oshy_01052011_Anal_NathDire qu’Anaal Nathrakh est extrême est un doux euphémisme. En effet, depuis ses débuts, cet ingénieux duo n’a cessé de repousser plus loin encore les limites de l’agression sonore. Chaque album était un palier, un nouveau mètre-étalon de la brutalité musicale, et chaque sortie suscitait la même question : « Et maintenant ? ». Parviendront-ils à faire encore plus fort ? Ne risquent-ils pas, tout doucement, d’atteindre ce plafond de verre qui marquerait la fin de la course à la violence ? Ces questions sont logiques et légitimes, et Mick et Dave ont trouvé le meilleur moyen pour y répondre : Passion.

Le verdict : une réussite, à nouveau. Vous allez me dire que j’abats rapidement mes cartes, que je ne laisse aucun suspense et qu’à la limite, je pourrais clôturer ma chronique ici avec une petite formule de politesse et une note élevée, mais ce n’est pas le style de la maison. Si vous êtes pressés, arrêtez de lire ici et retournez vaquer à vos occupations.

(petite pause pour que tous ces impatients se cassent de cette page)

Si vous êtes restés, vous vous attendez à savoir en quoi cet album est une nouvelle réussite. Eh bien, c’est assez simple. Une écoute se sera avérée suffisante pour que je me sente en terrain familier. Le chant, la guitare, la violence… tous ces éléments qui ont fait la force d’Anaal Nathrakh sont regroupés dans cette nouvelle ode à la haine et la folie. Toutefois, et c’est là qu’Anaal Nathrakh marque des points, le Thrakh ne se contente pas de s’auto-parodier et de nous servir une fade copie de ses efforts précédents. Prenez ce mid-tempo ravageur en ouverture de "Drug-Fucking Abomination", 3 minutes avant un déluge de décibels et de hurlements déchirants : les incursions du groupe dans le mid-tempo sont rares, mais elles prouvent clairement que ces deux génies ont une maîtrise parfaite et savent tout faire (enfin, ça, on le savait déjà, au vu des nombreux projets auxquels participent Mick et Dave : Benediction, Fukpig, Professor Fate, feu Mistress, etc.). Au niveau des grosses claques, on retiendra « Post Stress Euphoria » et « Locus Of Damnation », à chaque fois moins de deux minutes de tabassage en règle et sans fioritures, et « Tod Huetet Uebel » et son guest ravagé, véritable bande-son de la folie humaine.

Passion ne plaira peut-être pas à tout le monde. Moins direct que ses prédécesseurs, plus difficile à cerner, il doit être apprivoisé avant de pouvoir être apprécié à sa juste valeur. Persévérez dans les écoutes, et vous comprendrez que vous tenez entre vos mains un des meilleurs albums de l’année.

Mister Patate (08.5/10)

www.facebook.com/Anaalnathrakhofficial

myspace.com/anaalnathrakh

Candlelight Records / 2011

Tracklist (36:05 mn)
1. Volenti Non Fit Iniuria  2. Drug-Fucking Abomination  3. Post Traumatic Stress Euphoria  4. Le Diabolique Est L'ami Du Simplement Mal  5. Locus of Damnation  6. Tod Huetet Uebel  7. Paragon Pariah  8. Who Thinks of the Executioner?  9. Ashes Screaming Silence  10. Portrait of the Artist