L’avenir semblait plutôt radieux pour le vieux connard que je suis : d’abord la sortie de route de Suicide Silence (oui, je sais, c’est vilain, on ne rit pas de la mort d’un mec bourré qui a pris la route pour mieux se prendre un poteau), et puis ce brave Tim Lambesis qui enterre non pas un, mais trois projets musicaux d’un seul coup grâce à son séjour en zonzon où il pourra parfaire la courbe de ses biceps… Parfait, ça laissait le champ libre à des groupes de Metalcore/Deathcore intéressants, comme All Shall Perish. Las, Suicide Silence ne s’est pas contenté de vider le portefeuille de ses fans avec un concert hommage et un DVD dudit show… Non, ces cons ont débauché Eddie Hermida, le frontman d’ASP. Dans un premier temps, Eddie a tenu à rassurer ses collègues d’ASP, en affirmant pouvoir mener de front sa carrière dans les deux groupes, mais les exigences du management de Suicide Silence ont vite débouché sur un départ forcé d’Eddie qui se concentre désormais sur son nouveau groupe. En étouffant un de ses plus gros concurrents, Suicide Silence revient malheureusement d’entre les morts avec un album pour le moins superflu.

Parce que le seul intérêt de You Can’t Stop Me, c’est Eddie. Eddie est un putain de frontman, que j’ai eu la chance de voir en live avec All Shall Perish, et il fait partie de ces chanteurs salement doués qui savent jouer sur plusieurs registres, du growl au shriek, sans la moindre difficulté. D’un point de vue purement objectif, Eddie est meilleur que Mitch, n’en déplaise à tous les fanboys qui pleurnichent encore depuis l’arrivée du nouveau frontman. Pour le reste, sur le plan purement musical, Suicide Silence n’a pas changé. C’est générique au possible. Prenez le single « You Can’t Stop Me » : Eddie, tu as quitté ASP pour CA ? Un morceau comme on en entend par dizaines, un final pataud à rallonge… Tout ce qui fait trembler le fond du slip des fans, tout ce qui file des ulcères à ceux qui déplorent l’avènement du Deathcore.

Non, l’arrivée d’un frontman doué n’a pas sauvé un groupe. Au contraire, il en a tué un autre (momentanément, espérons-le) et maintient artificiellement en vie une formation qui capitalise simplement sur une fanbase énorme (près de 4 millions de fans pour Suicide Silence contre 650.000 pour All Shall Perish). Je ne comprends toujours pas la décision d’Eddie, qui lâche la proie pour l’ombre (et n'abordons pas le cas d'un Corpsegrinder qui est venu se paumer sur cette galette pour un guest famélique). Apparemment, il doit être plus glorieux de faire du Deathcore de base qui plaît aux moutons que d’être la voix d’un des rares groupes innovants du genre, quitte à ne pas faire l’unanimité.

Mister Patate (rendez-nous All Shall Perish/10)

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Nuclear Blast Records / 2014
Tracklist (xx:xx) 1. M.A.L. 2. Inherit the Crown 3. Cease to Exist 4. Sacred Words 5. Control (feat. George "Corpsegrinder" Fisher) 6. Warrior 7. You Can't Stop Me (Lyrics by Mitch Lucker) 8. Monster Within (feat. Greg Puciato) 9. We Have All Had Enough 10. Ending Is the Beginning (Rerecorded from Suicide Silence EP) 11. Don't Die 12. Ouroboros