Pop sucrée et autres saloperies est le nom d'un des dossiers musicaux qui prend pas mal de place sur mon ordinateur. Pêle-mêle, on y trouve Breakbot, Gossip, Didier Super, Ozark Henri, MGMT ou encore Colplay. Vous voyez le genre. Ce n'est pas que je n'aime pas tous ces groupes sinon, ils n'encombreraient pas sur mes disques durs, je me dois même d'avouer que j'ai toujours plaisir à écouter Parachutes (alors que la suite de la carrière de Coldplay me donne des boutons), que j'adore Ozark Henry ou le premier album d'MGMT (le buzz, la hype, toussa) et que je m'éclate comme un fou sur le titre « Baby I'm Yours » de Breakbot. Ouais, je suis citadin hype. Un metalleux qui cache son jeu pour éviter que les gamins lui jettent des cailloux en rue. J'avance furtivement. Un peu pour draguer (en fait carrément même) mais moins maintenant que je suis casé (en dehors d'une gothopouffe, va un peu lever une meuf correcte en mode cheveux gras, longs et en tenue du parfait festivalier metalleux. J'ai plus 16 ans, merde !). BREF, pop sucrée et autres saloperies c'est un peu ce dossier qui compile ce que nous avons tous dans nos médiathèques musicales : les trucs qu'on a (parfois) un peu honte d'écouter. 

Tout ce petit paragraphe je raconte ma vie pour vous expliquer ce que je vous avez déjà peut-être compris (Oh intelligents lecteurs) : c'est dorénavant le dossier pour My Own Private Alaska, pop sucrée et autres saloperies étant bien sur la meilleure définition pour The Red Session.

My Own Private Alaska, MOPA pour les intimes, c'est ce groupe qui a un peu fait le buzz il y a quelques années, au début de l'ère du post-hardcore-machin-chose. Je n'ai jamais, personnellement, trop compris pourquoi. A mon sens, c'était un groupe comme il en fleurissait des tas à cette époque, et comme il continue à nous arriver par brouettes entières (j'exagère, mais pas tant que ça). D'abord un EP pas trop mal et ensuite un premier album Amen qui ne méritait sans doute pas l'attention qu'on lui a donné. Oui, je sais que cet album a été pas mal encensé, mais on se demanderait bien pourquoi. Pas une foutue guitare, des samples électros absolument moisis d'un bout à l'autre, un piano basique, une batterie qui se cherche et un chant screamo tout ce qui a de plus banal. Alors, oui, je veux bien reconnaitre que le côté "on fait du hardcore-chose sans distorsion et sans guitare" est peut-être original, mais c'est tout. Ce n'est ni bien, ni génial.

Alors, sans doute que faisant face à une véritable levée de boucliers de part bon nombres de metalleux (on peut être très réactionnaire et très conservateurs, quand on veut), les mecs de MOPA ont pris la balle au bond pour réenregistrer certains titres en full acoustique. C'est en tout cas ma théorie. Exit le chant screamo d'ado emasculé, place à une forme de Pop. Voilà, la vraie place de MOPA.

Avant qu'on ne n'essaye de me confondre dans une critique, bien vaine, qui essayerait de laisser penser que je critique MOPA parce que c'est pas du "vrai" Metal et parce que je n'aimerais pas la Pop, je vous arrête tout de suite : j'adore la Pop, j'adore la musique acoustique. J'ai été élevé au Jazz, au Blues et à la musique dite "classique", et j'ai une haute estime pour les autres genres musicaux que le Metal et, a contrario, je n'en ai pas des masses pour les metalleux intégristes. 

Ce préambule placé, voyons ce qu'a réellement MOPA dans le ventre. Voyons ce qu'a à offrir The Red Sessions.

Tout d'abord, je pense que le projet prend ici sa vraie dimension. Le premier titre «Red» est plutôt une réussite. La voix de Milka est bien plus interessante dans ce contexte plus posé, la musique également. Si MOPA avait pris cette direction dès le début, ils auraient sans doute évité bien des critiques. Bien sur, on peut leur reconnaitre, de manière positive, le fait d'avoir essayé quelque chose de nouveau, mais honnêtement, c'est un échec, je le maintiens. Ici, c'est mieux. Les guitares en moins, il y a un côté Ghinzu très plaisant dans ce nouveau MOPA.

Le second titre «After You» s'en tire pas mal non plus, mais ensuite, ça se gâte sur la reprise de «Where Did You Sleep Last Night». Ce titre, grand classique du Blues, venu tout droit des mines de charbon aux USA du 19ime siècle, est plutôt connu pour sa reprise par Nirvana, une reprise absolument magnifique d'ailleurs. Au rang des reprises réussies, on pourrait citer Madjo, pour la France, et surtout l'inévitable Lead Belly, grand bluesman, inspiration de bien d'autres grands noms comme John Lee Hoocker ou BB King. Mais là, pour le coup, MOPA se vautre littérallement. Il y a un coté détestable dans cette version, à force de se la jouer torturé, mystérieux, ou que sais-je, la seule envie qui reste, c'est de passer au morceau suivant. En plus, Milka chante my girl, my girl, et bordel de merde, les paroles sont black girl, black girl

Ensuite, le titre «Die For Me» (le grand tube du groupe) relève un peu le niveau et se classe dans le même peloton que «Red», le premier titre. En fait, il prend sa véritable forme musicale, comme tout le reste de la musique, je l'ai déjà signalé, mais «Die For Me» est le plus marquant. S'en suit après «Anchorage», acoustique au piano seul, bien, sans plus (n'est pas Chopin qui veut), puis «I A An Islande», cas un peu à part. Là, on est en plein dans le coté intello-hype. Je n'ai absolument aucun doute que les Parisiennes Lookée ("ouais, genre, j't'ai trop en mode, heu tu vois quoi, en mode nan mais c'est bon quoi, tu m'as trop saoulé quoi") vont A-DO-RER. Vous voyez, ce genre musical avec quelques rythmiques un peu zarbi, genre je fais du jazz, la voix qui s'arrête brusquement dans une grande respiration, genre je fais de la musique torturée (houlà, ça fait un peu beaucoup trop de fois que j'utilise ce terme) le tout avec des accords dissonnants, genre je fais du jazz (again) que tu peux pas test'. Ouais, c'est hyper hype. Je le vois d'ici, j'ai déjà vécu cette situation. Non de non, une partie de moi est jalouse, les meufs vont adorer. Un mec un peu beau, dans un t-shirt American Apparel, à la voix torturée, grave, halletante, qui grince légerement et avec du piano. Putain, le carton assuré, je vous l'assure, le carton assuré. Ma maman, cette sage femme, avait raison : j'aurais jamais du arrêter le piano. Je ressors ma Methode Rose (ce nom aussi, ça fait méthode de cul !), mon Clavier bien tempéré et mes Fuges et Préludes demain matin, je reprends, j'arrive les filles, vous barrez pas !

Tout ça pour dire qu'ensuite, que ça soit «Amen» ou «Just Like You And I», ça reste dans le ton. De la pop sucrée et autres saloperies. Pas foncièrement mauvais, il n'est pas impossible que l'album passe en fond sonore quand des amis viendront diner (je vous l'ai dit, je suis un citadin trop hype). Mais ça vaut pas plus, surtout qu'il n'y a pas un pet de nouveauté.

 

[5/10] Poney, ou la hype à la chevalerie *La chevalerie, c'est pas là où on range les chevaux ?*

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Kertone Production 2011

1. Red 2. After You 3.Where Did You Sleep Last Night 4. Die For Me 5. Anchorage 6. I Am An Island 7. Amen 8. Just Like You And I