ATBAs They Burn avait tout pour se faire descendre par Metalchroniques : frenchies singeant les américains, death-metalcore comme il pullule pour le moment, une originalité proche de zéro et j'en passe. D'ailleurs, Mr Patate ne les avait pas loupé pour le premier album et je n'aurais pas dit mieux que lui. Inutile de dire que mon a priori sur ce Will, Love, Life n'est pas vraiment en faveur des Parisiens, nouveaux poulains de l'écurie Victory, d'autant plus que le titre de l'album me fait furieusement penser au bouquin préféré des ménagères américaines Eat, Pray, Love (enfin, ça s'était avant 50 Shades of Grey). Et autant dire que ça m'a fait beaucoup rigoler.

Une bonne surprise

Mais, les premières mesures donnent plutôt dans la bonne surprise. Le titre « Medecine 2.0 » est un gros cran au dessus de ce qu'avait fait ATB jusque maintenant. Le son est énorme, la voix transfigurée. On retrouve le côté complexe des structures déjà présent sur Aeon's War mais en mieux. On retrouve aussi le côté « je tabasse », mais également en mieux. Le problème, c'est que tout semble s'écrouler dès le second titre. En effet, « Origin » n'est qu'une copie sans saveur de tout ce qui se fait en metalcore depuis des années. Absolument sans saveur. La peur de voir As They Burn retomber dans ses travers précédents est grande (enfin, « la peur », c'est une figure de style, moi je m'en fous pour dire vrai). La suite relève un peu le niveau mais sans être aussi percutant que le premier titre, et on peut en venir a se dire qu'ils n'ont écris qu'un bon morceau, ce qui est relativement faiblard pour un album. La suite donne tord à cet avis un peu trop rapide.

Dès le titre « Isis », on retrouve l'originalité qu'on avait perçu à l'ouverture de l'album. Soyons clair : ATB reste dans les balises du genre à la mode, mais réussi à ne pas se vautrer dans la pâle copie. Personne au sein de la rédaction ne voulait se coltiner l'album, mais ma première réaction lors de l'écoute initiale de l'album a été « mais, ce n'est pas si mauvais », et après plusieurs écoutes, je suis en mesure, tout élitiste musical que je suis, à trouver un vrai plaisir dans plusieurs titres de Will, Love, Life. Les deux « Frozen Vision » méritent eux aussi le détour. Beaucoup plus calmes et plus posés, ils montrent que les membres du groupe peuvent faire autre chose que mouliner comme de beaux diables en tentant d'accrocher un peu de la notoriété qui revient à tous ces groupes typiques d'outre-Atlantique. Le titre « When Everything Falls Apart », dispo sur Youtube depuis quelques semaines est pas mal non plus. De nouveau, on sent l'influence d'Emmure, de Victory, mais on a bien compris dès le départ que le but était de tenter de s'en approcher. Une fois cette donnée intégrée, le morceau n'est pas déplaisant. On retrouve ce « Emmure-like » de manière encore plus prononcée pour « F.R.E.A.K.S. », ce qui n'est guère étonnant quand on sait que le chanteur d'Emmure est venu prêter sa voix pour un featuring.

Récapitulons…

Récapitulons les points positifs. J'ai eu un gros coup de cœur pour la voix, entre growl et grouick, elle est aussi modulée en voix claire, mais, à l'inverse de tous les autres groupes, ne verse pas dans l'emo bon marché. Claire mais puissante. J'ai trouvé très intéressant le fait de varier le type de chant au sein d'une même phrase, voir d'un même mot. Pour être clair, ATB ne growl pas sur le couplet pour se retrouver en chant de minette sur le refrain. Non, il s'agit ici de mélanger les deux avec pas mal d'intelligence et de rendre le tout assez percutant. Ensuite, les morceaux me semblent bien mieux pensés qu'auparavant.

Par contre, je suis aujourd'hui persuadé que tous les ingés sons engagés par Victory n'ont qu'une seule référence en tête : l'album Catch 33 de qui vous savez (c'est extrêmement reconnaissable sur le dernier titre). J'ai déjà eu l'occasion de le dire pour d'autres groupes, mais ici, c'est flagrant. A croire qu'ils se prêtent tous la même console sans changer les réglages de Pro-Tools. Ensuite, tant que j'en suis à parler de Pro-Tools, avec ce genre de prod', on a aussi atteint les limites des batteries triggées. Parce que là, rien ne sonne comme une batterie : un programme aurait fait le même effet. Ni les cymbales, ni les grosses caisses et encore moins la caisse claire ne sonnent au naturel. Je ne comprends même pas qu'un batteur accepte ça (mais un musicien a-t-il vraiment son mot à dire là dessus dans ce genre de grosse production ?). Si je comprends parfaitement l’intérêt du trigg, je pense aussi qu'il y a une limite à tout.

Nous avons donc à faire à un album en demi teinte. Il y a boire et a manger. ATB a réussi à retenir mon attention et c'était pas gagné, aussi, je suis curieux de savoir ce que la suite leur réserve. Si le groupe essaye encore de singer les gros groupes américains, c'est peut-être un bon pari à court terme, mais l'assurance de se vautrer a plus long terme. Le groupe à visiblement les moyens d'être un peu original, autant se diriger dans cette voie là.

Poney (6,5/10)

 

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Victory Records / 2013

Tracklist (34:40) : 1. Medicine 2.0 (4:13) 2. Origin (4:10) 3. Dream Collapse (3:27) 4. The Conscious Man (3:51) 5. Isis (3:54) 6. Frozen Vision (Part 1) (3:09) 7. Frozen Vision (Part 2) (2:19) 8. When Everything Falls Apart (3:49) 9. Z(h)ero (1:05) 10. F.R.E.A.K.S. (2:39) 11. Sons of Shiva (3:31)