Neal Schon reste avant le guitariste d'un groupe, Journey, dont il est un des membres fondateurs et le seul rescapé du line up originel avec Ross Valory. Même s'il a connu un succès commercial important avec Bad English et un succès artistique avec Hardline, c'est avant tout à Journey que son nom est associé. Pourtant, Neal Schon a toujours maintenu une carrière parallèle à Journey, jouant notamment avec Sammy Hagar (HSAS) ou avec Jan Hammer, voire avec Jeff Scott Soto (Soul Sirkus). Et surtout en enregistrant régulièrement des disques solo plus ou moins confidentiels. Tout ceci n'a jamais obtenu un écho comparable à Journey, mais l'homme n'en a cure, cherchant plutôt à assouvir son besoin d'expérimentations diverses. 

Si le format très établi de la musique de Journey permet assurément à Neal Schon de déployer une bonne partie de son talent, une autre n'a pas sa place dans un groupe aux fans assez conservateurs. Les escapades solo de Neal Schon sur Late Night (1989) ou sur The Voice (2001) n'ont pas été marquantes mais ont au moins permis à Neal Schon de sortir des sentiers battus et rebattus.

The Calling est à ranger dans la même catégorie. Neal Schon n'est jamais aussi bon que lorsqu'il compose pour Journey et là il ne brille pas comme il sut le faire sur Escape ou Frontiers. Dans un style de rock instrumental aux sonorités souvent jazz rock ou bluesy, son album n'est pas dénué cependant d'un travail réel de composition (le bon riff de « Back Smash », du titre éponyme etc.). On penserait de la sorte parfois à Satriani, n'étaient les grosses touches de jazz fusion apportées par le jeu de batterie d'un Steve Smith dont je regrette encore et toujours le départ de Journey après le décevant Trial By Fire. Cerise sur le gâteau : l'apparition de Jan Hammer ici qui place quelque solos aux sonorités, certes datées, mais très plaisantes si on apprécie un tant soit peu ce qu'on fait Al Di Meola ou Larry Carlton au tournant des années 70 et 80. Un titre virtuose comme « Fifty Six » est un bon exemple de cette maîtrise musicale en rien surannée. Au final, ce sont plus les interventions en solo largement improvisées que les parties strictement composées qui marquent l'esprit.

Le principal héros de la pièce est évidemment Neal Schon dont le phrasé toujours aussi somptueux fait toujours mouche (quelle science du tiré !). Le notes extraites de sa guitare sur « True Emotion » sont superbes, le toucher de Schon faisant merveille. Neal Schon est un des rares guitaristes à savoir allier la spontanéité et la maîtrise dans l'univers du rock, pouvant alterner des plans extrêmement propres et nettement articulés à des embardés improvisées totalement échevelés. Si ce disque pouvait permettre à ce qu'il soit reconnu comme un peu plus que le guitariste de Journey, cela ne serait que justice.

Baptiste (6,5/10)

 

Frontiers / 2012

Trackstist (53:50) : 1. The Calling 2. Carnival Jazz 3. Six String Waltz 4. Irish Field 5. Back Smash 6. Fifty Six 7. True Emotion 8. Tumbleweeds 9. Primal Surge 10. Blue Rainbow Sky 11. Transonic Funk 12. Song of the Wind