Dans la catégorie “l’originalité, on lui pisse à la raie”, Goatwhore fait figure de valeur sûre. On sait que les gars sont doués pour nous en mettre plein les esgourdes. Le propos ne sera pas très finaud, les variations seront réduites à peau de chagrin, mais cette formation a le mérite de pouvoir s’écouter sans réflexion, le cerveau sur OFF, un filet de bave à la commissure des lèvres et le regard absent, abruti par tant de haine. C’est caricatural, certes, mais mis à part le filet de bave, je résume parfaitement mon attitude en ce moment alors que je réduis cette chronique. Et j’en viens donc à me poser la question qui fâche : à quoi sert cet album ?

Parce que bon, dans l’absolu, le Black thrashisant de Goatwhore frappe dans le mille. La prod’ a suffisamment de crasse pour s’avérer plaisante sans être trop aseptisée, les morceaux se succèdent dans une avalanche de riffs acérés et de rythmiques survitaminées, le tout accompagné d’un torrent de colère vocale et, parfois, d’une petite touche presque rock’n’rollesque pas dégueu (« Baring Teeth For Revolt » qui donne presque envie de se tortiller le fion). Ce n’est qu’en de rares occasions que le groupe parvient à se montrer intéressant, notamment en optant pour le mid tempo pesant sur « Cold Earth Consumed In Dying Flesh ». Et le reste du temps ? Eh bien, le reste du temps, Goatwhore tabasse, sans discernement et surtout sans originalité. Bordel, j’ai l’impression de réécouter les mêmes morceaux encore et encore. La première écoute peut s’avérer plaisante, mais le disque vieillit très mal, la faute justement à cette linéarité ponctuée ici et là de quelques trop rares instants de bravoure.

Goatwhore me déçoit quelque peu. Oui, Constructing Rage Of The Merciless est radical. Mais on peut être radical sans pour autant se confiner à un seul registre (bien maîtrisé, mais tellement limité). Et le pire dans l’histoire, c’est que le groupe nous montre qu’il en a encore sous le coude, qu’il a des idées, mais il ne les met pas suffisamment en œuvre. Dommage. La prochaine fois, lâchez-vous, les gars, on vous en voudra pas !

Mister Patate (5/10)

Facebook officiel

Metal Blade Records / 2014
Tracklist (37:29) 1.Poisonous Existence in Reawakening 2.Unravelling Paradise 3.Baring Teeth for Revolt 4.Reanimated Sacrifice 5.Heaven's Crumbling Walls of Pity 6.Cold Earth Consumed in Dying Flesh 7.FBS 8.Nocturnal Conjuration of the Accursed 9.Schadenfreude 10.Externalize This Hidden Savagery