tn_coverS'il faut juger un genre musical à certaines de ses productions, on peut avoir des raisons de s'inquiéter pour le heavy metal. Car comment qualifier de « créatif » un genre qui voit naître quelque chose comme ce T&N ? Pour comprendre où réside le « hic », il faut en fait se pencher autant sur l'historique du groupe que sur sa musique elle même. T&N est en fait l'acronyme de Tooth And Nail, référence à l'album le plus célèbre de Dokken. Pour d'obscures raisons de droit, le groupe formé de trois Dokken ou ex-Dokken (il faut suivre), le groupe n'a pu utiliser ce nom et s'est rabattu sur les initiales. Bon. 

On parle de Dokken puisque les trois musiciens qui sont les piliers de T&N – George Lynch, Jeff Pilson et Mick Brown – appartiennent au groupe ou y ont appartenu. Comme George Lynch ne s'est toujours pas réconcilé avec Don Dokken, la reformation un temps envisagé a capoté et c'est en conséquence à cet échec que T&N a été monté. Pourquoi pas… 

Le problème est qu'en fait T&N cherche tellement à profiter de l'aura de Dokken que cela en est pénible : sur les douze titres de Slave To The Empire, cinq sont issus de la discographie de Dokken. Il s'agit donc ici de reprises que l'on a cherché à pimenter en faisant appel à des chanteurs fameux (Doug Pininck, Sebastian Bach…). Et les reprises tiennent bien la route au final, même si leur intérêt est relatif. Quand aux 60 % du disque restant, il s'agit de compositions tout à fait dans l'esprit de Dokken, souvent de qualité (« Slave To The Empire », « Rythm Of Love »). Jeff Pilson y fait un travail tout à fait convaincant au micro. Mais (et j'insiste sur le « mais »), ces titres s'avèrent bien inférieurs aux reprises de Dokken. 

D'où l'impression d'un « produit » et non d'une authentique démarche musicale. D'où aussi le fait que le disque n'intéressera sans doute que les amateurs de Dokken. Heureusement que pour T&N, Dokken soit sur le point d'être mis en veilleuse par son leader lui-même. Il y a donc un créneau à occuper. Mais est-ce vraiment engageant comme perspective ? Heureusement que le heavy metal a autre chose à proposer… 

Baptiste (5,5/10)

 

Replica – Rat Pak Records / 2012

Tracklist (66:03) : 1. Slave to the Empire 2. Sweet Unknown 3. Tooth and Nail (avec Doug Pinnick de King’s X) 4. It’s Not Love (avec Robert Mason de Warrant) 5. Rhythm of the Soul 6. When Eagles Die 7. Into The Fire 8. Alone Again (avec Sebastian Bach) 9. Mind Control 10. Kiss of Death (avec Tim « Ripper » Owens) 11. Jesus Train 12. Access Denied