J’avoue avoir fait une monumentale erreur en ne prenant pas le temps de vous parler de Redemption At The Puritan’s Hand, le précédent opus de Primordial, lorsqu’il est sorti. En effet, ce n’est qu’après de longs mois que j’avais pris la peine de m’intéresser un peu plus à cet album qui, au fil du temps, s’est imposé comme un chef-d’œuvre. Et ce petit bijou, je l’ai réécouté il y a peu, afin de me rafraîchir la mémoire avant de me plonger dans son successeur, le monstrueux Where Greater Men Have Fallen, à peine moins de 60 minutes qui flirtent à nouveau avec le génie pur.

Primordial, c’est avant tout une voix, celle d’Alan Averill, un des frontmen les plus impressionnants de toute la scène Metal. Chacune de ses prestations live m’a coupé le souffle tant il semble habité par sa prestation. Lui seul parvient à partager autant d’émotions par ses lignes de chant : colère, rage, rancœur, fierté… Avec lui, le Pagan n’est pas une fiesta débridée avec des connards en kilt qui lampent de l’hydromel dans des cornes à boire. La bonne humeur n’a pas sa place chez Primordial : ici, les tons sont gris, sombres, et cela se ressent aussi dans la musique du groupe. Redemption At The Puritan’s Hand était déjà un pavé d’émotions brutes, Where Greater Men Have Fallen va peut-être encore plus loin en proposant 8 morceaux sans le moindre compromis. C’est lourd, rugueux, on ressent une tension presque omniprésente (« The Seed Of Tyrants » s’apparente clairement à du Black dans son radicalisme) tout en gardant une touche épique majestueuse, comme sur l’opener éponyme… et sur près d’une heure de musique, Primordial ne relâche pas la pression. Chaque titre est une réussite, tantôt mid tempo, tantôt furieux, et ce tant au niveau instrumental que sur le plan du chant maîtrisé de bout en bout.

Primordial se joue des étiquettes, à mi-chemin entre le Black, le Pagan et le Heavy, avec une seule constante : la dimension épique, la fierté. Primordial est un groupe fier, qui a su relever la tête dans l’adversité et faire face, et ce nouvel opus, même si je le trouve légèrement moins bon que son prédécesseur (1), est plus que recommandable. Pour un groupe qui a frôlé le split il y a maintenant quatre ans, Primordial vient de se payer le luxe de sortir coup sur coup deux concentrés d’émotions qui frappent droit au cœur et prennent aux tripes.

Mister Patate (8,5/10)

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Metal Blade Records / 2014
Tracklist (58:42) 1. Where Greater Men Have Fallen 2. Babel's Tower 3. Come the Flood 4. The Seed of Tyrants 5. Ghosts of the Charnel House 6. The Alchemist's Head 7. Born to Night 8. Wield Lightning to Split the Sun

(1) et je vous expliquerai pourquoi quand je le chroniquerai.