EFSTAh, Evile ! Le groupe qui m'a littéralement foutu sur le cul quand, en 2008, je les ai vu ouvrir pour Megadeth. Un pur Thrash Old School forgé dans l'esprit de la mythique Bay Area, une déferlante de blasts et de soli sur scène, tant et si bien que Megadeth m'a paru un peu fade après. Une fois le concert fini, je me suis empressé d'acheter leur premier album, de le faire dédicasser, et de rentrer chez moi. Un premier album hyper Thrash Revival que j'aime encore beaucoup aujourd'hui. Evile, c'est aussi le groupe dont les chroniques chez nos concurrents me font le plus marrer : copie tantôt de Slayer, tantôt de Metallica, tantôt d'Exodus, tantôt d'Annihilator. Ben ouais les mecs, Evile joue du Trash Revival, vous vous attendiez à quoi ? A une copie de Shakira ? Toujours est-il que les chroniques que je pouvais lire sur ce premier essais des Anglais, me paraissaient plus transpirer le manque d'imaginiation des rédacteurs, tant ils semblaient tous se copier, que de celle dont le groupe aurait pu montrer dans son album éponyme et qui était tant décrié dans les dites chroniques. Un groupe qui revendique haut et fort faire du Thrash comme dans les années 80, comme à l'époque de la Bay, ne pourra jamais sonner autrement. Le déplorer dans une chronique montre juste que l'on a rien compris, et surtout, citer éperdument Slayer montre aussi qu'en dehors des grands noms, on ne connait pas cette scène. Ca, c'est pour la concurence (remarquez au passage que l'album a été très bien reçu dans les pays Anglo-Saxons…). 

Bref, le premier album d'Evile était un double défoulement, de part son coté musical péchu d'abord, de part les chroniqueurs parlant dans le vide ensuite. Quand un peu plus tard est sorti leur second effort intitulé Infected Nation, force a été de constater que si le groupe s'était un peu éloigné d'un simple Thrash copié-collé sur une scène mythique (oui, je n'ai jamais prétendu que ce n'était pas du bête Thrash, mais toujours est-il que c'était foutrement bon, et qu'à une époque envahie par les machincores, ça fait un peu d'air), il venait de tomber dans le piege bien connu qui consiste pour un groupe à s'éloigner de ce qu'il fait pour tenter autre chose (et se planter). Si ce second album n'était pas mauvais, il n'avait rien de bon non plus et d'aucuns ne ce sont pas gêné pour annoncer la mort du groupe. Surtout que, pour rester sur un thème morbide, Mike Alexander, bassiste du groupe, mourrait quelques mois plus tard lors de la tournée de promotion. Il n'en fallait pas plus pour classer Evile dans la tête de beaucoup (et dans la mienne, je l'avoue) au rang de groupe du passé, bien que le groupe avait annoncé avoir recruté un nouveau bassiste.

Mais, oh surprise, que vois-je se pointer cet été, diantre, diablerie, un nouvel album. Vu que Earache n'envoit que des MP3 bippés pour sa promo, j'ai téléchargé une version pirate pour cette chronique (prenez ça dans votre face, bande de chacaux*). Car oui, les MP3 bippés, c'est chiant. Mais kesskessé qu'un MP3 bippé me demanderez-vous ? Un MP3 qui fait biiip (ou dans une version plus cahotique, une voix laconique t'annonces au milieu d'un morceau  "This music is owned by Tamère Music Corporation"), et donc, personne dans la rédac' ne voulait se faire chier à en faire une chro. Dommage pour Evile, et tant pis pour Earache, ça leur apprendra. Déjà qu'on bosse gratos, que les CD physiques ont littéralement disparu en deux ans, qu'il devient difficile d'obtenir une place pour un concert pour en faire la review, vous n'allez pas EN PLUS nous emmerder avec des machins bipés, oh ?
La chance d'Evile là-dedans, c'est que j'ai écouté Five Serpent's Teeth et que j'ai aimé. Beaucoup aimé, oh oui. J'ai même fait un pétage de plomb en règle chez Virgin Megastore quand je l'ai écouté (mes excuses aux clients du magasin ayant assistés à mes élucubrations headbangantes et mes "Wo putain nik sa mère", tout en faisant du air guitar au milieu du rayon de CD).

