boston_lifelovehopeDe qui Boston se moque-t-il ? Ou, plus exactement, de qui Tom Scholz, guitariste, compositeur et leader du groupe depuis les commencements du groupe en 1976, se moque-t-il ? Boston sous la houlette de Scholz commence à atteindre le fond de l’indigence musicale. Bien pire que le déjà peu fameux Corporate America (2002), Life, Love & Hope est presque une insulte aux fans. Ceux-ci ont dû attendre onze ans pour écouter un nouveau disque mais ils sont habitués à ces délais que l’on peut qualifier de « pathologiques » chez Tom Scholz.

« Pathologique » car la musique n’a en rien été bonifiée par ces onze ans d’attente. La production, déjà très moyenne sur Corporate America, est exécrable, truffée de compression (sur les guitares qui en deviennent très désagréables) et de réverbération (sur les voix qui deviennent soudainement très lointaines). Elle aurait été passable en 1982 mais de nos jours, proposer cela à l’auditeur quand on a les moyens de Boston est une honte. Et ce d’autant plus que Tom Scholz a préféré faire appel à une boîte à rythme pour « exécuter » les parties de batterie. Ce qui est commercialisé a donc toutes les caractéristiques d’une démo de travail. On touche le fond…

Passons aux morceaux eux-mêmes : sur les onze morceaux composés pendant onze ans, trois sont des vieilleries de Corporate America : « I Didn’t Mean To Fall In Love », « Someone » et « I Gave Up On Love ». Il semble que le premier morceau cité n’ait même pas été réenregistré, mais soit une reprise des bandes de 2002. Donc seuls huit titres ont été réellement composés pour Life, Love & Hope soit 29 minutes de musique ! Ces chansons vont de la bonne AOR (« Heaven On Earth ») au bien plus quelconque comme « If You Were In Love ». Parfois, elles démarrent bien mais ne tiennent pas leurs promesses comme « Sail On ».

Les chanteurs David Victor et Tommy Decarlo, invités à poser leurs voix (dans un contexte sonore déplorable rappelons) s’en tirent assez bien, même s’ils manquent de la personnalité de Brad Delp. Toutefois il faut constater que la chanteuse de country, Kimberley Dahme, n’a rien à faire dans Boston et c’est une plaie que Scholz l’impose une nouvelle fois.

On sait bien que Boston fut d’emblée le projet d’un homme, et que les autres musiciens crédités sur Boston (1976) l’étaient pour quelques interventions sporadiques. Seul Brad Delp, au chant, pouvait composer un ou deux titres. Sinon, Tom Scholz était et reste totalement aux commandes du combo. Mais Brad Delp n’est plus depuis son triste suicide en 2007 et Tom Scholz est encore plus seul qu’il ne l’était à l’époque de Corporate America. Seul maître à bord, il ne semble pour autant pas avoir de réelles directions et s’adonne à l’auto-complaisance à tout va, s’en référant à sa femme pour évaluer la qualité de sa musique. Ce n’est sans doute pas auprès d’elle qu’il trouvera le regard critique qu’il mérite.

Baptiste (2/10 pour la démarche et 4/10 pour la musique)

Site officiel

Frontiers / 2013

Tracklist : 1. Heaven on Earth  2. Didn’t Mean to Fall in Love (remasterisé de Corporate America)  3. Last Day of School (Instrumental)  4. Sail Away 5. Life Love and Hope  6. If You Were in Love 7. Someday  8. Love Got Away  9. Someone (2.0) (réenregistré)  10. You Gave Up on Love (2.0) (réenregistré)  11. The Way You Look Tonight.