Derrière leur attitude de joyeux drilles un peu défraîchis et bedonnants, Wig Wam cache une bande de musiciens somme toute très compétents. Et malgré leur succès réel en Norvège – leur terre d'origine –, on ne peut que regretter que leur notoriété n'explose pas vraiment. La faute peut-être à un excellent premier album, Hard To Be A Rock'n' Roller in Kiev clairement supérieur à ses deux successeurs, Wig Wamania et Don't Stop Rock'n' Roll, malgré les qualités reconnues de ces derniers.  

J'ai bien peur qu'il en soit encore de même avec ce nouveau venu, judicieusement intitulé Wall Street. À l'heure de l'effondrement du capitalisme financiarisé, il est plaisant de constater que quelques groupes s'intéressent à autres choses qu'aux mensurations de leurs groupies. Le fait que Wig Wam œuvre toujours dans un style réputé « léger » – un Hard FM fortement teinté de glam rock – n'empêche pas d'avoir une conscience sociale donc. Wig Wam n'a pas pour autant alourdi sa musique ni opté vers le « tout dépressif » et l'ambiance reste quand même globalement à la fête. Voilà un bon point. 

L'autre bon point sera pour la musique : elle toujours aussi bien composée et orchestrée. Le savoir-faire à la guitare de Teeny nous garantie une pléiade de bons riffs qu'il serait long d'énumérer tous. On remarquera évidemment les rythmiques sur le puissant « OGM (I Wish I Had A Gun) », l'utilisation intelligente de parties acoustiques sur « Wrong Can Feel So Right » et des solos brûlants un peu partout. Le fort joli instrumental qui clot le disque « Things Money Can't Buy » nous ramène toujours à la conclusion suivante : quand le métier et l'inspiration sont là, tout va. 

Au chant, Glam fait toujours preuve d'une pêche et d'un professionnalisme très efficace et accrocheur. S'il propose parfois des choses un peu convenues comme la ballade, jolie mais trop calibrée, qu'est « Tides Will Turn », l'album regorge de refrains fédérateurs presque immédiats :  le groovy et pop « Wrong Can Feel So Right », « Wall Street » ou « Natural High » sont à citer en bon exemple. 

La créativité indéniable se combine donc très bien au classicisme et les fans ne seront pas échaudés, loin de là, puisque Wall Street reste fidèle aux sonorités musicales des premiers disques. On remarquera toutefois une variété plus nette : les titres franchement hard (« Wall Street », « One Million Enemies, « The Bigger, The Better » très « Deflepardien ») sont certes en majorité mais on retrouve parfois du plus nuancé (« Bleeding The Daylight » qui est construit sur un crescendo), du calme,  voire de l'inattendu (« Victory Is Sweet » tout en finesse jusqu'à un refrain truffé de chœurs majestueux). Il arrive ainsi à Wig Wam, sur ce Wall Street, de lorgner vers un pomp hard rock de bon acabit ou vers un rock plus léger (« Natural High »). Et c'est très bien ainsi au final. 

Il serait temps que Wig Wam soit reconnu à sa juste valeur : celle d'un groupe poursuivant avec beaucoup de talent une lignée musicale qu'il arrive non seulement à faire survivre mais à « actualiser ». Ce n'est pas rien. Une question reste toutefois en suspens : à quand en France ? 

Baptiste [8/10]

 

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Frontiers / 2012

Tracklist (40:40) : 01. Wall Street 02. OMG! (Wish I Had A Gun) 03. Victory Is Sweet 04. The Bigger The Better 05. Bleeding Daylight 06. Tides Will Turn 07. Wrong Can Feel So Right 08. One Million Enemies 09. Try My Body On 10. Natural High 11. Things Money Can’t Buy