Il est des reformations concoctées par Frontiers qui laissent indifférents ou dubitatifs. Ce ne sera pas le cas de celle de Tyketto, excellent groupe de hard mélodique US au début de carrière en fanfarre et dont les amateurs ne pouvaient que souhaiter un retour musical après plus d'une décennie de silence. Rappelons pour les moins âgés que le premier disque de Tyketto, Don't Come Easy, n'a bien qu'un défaut : sa date de parution. Paru en 1991, son potentiel musical et commercial ne put se réaliser en pleine vague grunge. Strength In Numbers maintenait trois ans plus tard un bon standard de qualité malgré quelques longueurs.

Le départ du chanteur emblématique du combo, Danny Vaughn, entraîna son remplacement par Steve Augeri pour un Shine qui resta confidentiel. Un split rapide s'ensuivit. Danny Vaughn a poursuivi une carrière solo méritante, qui permet aux amateurs d'entendre une des plus belles voix du hard rock (et je pèse mes mots), même si le degré d'inspiration n'atteind pas celui de Tyketto. Dans un registre plus hard FM, on pouvait l'écouter dans un des nombreux projets typiques de Frontiers, From The Inside dont j'ai dit un certain bien ici. De sont côté Tyketto avait procédé à quelques reformations pour des  concert et avait même réenrengistré certains de ses morceaux restés à l'état de démo, The Last Sunset – Farewell Tour. Mais promls juré, il n'y avait pas d'album en vue. 

C'est fait. Et c'est le line up historique avec Danny Vaughn au chant et Brooke St James aux guitares qui est enfin réuni. Tout commençait sous les meilleures auspices même si l'on pouvait s'inquiéter des difficultés à enregistrer un disque alors que Vaughn vit en Espagne et le reste du groupe aux États-Unis. La production est à l'avenant d'un disque à la qualité indéniable ; nous ne sommes en rien devant un produit frelâté mais bel et bien devant le troisième vrai album de Tyketto. Preuve en est, les efforts du groupe pour faire évoluer sa musique et donc refuser de se cantonner à un quarterons de vieux fans nostalgiques.

Malgré la présence de titres franchement hard qui attireront aussitôt l'oreille (« Faithless » et son gros riff syncopé, « The Fight Left In Me », extrêmement tubesque), les apports acoustiques ont été nombreux, un violon s'invitant sur tel ou tel morceau (« This Is How We Say Goodbye ) et St James doublant souvent ses guitares électriques avec des parties acoustiques du meilleur effet. Quant au son des parties électriques il se montre fréquement plus « crunchy » que « heavy » (l'instantané « Left This On Slide » ou « Here's Hoping It Hurts » dont on identifiera très vite la qualité du refrain). Malgré mes réticences initiales, j'ai finalement été conquis par cette orientation qui va parfaitement à Tyketto en 2012. Et puis, cela n'est pas rédhibitoire avec un lot de solos mélodiques d'excellente facture qui nous font regretter de ne pas avoir entendu grand chose de Brooke St James depuis longtemps. 

L'attention retombe toutefois principalement sur Danny Vaughn. Après plus de vingt cinq ans d'une carrière commencée dans Waysted puis confirmée dans Tyketto, la voix du chanteur à la fois puissante, emphatique et chatoyante reste intacte et c'est déjà beaucoup. Entendre ses vocalises sur « Here's Hoping It Hurts » ou sur la semi ballade « Battles Lines » comblera les amateurs de chant, tout simplement. Et cela constitue encore un des nombreux arguments ne pouvant qu'inciter à découvrir au plus vite ce que peut proposer Tyketto en 2012. En attendant une réédition (remasterisée) de l'incontournable Don't Come Easy. Il est temps ! 

Baptiste (8/10)

 

Site officiel

 

Frontiers / 2012

Tracklist (45:22) : 1. Faithless 2. Love to Love 3. Here’s Hoping It Hurts 4. Battle Lines 5. The Fight Left in Me 6. Evaporate 7. Monday 8. Dig in Deep 9. Sound Off 10. Let This One Slide 11. This Is How We Say Goodbye