Dio a participé, et à chaque fois avec un rôle clé, à trois grands disques de heavy metal : Rising de Rainbow (1977), Heaven And Hell de Black Sabbath (1980) et Holy Diver avec son propre groupe (1983). Cet état de fait a incontestablement eclipsé le second album de son groupe, The Last In Line, sorti en 1984 avec un line up inchangé et de haut vol. En effet, Dio ne se voulait pas un simple projet solo mais un vrai groupe, laissant une place à la composition pour chacun et évitant un turn over excessif. Outre Dio au chant, on compte donc ici à la guitare Vivian Cambell, à la batterie Vinnice Appice – un très vieux complice de Dio que l'on retrouvera souvent avec lui puis avec Heaven & Hell –,  à la basse Jimmy Bain ; le seul nouveau venu est le clavier Claude Schnell qui était déjà présent sur la tournée Holy Diver.

Dio n'a jamais prétendu être un dictateur tout-puissant à la Malmsteen et les line up de son groupe ont souvent eu un impact décisif sur la qualité de sa musique. Sur ses trois premiers disques, la qualité du line up sus-nommé a fait beaucoup pour établir la musique de Dio. Le départ de Vivian Cambell entraînera ainsi un certain déclin du groupe, malgré les qualités réelles de Dream Evil que j'ai toujours personnellement beaucoup aimé. 

Revenons à ce qui se devait être l'album de la confirmation après le coup de tonnerre que fut le colossal Holy DiverThe Last In Line, sorti un an plus tard, dans la foulée en quelque sorte, n'a bien qu'un défaut : celui de succéder à Holy Diver. Il est difficile pour un groupe de placer la barre très haut dès son premier album, comme purent le constater Asia, Van Halen ou Pearl Jam. Effectivement The Last In Line est légèrement inférieur à Holy Diver, ce qui est déjà un compliment. Le tout-venant des amateurs de métal connait évidemment quelques titres fréquemment interprétés en live comme les célèbres « We Rock », souvent joué en rappel, et « The Last In Line ».

La parution de cette version deluxe et remasterisée permettra de profiter d'un son assurément amélioré mais aussi de constater qu'il n'y avait aucun titre faible sur ce deuxième opus, un peu à la manière d'Holy Diver. Outre les trois titres évoqués plus haut, on goûtera des brulôts rapides comme « I Speed At Night », « Breathless », des chansons plus mélodiques qui anticipent quelque peu sur la période plus soft du groupe (« Mystery ») et des titres épiques de haute facture (« Egypt (Chains Are On) »). Au final il n'y a rien à rejeter sur The Last In Line, même si une écoute très attentive fera remarquer que les chansons sont globalement un tout petit peu plus faibles que sur Holy Diver. C'est déjà très bien. 

La version deux CDs se justifie pleinement. Le second CD propose tout d'abord quatre titres live issus de faces B qui ne seront jamais rééditées évidemment. De très bonne qualité, ils valent franchement le détour. L'ultime « cadeau » est un live enregistré à l'époque, lors du Pinkpop festival, à Geleen. Malgré un son un peu sale notamment au niveau des guitares trop brouillonnes et d'un basse trop forte, l'écoute vaut qu'on s'y attarde tant Dio (le groupe et l'homme) se transcendaient en live. 

Baptiste (9/10)

 

Universal / 2012 [1984]

Tracklist : 

CD 1 : 01. We Rock 02. Last in Line 03. Breathless  04. I Speed at Night  05. One Night in the City  06. Evil Eyes 07. Mystery 08. Eat Your Heart Out  09. Egypt (The Chains Are On) 

CD 2 : 1. Stand Up And Shout (Live B-Side)  02. Straight Through The Heart (Live B-Side)  03. Eat Your Heart Out (Live) 04. Don’t Talk To Strangers (Live)  05. Holy Diver (Live B-Side)  06. Rainbow In The Dark (Live B-Side)  07. One Night In The City (Live Pinkpop Festival)  08. We Rock (Live Pinkpop Festival)  09. Holy Diver (Live Pinkpop Festival)  10. Stargazer (Live Pinkpop Festival)  11. Heaven And Hell (Live Pinkpop Festival)  12. Rainbow In The Dark (Live Pinkpop Festival) 13. Don't Talk To Strangers (Live Pinkpop Festival)