01. J’aimerai pour commencer savoir comment êtes-vous venus à la musique et à la pratique d’un instrument au sein d’un groupe de Metal, puis par la suite, comment s’est formé Grorr ? Vous pouvez par la même occasion en profiter pour faire l’inventaire des individus composant le groupe en guise de présentation.


Grorr à la base c’est Gaël et Bertrand deux guitaristes qui étaient dans le même lycée. Fan de métal, ils ont montés Grorr à la fac avec pour objectif de faire de la « mule ». Puis arrive Yoann guitariste lui aussi, (plutôt dans le rock prog) mais connaissance du lycée et motivé pour tenir le poste du bassiste avec les copains. Se rajoute ensuite Jérémy, batteur/cofondateur de Pottiin (groupe de death Tech bordelais) mais passant ses hivers à Gourette comme Yoann. Et puis finalement Sylvain (encore un guitariste) multi-instrumentiste qui se charge de tous les instrus trad, samples, chœurs, etc …

 

02. Connaissant Grorr que depuis la sortie de votre précédent album Anthill, j’aurai aimé  savoir  si le groupe était, dès le départ, prédestiné à accorder une part importante de sa personnalité  musicale  à la musique  Folklorique ou si cet élément  est venu se greffer par la suite ?


A la base nous n’utilisions pas d’instruments ethniques. On jouait avec des samples, mais ceux-ci étaient plutôt indus. Les instruments traditionnels sont arrivés à compter du moment où notre objectif a été de faire voyager l’auditeur un maximum. « Anthill » était une immersion dans une fourmilière et l’apport d’instrus du monde entier nous a permis à la fois d’affirmer la personnalité de notre musique, et également de créer un cadre tribal qui collait très bien à notre propos.

 

03. Je me suis posé la question  en écoutant ce superbe nouvel album. Comment organisez-vous au sein du groupe  la composition de votre musique ?  Travaillez-vous d’abord sur la trame « Metal » ou partez-vous des instrumentations  Folkloriques  et autres orchestrations pour ensuite y apporter les éléments « Metal » ?


Le processus à évolué avec le temps. A l’époque d’Anthill on découvrait à peine l’univers « folklorique ». Les instrus trads se sont donc greffés à des squelettes de compos « Metal ». Pour « The Unknown Citizens », on a composé toute la structure des morceaux en partant des instruments trads, des rythmes et du chant. Les éléments « Metal » sont arrivés ensuite. Après on reste des métalleux, et on avait une idée de comment ça sonnerait avec les grosses guitares ..

 

04. J’ai beaucoup apprécié des morceaux comme Pandemonium ou Facing Myself  à l’emphase  symphonique. Etait-ce  voulu de votre part et avez –vous été influencés  par des groupes de Metal jouant dans ce registre ou par la musique symphonique elle-même ?


La musique symphonique est une influence importante.  Dans le cas présent, c’est de la musique de film que nous vient l’idée d’intégrer des cuivres. Cela colle parfaitement à l’histoire : Pandemonium, Facing myself, Oblivion, sont des titres qui traitent de la guerre et de ses conséquences irréversibles. Nous voulions que le décor dressé à l’aide de notre musique puisse situer l’action sur un champ de bataille, tout en mettant en relief le combat intérieur du soldat, torturé dans son  moi profond, et abîmé par les choix qu’il a pu prendre.

 

05. J’apprécie aussi particulièrement votre manière d’user de polyrythmies et de  riffings  très saccadés à l’instar de groupes qualifiés (ou qui se qualifient eux-mêmes)  de Moderne Metal ou Djent Metal. Avez-vous été  inspirés par cette scène et si oui de quels groupes sentez-vous proche ?


On est tombé dans la polyrythmie en écoutant Stravinski, King Crimson, Magma etc… Puis on est devenu fan de Tool et Meshuggah et d’autres groupes de prog. Les riffs saccadés viennent aussi de Fear Factory, Pantera, qu’on a découvert au lycée … On a des influences communes avec les groupes de cette scène. On adore Karnivool aussi !! Et puis en métal on est obligé de citer Gojira et Devin Townsend. 
Dans les groupes très « récents », on aime Vildhjarta, Animal as Leaders ou Monuments entre autres (même si on n’a pas forcément beaucoup de points communs). Et puis je rajoute Hacride car Lazarus et Back to where you’ve never been … ont bien usé nos enceintes !


