Le désormais one man band Infestus nous reviens pour son troisième album, avec Andras seul aux commandes, alors que Dagon s’en est allé voir ailleurs. Et bien loin d’être affaibli par la perte d’un de ses membres, Infestus garde la flamme et nous livre avec Ex|Ist une oeuvre magistrale.

C’est aussi une œuvre personnelle, résultant d’un questionnement profond sur le sens de la vie. Un Black Metal que l’on pourrait qualifier de dépressif, dans la veine de Shining, dans le sens ou cet examen froid et détaché sur le vide, sur la futilité de la vie marque de son empreinte la musique d’Infestus qui devient angoissante, sinistre, inquiétante, mais aussi chargée d’émotion, même si celles-ci mènent à une sorte de découragement. Ce troisième album du groupe est le reflet d’une maturité et d’une maitrise exemplaire, mais surtout d’un talent indéniable pour mettre en musique un cheminement personnel intérieur. Ce faisant, pour saisir toute l’intensité et toute la finesse d’un tel album, il vous faudra vous abandonner à lui et l’écouter dans son ensemble. Ex|Ist est un album qui ne peut s’apprécier que comme un tout monolithique. Et de cette façon seulement, vous pourrez saisir l’étrange paradoxe résultant de telles œuvres, celui qui consiste à voir ressortir d’un ensemble sinistre et torturé une beauté étouffante qui entrera en résonnance avec votre moi profond et, peut être, avec vos propres questionnements et remises en questions. C’est réellement un voyage que nous propose Infestus, un voyage introspectif, une œuvre aboutie, dense et tourmentée, dont les longues compositions sont autant de combat intérieur à la recherche de réponses … Et le travail est d’autant plus exceptionnel qu’il n’est l’œuvre que d’un seul homme.

S’il existait un juste milieu entre Shining et Dark fortress il me semble qu’Infestus se poserait là. Mais au-delà des comparaisons, il convient d’appréhender cet album comme le fruit d’un long travail. C’est pourquoi, bien qu’il s’agisse de Black Metal, cet album ne partage pas certaines caractéristiques commune de ce style : Ex|Ist n’est pas un album froid et misanthrope par exemple, il n’est pas non plus une œuvre d’où la brutalité ressort plus que toute autre caractéristique, non. Il s’agit d’un Black Metal humain avant tout, et donc, marqué par l’humain, marqué par l’homme et par ses tourments intérieurs…qui induisent forcément ténèbres et agressivité, agitation et déchainements…mais pas seulement. Les passages acoustiques dépouillés donnent d’ailleurs aux compos un aspect vraiment humain et presque poétique. La dimension atmosphérique qui se cache derrière chaque compo leur donne de plus une réelle profondeur. Infestus nous touche, et à défaut de se lamenter et de crier bêtement au suicide, Ex|Ist est rattaché à la vie, comme son nom l’indique, même si ce rattachement est fragile et instable, qu’il procède d’un recul analytique constant. Au dehors…en dedans…quel est le sens de tout cela ? Est-ce que je vis, ou est-ce que je me contente de respirer ? Cette spirale inquiétante et hypnotique qu’est la vie fait-elle de moi un simple pion qui se contente de voir passer le temps, et où puis-je me placer dans cette pièce universelle qui se joue sans mon contentement ?

Infestus nous livre ici une œuvre magistrale, je le répète. Un album prenant et beau, dont l’apparente dureté repose en effet sur une évidente fragilité, qui ébranle totalement l’homme qu’elle touche.

Site officiel: http://www.infestus.com

 9/10  Sheol

Tracklist (51,52min) 1. Akoasma 2. Down spiral depersonification 3. Darkness blazing in the flame of fire 4. Torn observer 5. Mirror mind reality 6. Der blick hinaus 7. Descend direction void