Comment définir le « classic rock » ? Peut-être par une certaine inspiration stylistique : une musique au croisement du rock, du blues, du hard rock, avec quelques autres influences parfois présentes (le boogie, le progressif, l'AOR ou la west coast). Mais par une époque aussi : les seventies, notamment dans leur deuxième partie, constituent l'âge d'or du genre. Voici bien les principaux points communs qui permettent de regrouper sous une même étiquette : Bad Company, Deep Purple, Lynyrd Skynyrd, Heart, .38 Special, Kansas ou les Eagles, voire Steely Dan.

Mais pourquoi cette introduction rétrospective ? Car le projet de Björn Strid (Soilwork évidemment) et de Sharlee D’Angelo (Arch Enemy et Spiritual Beggars) dénommé The Night Flight Orchestra a pour objectif de rendre un hommage à toute cette époque extrêmement créative musicalement. Entouré de David Anderson (guitares), de Jonas Källsbäck (batterie) et de Richard Larsson (claviers), le duo, avec ce Internal Affairs, propose une plongée artistique rétrospective dans le classic rock qui est une vraie immersion musicale totale. 

À écouter ce premier essai de The Night Flight Orchestra qui invoque les manes de Bad Company, de Creedence Clearwater et de Lynyrd Skynyrd avec succès, il n'y a bien que la date de sortie du disque qui nous ramène à notre triste quotidien. C'est dire qu'ici le son n'est en rien métal mais franchement rock avec de nombreuses ouvertures sur le hard rock des 70's toutefois. La voix de Strid s'adapte parfaitement à ce nouveau contexte musical. Plus : il semble complètement habité par cette orientation stylistique truffant le disque de refrain mélodieux et de couplets accrocheurs (« Siberian Queen », « California Morning », « Stella Ain't No Dove »). Ce n'est pas une vraie nouveauté tant on connait la diversité des goûts du vocaliste de Soilwork ainsi que son talent, mais il faut admettre qu'une telle réussite n'était pas attendue. On sent chez lui une vraie osmose avec la démarche adoptée, osmose liée vraisemblablement à un attachement fort envers une époque et un pays – l'Amérique du Nord. À lire ses paroles consacrées à des lieux marquants de l'espace américain (« California Morning », « Miami 5:02 » ou « Transatlantic Blues »), on perçoit toute son affection pour un pays et un peuple qui ne se résume pas à quelques traders cyniques et à des porteurs d'armes obscurantistes. 

Les autres musiciens sont évidemment au diapason : l'orgue hammond claque, la batterie est organique au possible et la guitare alterne les riffs à la saturation toute en nuance et les solo simples et lyriques. Tirons tout particulièrement notre chapeau au guitariste David Anderson qui, à son instrument comme à la composition, joue un rôle décisif dans le succès patent de l'album. Cerise sur le gâteau : la production, claire et dépouillée, est nimbée d'une réverbération qui participe d'une ambiance à la fois rétro et très prenante.

On comprend donc que ce premier essai m'ait totalement transporté : ce Internal Affairs de The Night Flight Orchestra n'est pas qu'une bonne surprise, c'est une réussite totale. Faire revivre avec  tant sincérité un style musical maintenu en vie à ce jour par des combos vieililissants étaient une gageure qui n'a pas effrayé Björn Strid et les siens. Bravo à eux.   

Baptiste (8/10)

 

Myspace du projet

Coroner Records / 2012

Tracklist (61:02) : 1.  Siberian Queen 2. California Morning 3. Glowing City Madness 4. West Ruth Ave 5. Transatlantic Blues 6. Miami 5:02 7. Internal Affairs 8. 1998 9. Stella Ain't No Dove 10. Montreal Midnight Supply 11. Green Hills Of Gumslöv 12. American High