mais semblent avoir pour origine l'organisation d'une tournée en Amérique du Sud. Bref, 2010 et le début d'une nouvelle ère pour les transalpins qui font désormais partie de l'écurie Nuclear Blast.

Une nouvelle ère, oui, mais dans la continuité. Au niveau de l'histoire tout d'abord puisque cet album aborde le troisième chapitre de la Dark Secret Saga et relate les aventures de «cinq guerriers valeureux vers de lointaines et glaciales contrées nordiques afin d’anéantir la menace annoncée par une antique et obscure prophétie» dixit le groupe. On ne change pas une recette qui gagne et les amateurs de Fantasy seront comblés.
Continuité dans les hommes également, pas de changement de line-up: Alex Staropoli (clavier), Luca Turilli (guitare), Alex Holzwarth (batterie), Fabio Lione (chant) et Patrice Guers (basse) sont bien présents. Christopher Lee intervient encore un fois mais uniquement en tant que narrateur. Pour conclure sur les «à côtés», The Frozen Tears of Angels est produit par Luca Turilli et Alex Staropoli et mixé/masterisé par Sascha Paeth au Gate studio à Wolfsburg.

Enfin, musicalement, on retrouve immédiatement ses petits et la patte si particulière de RHAPSODY. Comme de tradition, on débute par une pièce d'introduction avec Christopher Lee, chœurs et orchestrations à foison. C'est inspiré et bien foutu comme d'habitude. On enchaine immédiatement sur "Sea of Fate», un titre sans surprise dans la lignée des «Warriors of Ice» (Legendary Tales, 1997) et autres «Emerald Sword» (Symphony of Enchanted Lands, 1998). Le seul élément inhabituel semble être le son utilisé par Staropoli pour son solo. Avouons que pour nous sommes un poil déçu par cette entrée en matière, ce morceau est très classique sans arrangement symphonique. Gageons que les italiens ont fait exprès de mettre un titre court et direct pour rassurer les fans.
«Crystal Moonlight» est plus heavy et agressif mais le côté accrocheur n'a pas été oublié pour autant avec un refrain immédiatement mémorisable. Même constat que pour le titre précédent, sympa mais archi classique pour le groupe. On attend toujours l'étincelle.

L'espoir renait avec «Reign of Terror». Pour paraphraser notre ami Clayman, ce titre dans son entier est une tuerie. Les guitares sont tranchantes et lumineuses, les nappes de claviers soutiennent intelligemment la mélodie et la section rythmique tabasse comme il faut. Fabio Lione n'est pas en reste et offre une prestation étonnante, hargneux et agressif à souhait. L'argenterie est de sortie avec orchestrations et chœurs de qualité. Cela va à 200 à l'heure et on ne voit pas le temps passer. Les solos endiablés de guitares et de claviers sont de retour et démontrent encore une fois le talent des deux leaders du groupe. L'alternance des rythmes et du tempo est ciselée pour offrir, au final, un succès total. Ce RHAPSODY là est enthousiasmant !
«Danza di Fuoco e Ghiaccio» est le titre folk/médiéval de l'album. A nouveau, le groupe conserve la tradition, inaugurée à partir de Power Of The Dragonflame, d'un titre chanté en italien. C'est doux, c'est mignon mais pas de quoi sauter au plafond.

Et ce sentiment de déjà entendu chez RHAPSODY se confirme avec les chansons suivantes: «Raging Starfire», «Lost in Cold Dreams» et «On the Way to Ainor». Tout cela est agréable à écouter, sympathique et bien réalisé. Les italiens sont professionnels jusqu'au bout des ongles et savent composer de petites pépites. Mais, encore une fois, rien de nouveau sous le soleil. Comme d'habitude, le groupe nous réserve pour la fin sa pièce maîtresse sous la forme de ce «The Frozen Tears of Angels» de plus de 11 minutes. On s'ennuie un peu et cela manque de patate et d'inspiration. Bof…

Vous remarquerez que j'ai à plusieurs fois utilisé les termes : classique, continuité, tradition, habitude. A l'exception d'un «Reign of Terror» extraordinaire, cet album est d'un classicisme «rhapsodien» presque désespérant. Bien sûr cela reste bien souvent d'un ton au dessus de la concurrence et les italiens restent les rois du métal symphonique mais nous attendons tellement mieux. J'avais un peu lâché l'affaire avec des Symphony Of Enchanted Lands II – The Dark Secret et Triumph or Agony assez décevants car le groupe me semblait être en mode automatique. Cette longue coupure forcée pouvait nous laisser espérer retrouver une fraicheur proche des débuts et cette attente est en partie déçue. Si RHAPSODY continue à se reposer sur ses lauriers, les FAIRYLAND & co pourraient bien commencer à lui botter les fesses. Comeback réussi mais peut largement mieux faire.

PS: signalons la présence de deux titres bonus sur la version limitée de l'album: «Labyrinth of Madness» (un instrumental) et «Sea of Fate» (en version orchestrale).

Site Officiel: http://rhapsodyoffire.com
MySpace Officiel: http://www.myspace.com/rhapsodyoffire

Oshyrya (7,5/10)

Nuclear Blast / 2010
Tracklist (54:05 mn) : 01. Dark Frozen World 02. Sea of Fate 03. Crystal Moonlight 04. Reign of Terror 05. Danza di Fuoco e Ghiaccio 06. Raging Starfire 07. Lost in Cold Dreams 08. On the Way to Ainor 09. The Frozen Tears of Angels