J’avoue que je ne donnais pas cher de la peau de Bloodbath après l’annonce du nom du successeur de Mikael “putain de hippie de merde” Akerfeldt. Franchement, les gars, Nick Holmes aurait la carrure et le growl suffisants pour interpréter « Eaten » ou « Cancer Of The Soul » en live, alors qu’il est déjà à la ramasse dans plus de 50 % des concerts de Paradise Lost ? Ajoutez à cela un premier single qui n’était pas de nature à me rassurer et vous obtenez le scénario parfait du comeback moisi, qui ferait passer le retour d’At The Gates pour la meilleure chose qui soit arrivée au monde depuis Youporn.

Et pourtant, contre toute attente, Bloodbath nous prouve qu’on peut sembler avoir fait, sur le papier, une erreur de casting improbable et finalement faire un comeback bien moins honteux qu’on aurait pu le craindre.

Au niveau purement musical, Bloodbath a su garder son efficacité et nous assène une galette de Death bien sentie. Exit le son clinique, Grand Morbid Funeral est plus gras, plus sale, « à la suédoise », et certaines de ces compos nous renvoient des années en arrière, quand Bloodbath était une machine de guerre… Mais bon, au vu du line-up, on ne devait pas vraiment avoir d’inquiétude sur ce plan : ces gars n’ont pas oublié comment se servir de leurs instruments pendant leur retraite. Non, l’inquiétude principale était le chant. Je craignais que Nick arrive bien vite à ses limites et ne soit pas à la hauteur de ses collègues musiciens.

Eh bien, j’avais plutôt tort. Mis à part une ou deux exceptions (dont ce premier single), la prestation de Nick est plutôt intéressante. Plutôt que d’essayer de singer ses prédécesseurs (ce dont il aurait probablement été incapable), il nous propose un chant moins percutant, plus « vicieux », plus « sale », et ce timbre colle aux morceaux… et ce alors que Bloodbath n’a pas pour autant adapté sa musique à son nouveau chanteur. Bloodbath parvient donc en quelque sorte à nous donner l’impression que rien n’a changé alors qu’un élément central a sensiblement été modifié. C’est habile et osé, bien plus qu’un At The Gates qui est sorti de son hibernation comme si de rien n’était.

Intégrer Nick Holmes à Bloodbath était un pari risqué. Même si je reste encore sceptique quant aux capacités de ce bon vieux Nick d’assurer un set correct en live (surtout sur les anciens morceaux), je dois reconnaître qu’il a encore de beaux restes sur ce Grand Morbid Funeral plutôt bien ficelé. 2014 a beau ne pas vraiment être l’année de la Suède en Metal, Bloodbath fait partie de ceux qui ne se contentent pas de sauver les meubles Ikea.

Mister Patate (7,5/10)

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Peaceville Records / 2014
Tracklist (46:54) 1. Let The Stillborn Come To Me 2. Total Death Exhumed 3. Anne 4. Church Of Vastitas 5. Famine Of God's Word 6. Mental Abortion 7. Beyond Cremation 8. His Infernal Necropsy 9. Unite In Pain 10. My Torturer 11. Grand Morbid Funeral