La métaphore est facile : si Whitesnake est un groupe qui mut régulièrement et connaît de nombreuses incarnations, la musique proposée est bien rarement décevante (qui pourrait citer un disque du Serpent Blanc franchement mauvais ?). Le dernier album en date du groupe de David Coverdale, Good To Be Bad, écrit après une longue hibernation, était déjà d'une qualité inespérée et l'on avait pu constater que la collaboration entre Coverdale et le nouveau-venu Aldritch fonctionnait bien. Je dirai à l'écoute de ce second opus co-écrit avec le guitariste blond, que la combinaison semble mieux fonctionner que jamais. 

En effet, Forevermore est franchement supérieur à son prédécesseur qui manquait quand même de morceaux très marquants. Cette fois ce n'est pas le cas, sans doute car l'orientation plus bluesy et groovy du nouveau disque de Whitesnake sied maintenant mieux à la personnalité plus apaisée de David Coverdale. Si la production reste toujours impressionnante et le groupe très en place (légèrement modifié puisque Brian Tichy a pris les fûts à la place de Chris Frazier), le supplément d'âme fait de ce Forevermore un petit « must » en lui-même. « All Out Of Luck » rappellera avec bonheur l'époque de Saint & Sinners (le titre est si bon qu'on l'aurait préféré au single, bon mais sans plus, qu'est « Love Will Set You Free ») alors que « I Need You (Shine A Light) » évoque, lui, les meilleurs moments de la période la plus américaine du groupe.

Malgré quelques titres puissants à la lisière du heavy pur et dur (« Tell Me How » ou « Dogs In The Street »), ce sont sans doute les moments les plus lents qui correspondent aux sommets du disque : après une belle ballade classique comme « Easier Said Than Done » qui met très bien en avant la sensibilité romantique de Coverdale, on goûtera le presque folk « One Of These Days », le poignant « Fare Thee Well » et surtout le titre éponyme en deux parties, qui articule les moments acoustiques avec un final très musclé. Sur ce morceau Coverdale est exemplaire, bien qu'à vrai dire ce soit sur l'entièreté du disque qu'il nous rassure sur ses capacités vocales. 

Alors que le groupe avait dû interrompre la tournée de Good To Be Bad du fait des graves problèmes de chant de son leader, ici, à plus de soixante ans, et même s'il cherche moins les intonations très graves qu'à une époque et bien qu'il ait un peu perdu en puissance dans certains aigus, Coverdale reste un chanteur de très grande classe et toujours aussi unique. Sa présence n'étouffe pas un Doug Aldritch très présent sur le disque et qui vole la vedette à un Reb Beach à l'importance très secondaire. Nous attendons maintenant avec impatience d'entendre les prestations live du groupe, pour constater si leur qualité va se tenir à la hauteur de cet excellent nouveau cru.

Baptiste (8,5/10)

Site officiel du groupe

 

Frontiers / 2011

Tracklist (63:30) : 01. Steal Your Heart Away 02. All Out Of Luck 03. Love Will Set You Free 04. Easier Said Than Done 05. Tell Me How 06. I Need You (Shine A Light) 07. One Of These Days 08. Love And Treat Me Right 09. Dogs In The Street 10. Fare Thee Well 11. Whipping Boy Blues 12. My Evil Ways 13. Forevermore

 

Chroniques de Whitesnake sur le site :

Whitesnake – Live In The Still Of The Night  Whitesnake – Live In The Shadow Of The Blues 
Whitesnake – Good To Be Bad Whitesnake – Live At Donington 1990
Whitesnake – Forevermore Whitesnake – Made In Japan
Whitesnake – Made In Britain