Bref, ce troisième opus déboite. Tout commence en force par un intro en fade-in (alors, pour mes z'amis chroniqueurs qui aiment les comparaisons, je note que PERSONNE n'a fait un lien avec Bolt Thrower, pourtant champion toute catégorie de morceaux commençant en fade-in, bande de nazes incultes !) qui laisse venir un riff des familles qui fait mal. En gros, tu le prends dans la face, et puis c'est tout. Très vite, on note le gros progrès en matière de son et de production. Russ Russel à fait un boulot de ouf, ni plus ni moins. C'est puissant, péchu, chaque instrument à sa place. Très vite aussi, on ne peut s'empêcher de noter également le progrès général du groupe : pour la batterie, c'est évident. Non pas que Ben Carter fut un manche, mais son jeu était un peu basique, ici, il a gardé la pèche tout en mettant quelques variations bienvenues. Ol Drake à la guitare lead à tout simplement passé un cap, de soliste convainquant, il est selon moi passé a très bon, carrément. C'est simple, tout au long de l'album, on se délecte avec plaisir de son travail au lead. Grosse (et bonne) surprise également du coté de son frère Matt, dont la voix a gagné en puissance et en qualité de chant. Signalons également l'excellent travail du petit nouveau à la basse, Joel Graham (désolé Mike, mais je trouve bien plus convainquant que toi). Si le titre éponyme ouvre ce troisième opus en grande pompe, «In Dreams Of Terror» n'est pas en reste non plus. Hyper rentre-dedans, très travaillé, il convainct fortement aussi, mais la claque n'arrive qu'après. En effet, «Cult» est le gros morceau, et un putain de gros morceau. Plus de doute à son écoute, Evile à réussi à continuer d'envoyer par grosses palettes du Thrash terriblement Old School tout en intégrant son style propre à sa musique. C'est simple, le groupe ne sonne plus comme n'importe quel (très) bon groupe de Thrahs 80's, il sonne comme du Evile, et Evile 3ieme génération, c'est du lourd. Le refrain est entêtant, le travail sur la voix prend ici tout son sens, le riff de base est ascéré comme il faut, le solo de Ol est parfait et amène un pont plus calme, histoire de reprendre son souffle avant la fin de la guerre. Avec une vraie structure, des musiciens au top, une prod de qualité, Evile montre ici tout les progrès effectués depuis son premier album éponyme, et quels progrès ! Le morceau suivant, «Eternal Empire», est exactement dans la même veine que «Cult». Refrain bien chantant, solo maitrisé, voix et backing vocaux bien réfléchis, riff tranchant, et surtout un début moshpit qui va bien et qui met de bonne humeur. Décidément, Evile nouvelle version est un très bon cru ! Avec «Xaraya» pour suivre, Five Serpent's Teeth continue là son tracklisting "boulet de canon". Si ce dernier morceau est extrêmement convainquant lui aussi, la suite ne l'est pas moins. «Origin of Oblivion» est un pur brulot Thrash, ainsi que «Centurion», bien que ce dernier paraisse un peu redondant. C'est avec «In Memoriam» que le tout se calme un peu. Avec une intro à la basse, ce morceau se veut l'hommage du groupe à Mike Alexander. Classique, tout en arpèges, il y a pour le coup une ressemblance avec Metallica assez marquée. Ce n'est pas un mauvais titre, mais il aurait peut-être été plus judicieux de le mettre en dernier, parce que «Descend Into Madness» qui le suit directement, est peut-être le morceau le plus rapide de l'album…(note : si vous avez lu d'autres chroniques, vous avez du lire que l'album se calme et que les morceaux rapides ne sont qu'au début. Je pense que ces chroniqueurs ont écouté un autre album, tout simplement, où alors ils se sont arreté après une seule écoute à «In Memoriam», c'est pas possible autrement). Titre 100% Thrash lui aussi, il y a un sacré petit passage où la basse se met en avant, suivit par un down-tempo bien lourd briseur de nuques, qui fait du bien par où il passe. Enfin, le groupe ferme son troisième album sur «Long Live New Flesh», tout en puissance, en mélangeant allègrement tempo envolé et partie plus un peu plus lente. Quand je vous disais que Five Serpent's Teeth se calmait vers la fin (rire).

Bref, avec ce troisième album-qu'il-est-bien, Evile fait taire ses détracteurs et réussi à passer le cap, toujours difficile, d'un musicien et ami, qui meurt en tournée. Très puissant, Five Serpent's Teeth propose un Thrash qui à gardé son lien inéluctable avec la scène Revival, mais qui à réussi à integrer la personnalité du groupe. Aujourd'hui, Evile possède sa propre signature musicale : riffs en béton armé, structures un peu chialées, chant puissant, soli qui déboitent. Well done dudes ! On dit souvent que le troisième album est celui de la maturité, Evile le confirme.

Poney (08.5/10)

Site Officiel : www.evile.co.uk

Myspace Officiel : http://www.myspace.com/evileuk

Facebook Official : http://www.facebook.com/evileuk

* J'ai quand même fini par dépenser 24€ pour l'acheter… et c'est d'ailleurs cette version qui m'a servi à en écrire une review, ben oui, toujours mieux pour chroniquer d'avoir une qualité de son maximale, n'est-ce pas…

Earache / 2011

Tracklist (53:36) : 
01. Five Serpent's Teeth 02. In Dreams Of Terror 03. Cult 04. Eternal Empire 05. Xaraya 06. Origin Of Oblivion 07. Centurion 08. In Memoriam 09. Descent Into Madness 10. Long Live New Flesh