1994 : Slayer n’a plus rien à prouver. Depuis ses débuts, chaque album a été une réussite et, non content d’avoir livré une discographie aussi solide, il s’offre le luxe de sortir en 1991 un de ces albums live légendaires, le monstrueux Decade Of Aggression. Toutefois, le vent a entre-temps tourné : Dave Lombardo, cœur battant du groupe, quitte le navire et ce départ marque une rupture dans la carrière du groupe. Pour le remplacer, Paul Bostaph, qui officiait jusqu’alors au sein de Forbidden. Par ailleurs, la barre ayant été mise si haut avec Seasons In The Abyss, on voyait mal Slayer réitérer l’exploit de nous sortir un album majeur. L’inquiétude était donc de mise.

Et pourtant, Divine Intervention, sans véritablement parvenir à s’approcher du génie de son prédécesseur direct, comporte son lot de morceaux implacables. Tout d’abord, il y a ce « Killing Fields » en entrée. Certes, il n’a pas la force de frappe d’un « War Ensemble », mais il ouvre les hostilités de manière efficace. Ensuite, il y a « Dittohead » : 2:30 de haine crachée à la face, une avalanche presque punk, ce solo typiquement slayérien, et ce bon vieux diable de Tom qui hurle « Nothing To Regret ». Ce morceau prend par les burnes, il secoue les tripes et nous ramène quelques années en arrière quand la machine à claques Slayer pondait des brûlots courts et abrasifs. Mais cette rage est rapidement tempérée par le morceau éponyme, 5 minutes posées, réfléchies, presque progressives. Slayer souffle ici le chaud et le froid, alterne assauts virulents et mid-tempos pesants. Cependant, cette fois, Slayer peine à trouver un équilibre et nous propose un album quelque peu bancal, où les transitions ont du mal à se faire.

Divine Intervention est assez loin derrière ses prédécesseurs. Toutefois, en le remettant dans son contexte (n’oublions pas que le Thrash, à l’époque, n’était plus aussi prisé et que les autres groupes du genre, contrairement à Slayer, peinaient à gérer ce revirement de situation), cet album reste plus que correct. Moins bon que Seasons In The Abyss ? Oui, clairement, mais Slayer avait touché la perfection du doigt sur cet album, il était très peu probable qu’un groupe frappé par un important changement de line-up répète cette performance. Nous sommes en 1994, Slayer a limité les dégâts, les années difficiles ne font que commencer…

Mister Patate (06,5/10)
 

Site officiel : www.slayer.net
Myspace officiel : www.myspace.com/slayer

American Recordings / 1994
Tracklist (36:33) 1. Killing Fields 2. Sex, Murder, Art 3. Fictional Reality 4. Dittohead 5. Divine Intervention 6. Circle of Beliefs 7. SS-3 8. Serenity in Murder 9. 213 10. Mind Control