indicaIl fut un temps, pas si lointain, où être signé chez Nuclear Blast était le couronnement de la carrière de tout groupe de Metal. Une époque où la maison Donzdorf était encore un gage de qualité. Hélas, les temps changent, et ce label qui, à ses débuts, a su donner ses lettres de noblesse à tant de groupes, fait des choix stratégiques de plus en plus discutables sur un plan purement musical (par contre, d'un point de vue purement bizness, je comprends tout à fait la logique). Ainsi, outre les quelques groupes de Metalcore et de Deathcore absolument indispensables pour faire les yeux doux à toute cette frange de fans de la vague « -core », Nuclear Blast semble avoir trouvé avec Indica l'arme absolue pour toucher un public-cible inattendu : la femme du fan de Metal. 

Oui, parce que la femme du fan de Metal n'apprécie pas forcément le bruit qu'écoute sa brute d'amour. Elle voue pour Slayer la même haine que celle que toi, fan de Metal, tu voues à Britney Spears. Indica est censé être un moyen d'écouter à la maison un produit ayant un vague rapport avec le Metal (je cherche encore le rapport, je n'ai pas trouvé) sans pour autant que madame ne tire la gueule. Bref, Nuclear Blast a signé un groupe de pop sympho poussive, dont le seul attrait est le joli minois des demoiselles sur la pochette. J'ai fait le test à la maison : j'ai mis la galette, j'ai attendu la réaction de Madame Patate et je me suis rincé l'œil en matant la pochette. Deux morceaux et un genou dans les couilles plus tard, j'ai repris mon iPod, chaussé mes écouteurs et écouté du Slayer en évitant de penser à la douleur qui irradiait de mon entrejambe.

Paroles mièvres, mélodies calibrées au millimètre pour passer sur les grandes ondes, Indica est douloureusement mielleux. « On va finir par croire que le seul métal qui reste à Donzdorf, c'est les entrepôts et les flippers du label », me disait le boss. Il croyait pas si bien dire. Histoire de rendre l'outrage encore plus sublime, Nuclear Blast nous propose l'album en deux versions (un peu comme Korpiklaani en son temps) : une version anglaise et une version finlandaise. À vrai dire, la version finlandaise remporte mes suffrages : au moins, on ne se rend pas compte à quel point les paroles sont naïves. 

Indica est au Metal ce que la Kriek est à la bière : un pâle ersatz qui n'a rien de commun avec « the real thing » et qui plait surtout aux femmes. Le seul avantage de ce disque est que maintenant, j'aurais plus de difficultés à me moquer des groupes de Guillaume Bideau, parce que j'ai trouvé plus sucré que lui. En même temps, on ne pouvait pas attendre mieux d'un groupe taillé sur mesure pour représenter la Finlande à l'Eurovision…

Mister Patate (où j'ai bien pu mettre mon insuline ?/10)

 

Facebook officiel

Nuclear Blast Records / 2013

Tracklist : 1. Mountain Made Of Stone 2. Uncovered 3. A Definite Maybe 4. Goodbye To Berlin 5. Run Run 6. Here And Now 7. Missing 8. Hush Now Baby 9. Behind The Walls 10. A Kid In the playground 11. War Child 12. Humming Bird (digipak Bonus) 13. Lucid (iTunes Bonus)