Dans le petit monde du Metal progressif instrumental, le premier album éponyme d’Animals As Leaders (2009) avait fait l’effet d’un bon coup de pied dans une fourmilière. La formation menée de main de maître par Tosin Abasi avait mis un coup bien placé dans ce microcosme, un coup qui avait envoyé les autres valser pour laisser AAL s’installer bien au chaud là haut, où se placent les meilleurs. A peine débarqués et déjà propulsé comme leaders, c’est juste la classe, surtout quand on confirme par la suite.

Et confirmation il y a, car deux ans après, le groupe fait son retour avec Weightless, qui en plus de dépoussiérer cette scène la renouvelle carrément et lui apporte un souffle nouveau, déjà repéré par les grands. Qu’on se le dise, ce n’est pas pour rien que monsieur Steve Vai himself dit d’AAL qu’il incarne le futur du Metal progressif instrumental. Et même qu’il utilise le mot « virtuose » pour désigner Tosin Abasi. Moi je dis respect, point. Et je ne peux que lui donner raison. Voilà un album totalement instrumental avec lequel le mot ennui est rayé de la liste des mots connus et envisageables. Rarement j’aurais eu l’occasion d’écouter un ensemble instrumental ne me faisant pas regretter l’absence de chant. Tout est là, l’homogénéité est parfaite, la cohérence de l’ensemble et sa solidité, de même que sa fraicheur sont jouissives. Je crois que l’on peut parler de pionniers, sans blague.

Pas étonnant non plus qu’Abasi ressorte n°2 du top guitariste de Metal moderne de MetalSucks. Ce gars là en a sous le pied, sa technique est hallucinante. Mais voilà qui est plus qu’appréciable, cela ne se ressent pas. Des branleurs de manche qui nous proposent des albums chiants et démonstratifs, on en voit passer. Ici, rien de cela, AAL réussi le pari de nous proposer un album totalement instrumental et incroyablement technique, mais qui ne se vit pas comme tel. Belle expérience, ou tout est aéré, fluide, subtil et semble tellement logique et naturel. En plus de cela, Weightless nous met face à un groupe qui ne s’impose pas vraiment de limites et qui ouvre carrément les portes à la créativité : Metal, touches de Jazz, pas mal d’électronique (on pense parfois à un groupe comme Genghis Tron pour le mélange Electro/Metal), d’ambiant, mais aussi du Djent, bref, AAL fusionne les genres et se place d’entrée à un carrefour qui lui permet d’explorer et de toucher à tout sans restriction ou presque. La diversité de leur musique leur a permis de fouler les planches avec des groupes aussi divers que Deftones, BTBAM, The Faceless, The Dillinger Escape Plan et même Decapitated, voilà un détail qui veut tout dire.
Seul changement à noter ici : l’éponyme était une sorte de collaboration entre Abasi et Misha Mansoor de Periphery. Weightless quant à lui est un « vrai » album d’AAL, avec un vrai line up qui comprend Abasi (guitares), Javiers Reyes (guitares) et Navene Koperweis (batterie). Mais faites moi confiance, si le premier album vous a plu, vous pouvez vous procurer celui-ci les yeux fermés, car le line-up est plus qu’opérationnel, il est même carrément prêt à mettre une bonne déculottée à quiconque se frotte à ce style.

Le constat est donc on ne peut plus excitant et positif : Animals As Leaders apporte fraicheur, nouveauté, inventivité et talent, le tout avec un niveau technique époustouflant. Voilà un groupe plein de promesses, dont le potentiel est juste énorme, et qui peut nous laisser penser que le meilleur est à venir. Un vrai délice à écouter au casque encore et encore (aaaaaah ces lignes de basse, géniales !). Pour un tel album, je n’ai qu’une chose à dire : bravo !

Sheol 10 /10

Site officiel: www.myspace.com/animalsasleaders

(2011 – Prosthetic Records)

Tracklist (46:30 min)
1. An infinite regression
2. Odessa
3. Somnarium
4. Earth departure
5. Isolated incidents
6. Do not go gently
7. New Eden
8. Cylindrical sea
9. Espera
10. To lead you to an overwhelming question
11. Weightless
12. David