Dyscarnate, vous connaissez ? Pour ma part j'ai découvert ce groupe il n'y a même pas deux ans et me suis pris une claque monumentale dans la tronche. Power trio death metal nous venant d'Angleterre, Dyscarnate distille avec efficacité un death sans concessions à la Misery Index affublé d'une grosse dose de groove à la Dying Fetus; et après les avoir loupés en septembre alors qu'ils tournaient avec Psycroptic, je n'ai pas manqué de me rattraper en les voyant passer à l'Entrepôt d'Arlon. 

Un Entrepôt qui a été rénové il n'y a pas si longtemps, pour un résultat vraiment sympa : la salle est devenue beaucoup plus accueillante, et les travaux sur l'acoustique de la salle font que le son y est désormais exemplaire, sur ce point là d'ailleurs la soirée fut irréprochable, chacune des quatre formations à s'être produite ce soir là jouissait d'un son à deux doigts de la perfection; on peut d'ailleurs voir de plus en plus de concerts avoir lieu dans cette salle et malgré la distance qui sépare votre serviteur d'Arlon, dans un sens on ne peut que se dire tant mieux, car c'est la promesse d'une soirée dans d'excellentes conditions ! 

La soirée commence par une prestation de The Thin And The Fat Guys, apparemment groupe local de la soirée. Ils officient dans un deathcore assez inspiré des premiers albums d'All Shall Perish. Malgré une drôle d'impression de les entendre réutiliser les mêmes mélodies sur plusieurs morceaux différents, la prestation du groupe est plus que convaincante, grâce à des musiciens dégageant la bonne humeur et le plaisir d'être sur scène. Deux trois pogoteurs un rien timides se laisseront aller au gré des compositions du groupe, trop peu selon le chanteur qui regrettera un certain manque d'enthousiasme d'un public qui commençait à s'amasser de plus en plus. 

Vient ensuite Abstract Rapture, groupe Luxembourgeois de son état. Je les avais déjà vus, au Luxembourg justement, en première partie de Channel Zero et avais été plus qu'agréablement surpris par cette découverte; je me réjouissais donc de pouvoir les revoir ce soir. Malheureusement, malgré des qualités indéniables, leur set m'aura beaucoup moins convaincu cette fois-ci. Peut être est-ce à cause des quelques imprévus de line-up expliqués par le chanteur entre deux morceaux, nous racontant que ce mannequin qui trônait sur le coté gauche de la scène depuis le début du set, non sans intriguer l'assemblée, était un petit clin d'oeil à l'un de leurs guitaristes qui, victime d'un incident au boulot la veille, ne pouvait pas se permettre de venir assurer le show; et nous expliquant également que le guitariste effectivement présent est un petit nouveau qui assure (et de fait, il jouait comme un beau diable) car leur ancien gratteux a rejoint les rangs de Satyricon (excusez du peu !); mais toujours est-il que même si j'admirerai la performance des musiciens, je ne parviendrai pas cette fois-ci à me plonger dans leurs compositions, peut être un peu le cul entre quatre chaises. Ainsi, leur set un rien écourté de par l'absence d'un guitariste aura réussi à nous emmener vers des horizons aussi différents et éloignés que du Meshuggah, du néo métal, du métalcore, du death et du bon vieux Machine Head époque Burn My Eyes. 

Puis vint le tour d'In Arkadia. Pour être franc, j'ai déjà pu croiser leur route à quelques reprises, en venant même à partager l'affiche avec eux; et à chaque fois j'ai eu énormément de mal avec leur prestation et leur musique. J'ai bien tenté de leur donner une nouvelle chance, mais dès les premières secondes du concert j'ai eu comme une poussée de boutons. Leur truc à eux, c'est le deathcore à l'américaine, avec chorégraphies crabcore, samples dubstep entre les morceaux, infrabasses à chaque nouveau riff et beaucoup, beaucoup de moments pose sur scène, oserais-je dire que tout cela est horriblement cliché ? Toujours est-il qu'après deux chansons, j'aurai jugé préférable de passer leur temps de set au bar à discuter avec des amis, et même la présence assez surprenante de Kevin Folley (Benighted pour ceux du fond qui ont encore la tête dans le cul du weekend) en guest afin d'assurer derrière les futs une reprise de Hatebreed ne parviendra pas à relever l'intérêt du concert pour moi. Suivant ! 

Et enfin, Dyscarnate ! Une claque en pleine figure ! Après un changement de plateau, voici le power trio british sur les planches, le temps de faire une petite balance et d'asséner en guise de soundcheck un Praise The Lord ardant à l'assemblée, oui oui, le morceau de Dying Fetus, autant dire que Dyscarnate annonce la couleur d'entrée de jeu. Pendant une heure, ils balanceront des morceaux tirés de l'ensemble de leur discographie avec maitrise et présence sur scène; le groupe en imposant façon Dying Fetus (encore eux), un bassiste chanteur, un guitariste chanteur lui aussi et un batteur qui n'a rien à envier à un Mike Smith ou un Derek Rody. Signe assez révélateur d'une certaine différence de public selon les groupes, la fosse était remplie pendant le set des Anglais d'une bande de headbangers que l'on n'avait pourtant croisé qu'au bar le restant de la soirée, tandis que le public plus "diversifié" qui avait assisté à la prestation des autres groupes était plus en retrait, voire même justement au bar. Confirmant leur intérêt aussi bien en studio qu'en live, Dyscarnate a toutes les cartes en main pour devenir l'une des nouvelles références de la scène death metal et c'est sous le choc de cet excellent concert que je quitterai la belle ville d'Arlon, non sans vous recommander, chers amateurs de death, de vous pencher sans hésiter une seule seconde sur la discographie du groupe, qui reviendra chez nous dans un mois d'ailleurs au cas où le baptême du live vous tente !