Comment générer l’hostilité de 80 % de la communauté métal en deux mots ? LINKIN PARK. Sans que je ne comprenne encore complètement pourquoi, ce groupe semble cristalliser le ressentiment de biens des métalleux. Il suffit de lire les commentaires assassins sur Blabbermouth par exemple pour se rendre compte du phénomène. Déjà, l’album précédent avait créé la polémique et divisé profondément. Notre rédaction n’y a d’ailleurs pas échappé, c’est un euphémisme de dire que certains n’ont pas apprécié (cf la chronique ici). Patate développait de nombreux arguments recevables et pourtant j’ai été séduit par A Thousand Suns qui m’a scotché avec ces compositions comme « Waiting For the End » ou « The Catalyst ».

Tout le monde le sait désormais, LINKIN PARK ne fait plus vraiment du métal mais plutôt un rock alternatif très très fortement orienté électro. Les puristes vont hurler, le groupe est effectivement désormais assez loin des riffs tranchants, des rythmiques plombées et du chant agressif d’un Hybrid Theory. Mais franchement, quand je vous l’état de la scène Nu-métal, je me dis que les américains ont eu cent fois raison d’évoluer vers autre chose. LIMP BIZKIT s’auto-parodie lui-même, KORN n’en fini pas de dépérir et les autres ont disparu des écrans radars. Pour être honnête, seul DEFTONES semble avoir encore un avenir. Et LINKIN PARK a su conserver les qualités qui ont fait sa force auparavant : des mélodies ultra accrocheuses, des refrains efficaces au possible et une énergie enthousiasmante. Joe Hahn (platines, effets) a pris l’ascendant sur Brad Delson (guitares) mais le mélange reste tout aussi savoureux.

Living Things est un album très solide, beaucoup trop court et pas exempt de défauts, mais j’ai pris mon pied en l’écoutant. Le premier single « Burn It Down » fait mouche et il reste gravé dans ma tête. C’est la même chose pour « Lost in the Echo » ou encore « I’ll Be Gone ». Nous sommes parfois plus proche d’un PRODIGY ou insulte suprême, d’un SKRILLEX. Franchement quelle claque ! A l’écoute d’un « Victimized » on se dit que LINKIN PARK n’a rien perdu de sa rage mais il l’exprime différemment, avec talent. La paire Bennington et Shinoda fait encore des merveilles et illumine avec classe tout l’album.

Il me semble assez triste de brûler aujourd’hui les idoles d’hier. La vague néo est passée et semble désormais vouée aux gémonies. Tout le monde ne jure plus que par cette vague deathcore sans grand intérêt. Plutôt que de disparaître, LINKIN PARK a choisi d’évoluer quitte à laisser une grande partie de son public au bord de la route. Certains diront suicidaire, d’autre courageux mais personnellement j’adhère 100 % à cette démarche.

Oshyrya [8,5/10]

 

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Warner Bros / 2012

Tracklist (37:04 mn): 01. Lost In The Echo 02. In My Remains 03. Burn It Down 04. Lies Greed Misery 05. I'll Be Gone 06. Castle Of Glass 07. Victimized 08. Roads Untraveled 09. Skin To Bone 10. Until It Breaks 11. Tinfoil 12. Powerless