409154Quelle mouche a bien pu piquer In Flames, autrefois un des fleurons du Death mélodique suédois (et, dès lors, du Death mélodique tout court) ? En 8 ans et depuis Come Clarity (le dernier album d’In Flames potable à mes yeux), la bande à Anders s’est lentement mais sûrement enlisée dans un Metal de moins en moins percutant, de plus en plus mainstream, et ce Siren Charms marque ici une nouvelle évolution vers un propos adouci et de moins en moins convaincant. Venant d’un groupe qui a pondu des albums majeurs comme Colony et Clayman, ce nouvel opus est une amère déception, une gifle pour les fans de la première heure.

Et pourtant, on devrait souligner la capacité du groupe à se renouveler, à oser le changement. À l’époque de Reroute To Remain, par exemple, In Flames aussi avait changé son fusil d’épaule, mais la différence entre cette époque et aujourd’hui est la maîtrise de cette mutation. Reroute To Remain, même s’il a dû secouer pas mal de fans à l’époque, restait tout de même bien efficace (c’est d’ailleurs grâce à cet album que j’ai découvert In Flames sur le tard avant de me plonger avec délice dans leurs méfaits antérieurs). Siren Charms, par contre, affiche clairement les limites du groupe, et plus particulièrement de son frontman. Dans le registre hurlé, Anders force à outrance et semble en difficulté sur chaque passage plus énervé. Pour compenser, il tente donc de privilégier un chant davantage chanté… mais si Anders était vraiment aussi bon chanteur qu’il était un bon hurleur, cet album pourrait encore faire illusion. Hélas, là aussi, il peine à convaincre et tire l’album vers le bas. Bordel, on dirait presque un Bono de troisième division sur certains passages ! Au niveau musical, on retiendra quelques soli assez convaincants et l’un ou l’autre riff plutôt appréciable… si l’on fait abstraction du fait qu’ils proviennent du même groupe que celui qui a pondu « Bullet Ride », « Pinball Map », « My Sweet Shadow » et j’en passe un sacré paquet.

In Flames a succombé aux charmes des sirènes du mainstream… et le feu sacré du groupe n’y a pas survécu. Je vais écouter Clayman et prétendre que cet album n’existe pas. The Haunted avait touché le fond avec Unseen, In Flames est tombé aussi bas avec ce Siren Charms. Espérons que, à l’instar de la bande à Marco Aro, In Flames sache tirer les leçons de cet échec et que, après avoir touché le fond, le groupe puisse donner un bon coup de talon pour remonter à la surface… parce que les fans d’In Flames méritent tellement mieux que cette galette qui lorgne plus vers le rock insipide que vers le Melodeath des débuts. Je me demande ce que ressent Jesper maintenant : la joie de ne plus être impliqué dans « son » groupe qui prend l’eau de toutes parts ou la tristesse de voir son héritage entaché par des sorties à l’intérêt plus que discutable…

Mister Patate (2/10)

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Epic Records / 2014
Tracklist (44:30) 1. In Plain View 2. Everything’s Gone 3. Paralyzed 4. Through Oblivion 5. With Eyes Wide Open 6. Siren Charms 7. When the World Explodes 8. Rusted Nail 9. Dead Eyes 10. Monsters in the Ballroom 11. Filtered Truth