Son : Bien pour Nile et Morbid Angel, légèrement moyen pour Kreator.

Lumières : Nickel pour Nile & Morbid, exécrables pour la tête d'affiche.

Affluence : Correcte mais peu mieux faire.

Ambiance : Chaude.

Moment fort : « Sacrophagus » pour Nile, « God of Emptiness » pour Morbid, « Phobia » pour Kreator.

Est-ce que trois poids-lourds du metal peuvent encore drainer un public conséquent ? C'est la question que l'on peut se poser en entrant dans un Bataclan réduit à sa plus petite configuration (côté et balcon fermés). Kreator, Morbid Angel et Nile n'étant pas des inconnus, on ne peut qu'être surpris par cet état de fait. L'automne glacial et la crise ne faisant pas tout… J'arrive donc à la fin de Fueled by fire pour constater que les Californiens œuvrent dans un thrash metal fortement influencé par la « bay area ». Rien à redire, le public a plutôt l'air d'apprécier.

On enchaîne rapidement avec Nile qui, avec un temps de jeu correct, nous assène son death égypto-mésopotamien avec une fougue surprenante. Le groupe est au top. Karl Sanders, tout sourire, alterne solos complexes et vocaux d'outre tombe ; tandis que Dallas Toder-Wade mène la barque (et le public) vers ce que l’Égypte ancienne a de plus noir à nous offrir. N'oublions pas George Kollias qui nous démontre encore quel grand batteur il est. Original, violent et parfois progressif, Nile réussit à envoûter l'assistance avec ses morceaux épiques(« Sacrophagus »). Le tout se termine avec un « Black seed of vengeance » qui laisse plus d'un quidam sans voix. Nile est grand. Point barre.

C'est maintenant à Morbid Angel de prendre place et de nous atomiser les oreilles avec son death metal racé. Malin, le groupe avait annoncé ne jouer que des morceaux issus de ses deux premiers opus. Mensonge éhonté ! Le quartet floridien puise dans l'ensemble de son répertoire (période David Vincent) et se risque même à jouer quelques titres de son très décrié dernier album. La set-list reste tout de même bien équilibrée et les classiques se succèdent fébrilement. Techniquement, rien à redire, la formation est en forme et ne met pas une note à côté. Pendant que Evil D enchaîne les poses et s'impose, de fait, comme le Nikki Sixx du death. Intense malgré quelques baisses de régime, comme ce solo imbuvable de Trey, ce concert nous a prouvé qu'il faut encore compter sur l'ange morbide. N'en déplaise aux pisses vinaigre.

Au tour de Kreator prendre la direction des opérations. Le groupe de Mille Petrozza est une vraie machine de guerre. C'est indéniable. Tous ceux qui ont vu cette institution teutonne vous le confirmerons : Kreator est généreux et donne de sa personne. Énergique comme au premier jour, la bande de Petrozza est admirable et n'est pas prête de chuter du trône où elle s'est installée. Son public lui mangeant littéralement dans la main, Mille n'a pas trop de soucis à se faire. Pourtant, quelques bémols apparaissent. La set-list est ultra prévisible et les gimmicks de la bande sont toujours les mêmes depuis dix ans. Bien pour les nouveaux fans, cela aurait désormais tendance à légèrement ennuyer les anciens. Aussi, pourquoi ne pas jouer de titres de Renewal ? Pourquoi noyer la scène de lumières aveuglantes qui ne permettent de distinguer que les ombres des musiciens ? Pourquoi ne pas renouveler la structure de ces concerts qui commencent à devenir lassants ? Beaucoup de questions pour réclamer simplement un chouïa de renouvellement.

Nico.