Nous voici donc aujourd’hui en présence d’Ola, chanteur et guitariste de Grave. Ola, Endless Procession Of Souls va bientôt tomber dans les bacs. Que peux-tu nous en dire ?

– Je pourrais te faire le discours promo standard, « c’est l’album le plus heavy qu’on ait jamais enregistré », et te laisser des étoiles plein les mirettes en te racontant à quel point on voulait faire le lien avec l’essence même de notre genre, l’époque You’ll Never See, tu vois, mais bon, on va pas tortiller du fion pour pondre un hareng fumé, c’est du Grave pur jus, coco, aucune évolution, aucune prise de risque, le business comme d’hab’, quoi, tranquillou gros.

C’est bien beau, tout ça, Ola, mais ne crains-tu pas une certaine lassitude du fan de base, d’autant plus que de nouveaux groupes suédois pondent aussi des albums de Death suédois old school franchement efficaces ?

– Attends, coco, tu te fous de moi ou quoi ? Sont marrants, ces petits nouveaux, ils pondent une galette passable et ils se croient déjà dans le pays à leur mère. Merde, quoi, j’ai chié You’ll Never See quand ils étaient encore une vague idée dans les couilles de leur père. Et puis, entre nous, tu aimes le Thrash ?

Euh oui, clairement, mais je vois pas le rapport.

– Attends, tu vas comprendre. Le dernier Suicidal Angels, il est comment ?

Pas mal, il avoine bien, bon feeling…

– … Mais ça vaut pas Kreator ou Slayer, non ?

Mmouais, t’as marqué un point, Ola.

– Voilà, t’as tout pigé. Grave, c’est un des quatre piliers du Death old school suédois, inébranlable depuis des lustres. Les années passent, les modes changent, et on est toujours là. Tu pensais quoi ? Que j’allais me faire une mèche et me mettre au Deathcore ? Beh non, Grave fait du Death. Ça vole pas haut, c’est pas original, mais on est toujours là, ce qui prouve qu’on a encore de beaux restes, non ? Et puis, entre nous, quand t’as écouté l’album, t’as réussi à ne pas secouer la tignasse comme un con, tout seul avec ton iPod dans le train ?

Non.

– Beh voilà, mission accomplie. T’as beau te dire qu’on fait toujours la même chose, il y aura toujours cette petite voix au fond de toi, qui te murmure à l’oreille « envoie la mousse, grosse ! », t’exhorte à headbanguer à t’en péter la nuque et court-circuite ton sens critique. Et tu sais que tu aimes ça. Et puis, tu voulais du changement ? Regarde la tracklist : tous ces noms de morceaux, beh c’est du neuf, des titres qu’on n’avait jamais utilisés ! Et la pochette, hein ? Beh ouais, coco, là aussi, c’est du neuf. Plus rien à demander ? Allez, dégage et retourne te secouer la tête sur Endless Procession Of Souls !

(Note du chroniqueur : bien entendu, cette interview est purement fictive. J’ai pris la liberté de faire dire à Ola ce que je pense de cet album. Au final, Grave n’a plus rien à prouver, le propos a beau ne pas varier fondamentalement, l’efficacité est au rendez-vous… mais avouez qu’une chronique standard aurait eu le mérite d’être aussi chiante que le dernier album de Suicide Silence).

Mister Patate [8/10 sur l’efficacité, 2/10 sur l’originalité]

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Century Media Records – 2012
Tracklist 1. Dystopia 2. Amongst Marble and the Dead 3. Disembodied Steps 4. Flesh Epistle 5. Passion of the Weak 6. Winds of Chains 7. Encountering the Divine 8. Perimortem  9. Plague of Nations 10. Epos