141018Casablancas voidzÇa, pour une claque, c'est une claque. Il a sacrément bien grandi le petit Julian Casablancas. Le bouclier Strokes remisé au placard, il avance toujours, après Phrazes for the Young, premier succès critique et commercial,  sans masque mais avec l'appui des Voidz  ; à l'écoute de ce premier opus long format (et des vidéos live), il y a fort à parier que le clin d'œil à Richard Hell et ses Voïvods n'est pas loin. Entre écorchés, on se comprend.
Il faut se rendre à l’évidence, la créativité des Strokes, c'est lui. Et s'il en est aussi, sûrement, la partie agaçante (genre deuxième de la classe et fort en sport en plus), il a bien mûri le gars Julian. Tellement qu'on en oublie son côté fils à papa. Voici même notre chanteur et compositeur armé, depuis sa rupture avec les addictions, d'une conscience. Oublieux de l'ombre encombrante d'un autre brun charismatique mais décédé jeune, Jim Morisson, Casablancas délivre les 12 coups de cette Tiranny comme autant d'interrogations sur l’état d'un monde déroutant. Mais sûrement pas autant que le sont – déroutant, suivez un peu – les fulgurances Nintendo Blood ou les 11 minutes de Human Sadness, morceaux d'apparence déconstruits, concassant avec méthode le diptyque couplets refrain pour aller chercher avec les griffes cette émotion rageuse tapie au fond des ventres repus de Babylone. Concassée, c'est aussi ta petite gueule à la sortie de l'hallucinant Father Electricity, hommage tout sauf nostalgique à l'afrobeat de Fella, quarante ans après. 
Le Julian et ses Voidz maîtrisent l'art du contrepied comme peu en mettant en avant la basse stricte que tout groupe post punk rêverait de jouer sur Where No Eagles Fly avant de hurler un final furibard porté par des guitares incandescentes et des claviers épileptiques. Et voilà que Xerox renvoie aux Strokes que l'on connaît… jusqu'à l'irruption de synthés unijambistes et de guitares anorexiques. 
Assurément, Julian Casablancas tient là son In Utero à lui, cet album personnel et définitif. Celui qui consacre – enfin – le grand musicien qui se cachait derrière le poseur dilettante. A voir comment il réussira à réinjecter de cette furie créatrice dans les Strokes. 

Nathanaël Uhl (8.5/10)

Site officiel : http://juliancasablancas.com
Facebook officiel : www.facebook.com/JulianCasablancas

Cult records (2014)

Tracklisting : 
1. Take Me in Your Army 2. Crunch Punch 3. M.utually A.ssured D.estruction 4. Human Sadness 5. Where No Eagles Fly 6. Father Electricity 7. Johan Von Bronx 8. Business Dog 9. Xerox 10. Dare I Care 11. Nintendo Blood 12. Off to War…