Avant de commencer, je vais directement me soulager d’un fardeau : j’aimais bien ce bon vieux gros redneck de Dukes. Un bourrin hors pair, taillé comme une montagne, un frontman badass as fuck qui savait mettre le feu à un pit en moins de deux, et chaque concert d’Exodus auquel j’ai assisté avec lui au poste de chanteur m’avait mis une mandale XXL. Son départ, combiné à l’annonce du retour de ce bon vieux Souza, ne m’avait donc pas vraiment empli de joie, au contraire. Dans une scène Thrash ricaine où le Big 4 ne vit que par sa réputation et où les seconds couteaux que sont Testament et Overkill semblent affûtés comme jamais, Exodus – qui partage désormais Gary Holt avec Slayer – allait donc devoir se retrousser les manches pour espérer faire aussi bien, voire mieux.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’opener « Black 13 » ne m’a pas rassuré. Long comme un jour sans pain, faussement énergique et la voix de canard écrasé de Souza : on fonce droit dans le mur. Toutefois, passé l’écueil de ce départ mollasson, Exodus lâche les chiens avec un morceau éponyme qui tabasse dans les règles de l’art (et j’ai beau n’apprécier que moyennement le chant de Souza, j’avoue qu’il passe très bien) pour finalement enfin prendre un rythme de croisière plus convaincant. En bref, et pour faire simple : Exodus avoine correctement… pendant 60 minutes.

Et c’est là que le bât blesse. 11 morceaux, plus d’une heure de musique. On frôle donc la moyenne de 6 minutes par morceau, et sur un album de thrash à vocation « tabassage en règle », ça ne signifie qu’une chose : du filler. Pas de morceaux superflus, non, juste des passages qui auraient gagné en efficacité s’ils avaient été raccourcis, des morceaux qui auraient pris une toute autre dimension s’ils avaient été écourtés et rendus plus compacts, plus violents. À l’époque de la sortie de Death Magnetic de vous-savez-qui, un petit malin avait tripatouillé une version light de l’album, supprimant les redondances, etc. et le résultat final était loin d’être dégueu. Si quelqu’un a son adresse, qu’il lui envoie le dernier Exodus et on va prendre un train de marchandises en pleine gueule. Là, avec le produit final, je suis un poil déçu. Heureusement, il reste Overkill pour aligner les albums de Thrash sans concessions ni temps mort.

Mister Patate (6,5/10)

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Nuclear Blast Records / 2014
Tracklist (xx:xx) 1. Black 13 (featuring Dan the Automator) 2. Blood In, Blood Out 3. Collateral Damage 4. Salt the Wound (featuring Kirk Hammett) 5. Body Harvest 6. BTK (featuring Chuck Billy) 7. Wrapped in the Arms of Rage 8. My Last Nerve 9. Numb 10. Honor Killings 11. Food for the Worms