J'ai souvent pensé qu'Overkill était l'un des plus grands groupes de Thrash que la Terre ait jamais porté. Et pourtant, il a toujours fait partie, avec entre autres Testament,  des seconds couteaux. Pourquoi ? Je ne sais pas. Plus de 30 ans de scène (depuis 1980), 16 albums studio au compteur dont des merveilles (Taking Over, Under The Influence, Horrorscope, I Hear Black ou récemment Ironbound), une décennie 1990 que l'on sait très difficile pour le Thrash, et le Metal en général, plutôt bien gérée. Overkill c'est aussi un son identifiable entre milles autres. Les mecs n'ont jamais arrêté, ils y ont toujours cru. En 2010, alors que la vague Revival Thrash semble s'essoufler et alors que le grain à été séparé de l'ivraie (seul les Anglais d'Evile semble avoir vraiment sorti leur épingle du jeu), les américains d'Overkill sortent une bombe: Ironbound. L'adage bien connu des vielles casseroles et des meilleures soupes ne se vérifie pas toujours en musique, mais quand c'est le cas, c'est toujours une excellente soupe. Et j'attendais la suite avec impatience, je dois l'avouer. Et j'ai pas été déçu.

En 2012, tout commence par une érection qui monte, qui monte, qui monte et des frissons dans le dos. Je disais dernièrement avec l'album de Wretched que j'étais saoulé des intro-à-la-con-en-mode-symphonique. Elles n'ont souvent ni queue ni tête, n'apportent rien à l'album de manière générale. Bref, elles sont dispensables. Overkill semble m'avoir entendu. Sur ce The Electric Age, l'intro prend tout son sens. Un rythme martial à la batterie, soutenu par une guitare, tandis qu'une seconde fait quelques accords et laisse filer quelques notes en arrière plan. Et comme l'érection, ça monte, ça monte pendant une bonne minute, on sent que ça va exploser, mais on ne sait pas quand. Et puis tout s'arrête. Combien de temps ? Une seconde… puis deux…presque trois, et boum, le groupe explose : « Come And Get It » est hyper pêchu, survitaminé, peut-être l'un des trucs les plus rapide qu'ait pu écrire Overkill. On prend une véritable baffe. Plus de 30 ans de carrière et sortir un truc pareil ? Eat that, kids ! Bobby « Blitz » est survolté au chant, il est hargneux au possible (52 balais le mec !), la basse de D.D., comme d'habitude, claque dans tous les sens, les guitares de Dave et Derek sont parfaites, vives et les soli de Dave Linsk sont comme je les aime : à l'ancienne. Pas de shred insupportable à n'en plus finir. Du bon vieux solo à vitesse grand V, certes, mais dans une bonne gamme, un truc qui ressemble à quelque chose de musical.

Le second titre, « Electric Rattlesnake » est tout aussi énervé, peut-être même encore plus, avant de se calmer totalement au milieu pour repartir de plus belle. J'ai l'impression qu'Overkill à fait un progrès dans ses compos. Elles sont plus recherchées, plus fouillées, plus travaillées. On trouve pas mal de changements de tempo, pas mal d'idées ont fusé, ça se sent. Overkill est en grande forme, pour notre plus grand plaisir.

Après une telle déluge de baffes, de crochets du droit, du gauche, d'uppercut, tout ça sans rien voir venir, « Wish You Were Dead » et « Black Daze » se présentent presque comme deux titres en mid-tempo, bien qu'ils reverraient à eux seuls Metallica à ses études de métronome au dela de 120 bpm (et c'est moi qui dit ça…), tout en tacklant en trottinant un Iron Maiden qui trainerait pas là. « Bougez-vous les mecs, on trottine, mais on vous fout la pâtée ! ». Hop, hop, hop, circulez, y a rien a voir. A moins de pouvoir suivre… Et en parlant de pouvoir suivre, c'est pas avec « Save Yourself » que ça va s'arranger. Pour que certains groupes se sauvent, il va falloir sortir les rames, et pas qu'un peu. Un boulet de canon : on est la moitié de l'album et les « vieux » d'Overkill ne semblent pas vouloir se calmer, pire, voilà qu'ils raugmentent la cadence. Je ne sais pas pour vous, mais c'est plutôt une bonne nouvelle. Titre suivant : « Drop The Hammer Down ». Encore plus vite, plus puissant. Mais OUAIS, pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Je commence à me dire qu'il y a un qui a du chier dans son slip, c'est Ron à la batterie. Ou alors il a carburé au speed (vous savez, cet erztatz de cocaine, en plus chimique, et qui vous tient éveillé et surexcité pendant 48 heures). En tout cas, il n'a rien à envier à certains petits jeunes qui jouent les gros bras.

La suite ne s'annonce pas plus calme, la fin de la tempête, c'est pas pour tout de suite et sans doute pas avec «21st Century Man», «Old Wounds New Scars» et «All Aver But The Shouting» qui sont trois massacres organisés, avec un coté punk à la clé pour ce dernier. Un moment de respiration ? Oh oui, et sur le dernier titre de cet immense album qui s'ouvre par une petite intro musicale. Profitez en pour respirer, parce que la suite, et bien, à l'image de tout ce The Electric Age, est survoltée. A fond les manettes, avec un très chouette refrain qui risque de faire hurler les metalleux en concert. Peut-être un des meilleurs titres de l'album.

Avec sa production en béton armé non lissé, ses titres acérés, son aggressivité présente du début à la fin, ses changements de rythmes, de patterns, d'idées, etc et qui font n'ont est jamais lassé mais qu'on en prend quand même plein la tronche, Overkill vient tout simplement de sortir l'un de ses meilleurs albums et l'un des grands albums de 2012. Alors que certains de leur congénères se demandent comment-s'est-ti-qu'on-faisait-pour-faire-des-riffs-de-thrash-avant-quand-on-avait-20-ans (suivez mon regard), Overkill, à 50 ans de moyenne, n'a pas tapé un seul riff un peu mollement Heavy sur les 45 minutes de l'album. Pas un riff mou, pas un seul. Du Thrash, du Thrash et encore du Thrash et même pas jusqu'à plus soif, parce qu'une fois l'album fini, on a qu'une envie, c'est que ça recommence.

Que dire à part : putain les mecs, bravo ? Peut-être une phrase de mon illustrissime collègue chez Metalchro qui déclarait sur le forum :

« OH PUTAIN la claque, si ce CD savait parler, il hurlerait à la face de tous les groupes du monde : essayez de faire mieux, bande de tapettes ! »

Moi je dis, n'essayez pas, vous vous brûlerez les ailes !

Poney [9.5/10]

 

Site officiel

Myspace

Nuclear Blast / 2012

01. Come And Get It, 02. Electric Rattlesnake, 03. Wish You Were Dead, 04. Black Daze, 05. Save Yourself, 06. Drop The Hammer Down, 07. 21st Century Man, 08. Old Wounds New Scars, 09. All Over But The Shouting, 10. Good Night