Cinquante-cinq secondes, soit moins d'une minute, c'est exactement, en durée, le temps qu'Architects à pu faire illusion. Et encore, pour arriver à un tel exploit, il faut passer la première piste (« The bitter End ») en se disant que ce n'est qu'une intro (un vague musique de boite à musique). Pourtant, j'avais lu ici et là que "ça y est" le groupe anglais revenait à quelque chose de plus brut après un The Here And Now absolument nul. Seulement, ce n'est pas aussi facile que ça…

Tout commence donc par « The Bitter End », dans le style d'une boite à musique avec, pour d'obscures raisons, un riff bien couillu après 2 minutes, un cri déchirant la nuit et, hop, retour à la case boite à musique. Un premier titre totalement inutile. Ensuite, « Alpha Omega » semble vouloir relever le niveau. Du moins, pendant cinquante-cinq seconde. Les premiers riffs sont efficaces, Architects est effectivement revenu vers un Mathcore qui correspond plus aux origines du groupes. Le gueulard de service est toujours là et, au grand regret de tous les métalleux, le même en version mielleux aussi. Et donc, apprêtez-vous à recevoir de douces mélodies sucrées après cinquante-cinq secondes de truc efficace. On rigolera un peu en se disant que la partie mielleuse commence par les paroles « Desperation breathes and follows you home, Look around, you're not alone ». Plus cliché tu meurs.

Bon, et la suite ? Ben, les amis, la suite est du même acabit. Le troisième titre « These colours don't run » n'est ni un clin d'oeil à Iron Maiden, ni à Carcass («Blood Splattered Banner »), mais on retrouve une constante dans ce nouvel album de Architects : quelques riffs bien sympas, quelques bonnes idées mais au final un truc tellement mi-figue mi-raisin, qu'on ne retient que la figue (et personnellement, j'adore le raisin). Le titre éponyme « Daybreakers » est d'une nullité sans nom et ne mérite pas qu'on s'y attarde à moins d'avoir moins de 17 ans, de porter des t-shirt Anarchy, d'être anticonformiste, de se peindre les ongles en noirs et de penser que ses parents sont des connards.

Quelques passages semblent vouloir sortir du lot et laisser à penser qu'un jour peut-être, Architects sortira un vrai bon album. Mais, très vite, ils montrent tout l'inverse. J'en veux pour preuve « Even If You Win, You're Still A Rat ». Le morceau commence à bonne vitesse avant de s'arrêter net et après un couplet, pour faire un remake de Radiohead ayant écouté du Attack-Attack. Au secours, par pitié, les femmes, les poneys et les enfants d'abord. Le titre suivant « Outsider Heart » sort aussi de la même ligne de fabrication à la chaîne de titres bon marchés pour métalcoreux méchus. Une minute de poutrage somme toute correct et un refrains qui donne envie d'envoyer chier sa chaine hi-fi par la fenêtre. Je ne vous parle même pas d'un titre comme « Behind The Throne », qui n'est rien d'autre qu'une sorte de balade bien molle qui ferait super bien dans un film d'auteur moisi avec une femme qui s'ouvre les veines dans une baignoire après s'être fait larguée par son mec alors que son poney venait de décéder d'une colique et que ses parents s'étaient tués dans un accident de voiture en fauchant des enfants juifs à la sortie d'une école. Un jour, va vraiment falloir arrêter.

La fin de l'album est presque sauvée par les presque bons « Devil Island » et « Feather Of Lead » qui font presque du Mathcore presque énervé, le problème c'est qu'il font aussi du presque mou, et mi-mou mi-énervé, c'est comme la figue et le raisin, je ne retiens que le mi-mou.

Conclusion : oui, il semble que Architects s'est équipé d'une (petite) paire de couilles depuis son infâme dernier album sorti début 2011. Mais, il y a couilles et couilles. De même que la différence entre l'Homme et l'Abominable Homme des neiges est une abominable paire de couilles (merci Coluche), la différence entre un bon album de Metal et un abominable album de Metal se situe au niveau de «minable» (sans le «abo», suivez un peu). Ici, c'est à une paire de couille d'ado de 16 ans que nous avons affaire et, c'est bien gentil, mais au bout de 5 albums va falloir penser à faire autre chose que de la soupe tiédasse. Moi, comme certains, je l'aime chaude (merci Marylin). 

Poney  (04.5/10)

Myspace : http://www.myspace.com/architectsuk

2012 – Century Media

Tracklist (41:21) : 01. The Bitter End, 02. Alpha Omega, 03. These Colours Don't Run, 04. Daybreak ,05. Truth, Be Told, 06. Even If You Win, You're Still A Rat, 07. Outsider Heart, 08. Behind The Throne, 09. Devil's Island, 10. Feather Of Lead, 11. Unbeliever