black-sabbath-13-coverLa résurrection de Black Sabbath commence mal : les premières notes de « End Of Beginning » résonnent et l'on entend aussitôt celles de « Black Sabbath » sur le premier disque du combo, il y a plus de quarante ans de cela. Le morceau sonne quasiment comme un pastiche du premier titre du colossal premier album de groupe de Tony Iommi avec l'accélération qui arrive au même moment et un long solo. Tout se place donc sous de mauvaises auspices.

Mansuétude obligatoire ? 

Les fans aveugles diront qu'il ne faut pas s'arrêter à une première approche et qu'il y a plein de bonnes choses sur ce 13, un album qui matérialise enfin le souhait si longtemps déçu d'entendre le Black Sabbath de l'époque Ozzy enregistrer autre chose qu'un live. Ce n'est pas totalement faux car on ne peut pas dire que 13 soit mauvais, loin de mal. Et  dire cela ce n'est pas faire preuve de mansuétude à l'endroit d'un groupe dont le chanteur a été très marqué par la vie et dont le guitariste lutte contre un cancer encore aujourd'hui. 

Car on sent que ce 13 a été très travaillé, Tony Iommi étant sans doute conscient qu'il s'agit peut-être de son testament musical. Travaillé en chacun de ses riffs et chacune de ses ambiances, si fait que les bonnes idées fourmillent et qu'aucun riff n'est à jeter. Quant à Ozzy, malgré ses capacités déjà faibles et aujourd'hui déclinantes, il produit sans doute ce qu'il peut faire de mieux à ce jour. La production de Rick Rubin est excellente : chaude, claire et organique, elle laisse une honnête place à l'excellent Geezer Butler. De même le jeu de batterie de Brad Wilk ressort très bien de l'ensemble. Les grincheux regretteront la finesse du jeu de Bill Ward qui n'a pas voulu être la partie mais ils ne pourront pas se plaindre de Wilk. 

De vrais problèmes

Les vrais problèmes sont ailleurs. D'abord dans la volonté de revenir au style des trois premiers disques de Black Sabbath, les cultissimes Black Sabbath, Paranoid et Master of Reality, soit une période musicale regroupée sur deux ans : 1970 et 1971. Il n'y a donc aucune trace du Black Sabbath plus mélodique de l'époque Dio ou Tony Martin. Mais s'inspirer d'une séquence musicale glorieuse au point de faire dans le quasi plagiat (voir mon commentaire sur le morceau d'ouverture) pose problème. L'alchimie des trois premiers albums du groupe est de nos jours impossible à retrouver pour les vétérans que sont Iommi, Osbourne et Butler. D'où l'impression de chutes de studio à entendre « Loner », « God Is Dead » ou « Damaged Soul ». 

Par ailleurs, en voulant retrouver la liberté de ton des années 70, le groupe a choisi d'allonger ses morceaux proposant trois titres au delà des sept minutes et deux au delà de huit minutes. N'est pas Yes qui veut : ces titres deviennent souvent un peu ennuyeux et l'on se perd à penser à autre chose sur « Damage Soul » par exemple. La faute sans doute à des structures de chansons trop simples et à des solos pas toujours flamboyants. Tony Iommi n'est pas Steve Howe et certains de ses solos sont ratés. 

13 sera une épitaphe honnête à une carrière très chaotique. Mais pas plus. Et il n'enterra pas du tout la période Heaven And Hell, rétrospectivement bien supérieure.

Baptiste (6/10 par nostalgie, 5/10 sinon)

 

Vertigo / 2013

Tracklist (53:03) : 1. End of the Beginning 2. God is Dead ? 3. Loner 4. Zeitgeist 5. Age of Reason 6. Live Forever 7. Damaged Soul 8. Dear Father