J’en ai longtemps voulu à Ihsahn. Oh, rien de personnel, bien entendu, mon mécontentement à son égard n’était pas dû à une dispute futile, loin de là. Ce ressentiment puise ses racines dans la fin d’Emperor, un groupe au sommet de sa gloire et qui, tout au long de sa carrière, aligna les albums magistraux. Curse You, Ihsahn, tu as tué Emperor, et les rares apparitions en live du groupe depuis lors sont toujours restées inaccessibles pour moi. Ne pas avoir vu Emperor en live est, pour moi, encore plus douloureux que de n’avoir pas eu la chance d’assister à un concert de Pantera. En effet, depuis la disparition de Dimebag, il est impossible de ressusciter Pantera. Emperor, par contre… Mais je m’égare, car aujourd’hui, il est question d’Ihsahn – le groupe – qui nous propose son  quatrième album en 6 ans.

Pendant longtemps, je suis resté persuadé que le Black Metal était le meilleur terrain d’expression d’Ihsahn, tant chacun de ses albums m’avait subjugué. Cependant, force est de constater qu’Eremita vient remettre de l’ordre dans mes pensées. Sans pour autant renier tout à fait ses racines (« Something Out There » et son entrée en matière très Black Sympho), Ihsahn a su, au fil des années et des sorties, développer ses idées et les transposer en musique sans se soucier des étiquettes, des genres, des modes. Certains qualifient la musique d’Ihsahn de Metal Progressif Extrême, et c’est peut-être le meilleur qualificatif : complexe, alambiquée, passionnante, l’œuvre d’Ihsahn dévoile ses nombreuses facettes au fil des morceaux. Tantôt lourde et oppressante, tantôt subitement violente, tantôt posée et rêveuse, l’ambiance dégagée par Eremita fluctue, évolue pour mieux captiver son auditeur. De la lassitude, de l’ennui ? Certainement pas, à aucun moment ! Du début à la fin, Ihsahn vous emmène dans son univers, et lorsque le voyage se termine avec les dernières notes de « Departure », on se sent un peu perdu, comme si l’on revenait subitement les pieds sur terre, encore tout désorienté par un rêve qui se serait fini par un réveil en sursaut.

Eremita me réconcilie, en quelque sorte, avec Ihsahn. Même s’il ne s’agit plus d’Emperor, même s’il évolue désormais dans un autre univers, ce génie musical nous livre ici un album en tous points réussi. Indispensable.

[9/10] Mister Patate

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Candlelight Records – 2012
Tracklist 1. Arrival 2. The Paranoid 3. Introspection 4. The Eagle and the Snake 5. Catharsis 6. Something Out There 7. Grief 8. The Grave 9. Departure