Très grosse sortie du label allemand Nuclear Blast, voici en ce début décembre le nouvel et septième album des finlandais (et suédoise) de NIGHTWISH. On peut sans erreur préciser que cet album était encore une fois attendu au tournant. Il devait confirmer que le groupe avait fait le bon choix en la personne d’Anette Olzon. Le précédent opus Dark Passion Play avait déjà bien rassuré mais il avait surpris par son caractère extrêmement sombre et dépressif. Il fallait enfin s’assurer que l’épuisante tournée qui avait suivi sa sortie renforcerait le groupe et ne créérait pas de nouvelles tensions internes. Comme les finlandais choisissent rarement la facilité, ils se sont cette fois-ci fixés le défi de proposer en plus de l’album un film qui sortira l’année prochaine. Il est impressionnant de constater qu’ils bénéficient d’un soutien (et d’un budget) énorme de leur label qui doit espérer vendre Imaginaerum par palettes entières dans le monde entier (2 millions d’exemplaires vendus pour le précédent, cela laisse rêveur).

Premier titre et première surprise. Dark Passion Play avait débuté avec un morceau fleuve de 14 minutes, NIGHTWISH prend ici le contrepied et propose une courte ballade, « Taikatalvi » douce et apaisante chantée en finnois par Marco Hietala. Cette mise en bouche est très agréable, la voix chaude du bassiste faisant ici des merveilles. On rentre dans le vif du sujet ensuite avec le premier single « Storytime ». C’est du typique NIGHTWISH, une composition assez rapide et entrainante qui évoque forcément un « Bye Bye Beautiful » de Dark Passion Play. Tout le cocktail est là, gros riff de guitare, les claviers omniprésents d’Holopainen, les orchestrations, les chœurs. L’effet est très grandiloquent, larger than life. J’ai été surpris par le chant d’Anette Olzon, très direct et très expressif, elle joue énormément sur sa voix pour transmettre une large palette d’émotions. Les rivages parcourus par les finlandais sont archi-connus mais ils sont quand même bougrement efficaces. Les compositions s’enchainent sans temps morts mais on reste malheureusement en pays connu. « Last Ride Of The Day » ou « Rest Calm » sont assez agréables, « I Want my Tears Back » écrase tout sur son passage par son efficacité et son refrain particulièrement catchy. On retrouve l’influence celtique déjà entrevue sur « The Islander » ou « Last of the Wilds ». Les conversations entre Olzon et Hietala font merveille et illuminent tout le disque. Mais, à nouveau, le sentiment de déjà entendu reste quand même particulièrement vivace.

Au fil des écoutes Imaginaerum apparait comme la synthèse entre Once et Dark Passion Play. On trouve quelques surprises comme « Slow Love Slow » au feeling jazzy. C’est un peu l’OVNI du disque qui a au moins l’avantage, il me semble, de faire taire définitivement tous les détracteurs qui continuent à mettre en doute les capacités d’Olzon. On pourrait aussi citer l’approche presque pop d’un « The Crow, The Owl And The Dove »… La pièce de résistance n’a pas été non plus oubliée avec un « Song of Myself » de presque 14 minutes. Tantôt très rock, tantôt plus classique avec moult chœurs et orchestrations comme de tradition désormais chez NIGHTWISH. C’est un peu long et larmoyant avec un passage parlé vers la fin. Pour clore le tout, ajoutons deux instrumentaux très très typés musique de film « Arabesque » et « Imaginaerum ». Pour résumer le menu est particulièrement copieux, NIGHTWISH a décidé de proposer un album très dense avec un peu de tout pour satisfaire tout le monde. On aimerait parfois plus de simplicité avec moins de fioritures et de guimauve… Mais difficile de s’arrêter quand un peut bénéficier de presque tous les moyens désirés.

Alors le NIGHTWISH de 2011 est-il un bon cru ? Oui et non. Oui car le groupe donne ce que les fans veulent et qu’ils sont bourrés de talent. Non car je suis déçu de n’avoir pu découvrir que de rares surprises ici et là. De plus, les titres les plus forts sonnent un peu réchauffés et déjà entendus. Dans sa grande sagesse, notre ami Clayman a aussi su mettre le doigt sur un autre détail qui peut chiffonner. Imaginaerum manque de cohésion, les finlandais n’ont pas su choisir entre un album métal et une bande originale de film. Sans les images, il manque quelquechose, un fil conducteur permettant de s’immerger intégralement dans l’univers proposé. Un album solide mais on attendait mieux.

[7,5/10] Oshyrya

 

Site Officiel: http://www.nightwish.com/en/

MySpace Officiel: http://www.myspace.com/nightwish

 

2011, Nuclear Blast

Tracklist (74:54 mn) 01. Taikatalvi 02. Storytime 03. Ghost River 04. Slow, Love, Slow 05. I Want My Tears Back 06. Scaretale 07. Arabesque 08. Turn Loose The Mermaids 09. Rest Calm 10. The Crow, The Owl And The Dove 11. Last Ride Of The Day 12. Song Of Myself 13. Imaginaerum