06. Pour ma part j’ai tendance à  rapprocher votre démarche et votre approche musicale de groupes comme  Hypno5e ou S.U.P ? Ai-je tort de penser ceci ?

 

C’est probablement la démarche de l’album concept qui rend cette analogie possible. Il est vrai que nous tenons à cœur de toujours proposer un album cohérent, que l’on pourrait qualifier de « storyboardé », et c’est effectivement une démarche que l’on peut retrouver chez S.U.P/Hypno5e, 2 groupes d’ailleurs appréciés par Grorr.

 

07. J’ai lu dans votre présentation que The Unknow Citizens vous avait  été inspiré par un poème de W .H Auden . Pouvez-vous nous en dire plus au sujet de cet auteur et de ces « trois citoyens ordinaires » ?


W.H. Auden est un écrivain né en 1907 qui a comme beaucoup à son époque, participé à la guerre d’Espagne puis connu la seconde guerre mondiale. Il a notamment écrit « The Unknown Citizen » qui est l’épitaphe d’un citoyen ordinaire dans une société « Orwellienne », totalitaire et déshumanisée. On apprend qu’il a bien fait tout ce que cette société attendait de lui, mais on ne sait rien de ses « états d’âmes ». On a imaginé se placer dans la tête de 3 de ces citoyens types. Ils forment la quasi-totalité de la population, ils n’accomplissent pas d’actes spectaculaires mais font tourner la machine. Sont-ils libres, sont-ils heureux ? C’est la dernière question du poème, et ça a été le point de départ de notre histoire.

 

08. Comme c’était déjà le cas pour Anthill, doit-on considérer ce nouvel album comme un album concept ?


C’est bien un album concept. Il est coupé en 3 parties bien distinctes avec des instruments propres à chacune. Nous avons voulu représenter 3 vies différentes qui dans la narration comme dans l’écoulement du temps se suivent. L’histoire revêt un aspect « fable sociale ». Le premier personnage est parti se battre quand on le lui a ordonné. Il est rentré de la guerre « différent », et ne pourra finalement plus reprendre une vie normale. Il ne trouvera le repos que dans l’oubli et la mort. La 2eme partie de l’album concerne la reconstruction et notre personnage du « travailleur ». Celui-ci sacrifie sa vie à la reconstruction de ce que la guerre a détruit, pour que ses enfants aient un avenir meilleur. 
Le troisième personnage naît dans un monde en paix. Il aspire donc à son épanouissement personnel. C’est l’histoire du hippie dont tous les membres de son ancienne communauté ont fini par devenir trader à Wall-Street.

 

09. Qu’attendez-vous de votre récente signature avec le label Suédois ViciSolum Productions et pouvez-vous nous expliquer comment s’est présentée  cette opportunité  ?

 

La signature avec ViciSolum Productions a été un coup de chance. Nous avons eu une relation privilégiée par le biais de notre ancien manager avec Thomas Hörnkvist le président de ViciSolum. Sans même avoir entendu les maquettes de nos travaux en cours, et en fiant sur l’album Anthill, Thomas nous a proposé un contrat.
Nous en attendons surtout une promotion plus importante de notre album afin de pouvoir se faire connaître. Pour des petits groupes comme le notre, il n’est pas facile de se faire une place sur la scène metal actuelle ; il faut des ressources, des connaissances… Disons que notre signature avec ViciSolum nous permet de rendre notre album disponible au plus grand nombre, et c’est ce qui nous importe le plus.

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10. Grorr se produit-t-il en concert et si oui comment vous y prenez-vous pour restituer la richesse des ambiances ainsi que les diverses interventions d’instruments traditionnels ?

 

Oui bien évidemment nous faisons des concerts, et nous adorons ça. Nous avons toujours mis un point d’honneur à restituer au mieux nos albums en live. Par chance, Sylvain notre multi-instrumentiste, se charge de tous les instrus trad et des ambiances grâce à un sampler. Il gère également des chœurs ainsi que des percussions. Nous sommes autant exigeants avec nos albums qu’avec nos prestations live.


11. Pour finir, un dernier mot pour les lecteurs de Metalchronique.fr ?


Merci ! Nous espérons que vous aimerez l’album autant que nous !