À l'entame de ce Come Back Romance All Is Forgiven, je me suis tout de suite projeté sur la Road 66, sur une Harley, dans le désert. Rien de tout ça, Dirt River Radio est Australien. Bon, ce n'est pas grave, on peut aussi faire des biking road trip chez les Aussies, surtout que s’ils n'ont pas de Harley (comprenons-nous, ils en ont, mais c'est Américains ces bestiaux là) les Australiens fabriquent de magnifiques Irving Vincent.

Donc, je suis sur une Irving Vincent, quelque part dans le Bush. Je becte du sable et de la poussière rouge comme si j'avais que ça à bouffer et le décor aride me rapelle sensiblement le Texas ou l'Oklahoma. Dans mon casque Blutooth (comme le disait Leonard de Bing Bang Theory, tout est mieux avec Blutooth), les écouteurs me font parvenir la musique stockée dans mon Iphone Blackberry téléphone Android, lui même stocké dans mon sac à dos. Mes oreilles se délectent alors du second album des Australiens de Dirt River Radio, le premier à sortir en Europe si je ne m'abuse, la maison de disque étant avare en information, et la Poste FraOnçaise ayant décidé de ne pas me livrer mon cd, je fais avec les suppositions que je peux. Le premier titre «Ballad Of A Broken Man»bien dans son style me permet de cruiser sur ma bécane au soleil bien tranquillement. J'enchaîne les virages, je les enroule, tout ça a vitesse bien pépère tout en me régalant du solo de guitare (aaah, ce son Marshall !), de la voix rauque, des accords Country. Son successeur, dans une veine plus bluesy, est à l'image de son titre et sujet : «American Beer» est posé, sans brutalité, sans vague, sans peps. Si «Belgian Beer» aurait mérité, sans conteste, un son surpuissant, des solos de fou, de l'énergie à revendre, il aurait aussi nécessité une route sinueuse, une supersportive de 180cv, une combi cuir complète, des sliders, un genou posé à terre dans chaque virage et, n'en doutons pas, un arbre dans la gueule en bas de la route. Heureusement pour « American Beer», le désert est plat et chiant, on voit à des kilomètres et je me contente de me laisser aller sur ma moto à 60 km/h. Ne prenons pas de risque.

Le soleil se couche dans le Bush australien. Toujours peinard, je roule vers cette grosse boule rouge qui illumine la plaine. Un Lucky Luke en moto. Bien dans le ton «South Street» continue à me bercer tranquillement. Je m'arrête pour la nuit. Autour du feu, j'entame à l'harmonica «Chase The Sun». Un renard passe peu loin de moi. Je cours après, je m'excite un peu. Houlà, tout ça devient palpitant. La nuit, je rêve. Un rêve un peu triste. Je pense à mes amis, «All My Friend» résonne dans ma tête. Un bête piano et une voix. 

Quand je me réveille, je remonte sur ma bécane, mais je sens bien que quelque chose cloche. Déjà que le paysage ne déroulait pas à la vitesse de la lumière hier, c'est pire aujourd'hui. Je regarde attentivement mon réservoir, entre mes jambes. Ce n'est pas ma moto. Horreur, malheur, ce n'est qu'une mopette, une vulgaire mobylette de 50 cm3;. Moi, encore roi de la route hier, je me retrouve comme un ado devant son lycée, tout heureux d'avoir une gamine de 14 ans, le sourire barré d'un portail en acier, qui me regarde d'un air envieux. Ce désert est interminable. Pourtant j'aime le désert, j'y suis habitué, j'aime son ambiance, son odeur. J'aime le son des guitares acoustiques grattées au coin du feu, j'ai sa folie, j'aime le rock des bars enfumés et rempli de loubards comme on peut trouver sur le bord des routes. Mais rien ne va plus, voilà que subitement, dans ce désert ci, les mecs du bar,«The Boys In The Pubic Bar», sont plutôt du genre à reprendre de tristes et mornes chansons qui me semblent tout droit sorties d'un pub Irlandais en deuil. Je me sauve, plus loin, je croise le Diable sur la route, «Devil On The Road», mais même lui semble déprimé. Y a plus de respect, même pour le Diable en personne. Je vois toujours cette gamine qui me regarde, amoureuse. Ma mopette n'avance plus et cette foutue gratte acoustique me colle à la peau. Ce n'est pas la suite du voyage qui améliorera les choses. Si je m'arrête à une rivière afin de boire un coup («The River», vous commencez à comprendre le jeu…), c'est pour mieux y pleurer sur mon triste sort, ainsi, je suis seul, cette constatation me redonne un peu la patate, mais je finira par me rendre compte que ça m'attriste et j'en écris une chanson pour toi, oui toi, chere petite adolescente, car visiblement, tu dois kiffer grave sa race.

Acculé par les clichés, le desert est fatal à qui s'y prend mal.

[4/10] Poney

Myspace : http://www.myspace.com/dirtriverradio

Bad Reputation 2012

01. Ballad Of A Broken Man 02. American Beer 03. South Street 04. Chase The Sun 05. All My Friend 06. The Boys In The Public Bar 07. Devil On The Road 08. The River 09. I'll Be The One 10. A Song For You