Deux ans ont passé depuis la sortie de The Cadaverous Retaliation Agenda, le premier effort de The Project Hate à avoir vu le jour à la suite d’une campagne de crowdfunding, et le moins que l’on puisse dire, c’est que Lord K n’a pas chômé pendant cette période. Quelques semaines plus tard, il reprenait sa guitare pour composer un digne successeur à TCRA. Après une nouvelle campagne de récolte de fonds et un nouveau passage dans les studios de Dan Swanö, The Project Hate MCMXCIX a frappé fort, le jour de Noël, en sortant un des albums les plus ambitieux que j’ai jamais entendus.

Sur le plan de la composition, The Project Hate a encore franchi un palier. On pouvait taxer Lord K de vantardise et d’autosuffisance avant d’entendre ce nouvel album, mais je ne peux que lui donner raison : cet album est vraiment unique. Chaque plage est truffée de détails, de petits éléments disséminés ici et là et pourtant si bien intégrés à l’ensemble. Rien n’est gratuit, rien n’est fortuit, tout se tient parfaitement. Là où tellement de groupes s’égarent dans la complexité, TPH garde une cohérence magistrale.

Autre atout indéniable de cet album : la qualité de la production. On connaît le talent de Dan Swanö, mais le résultat final, en l’occurrence, est superbe. L’écoute de cet album au format FLAC avec un casque de qualité est un vrai régal pour les oreilles. Chaque instrument est à sa place, puissant, clair, sans pour autant empiéter sur ses voisins. La basse, par exemple, cette éternelle oubliée dans trop de productions, bénéficie ici d’une place à part entière et d’un son monstrueux.

Mais ce son ne serait rien sans la qualité des différents musiciens, et à ce niveau, deux performances ressortent selon moi du lot. Tout d’abord, celle de Dirk Verbeuren à la batterie. Aucun record de vitesse n’est battu, certes, mais l’ensemble de sa prestation est précise et variée en diable. Lord K avait dit vouloir s’entourer des meilleurs, et le choix de Dirk est en effet plus que judicieux. Ensuite, il y a le travail de composition de Lord K à la guitare, et là, on touche au sublime au niveau du riffing et des ambiances (raaah ces passages de guitare sèche sur « You I Smite », par exemple), le tout étant encore magnifié par les soli composés pour l’occasion par Lars Johansson (Candlemass). Rien que sur le plan instrumental, cet album est déjà une réussite insolente. Ça tombe bien, la version instrumentale est fournie aussi.

Et le chant, dans tout ça ? Les growls de J sont toujours aussi impressionnants, et je trouve même qu’il a gagné en clarté, comme si ses lignes de chant étaient plus articulées. La différence majeure par rapport aux opus précédents, par contre, est le chant féminin. Une fois de plus, Lord K a changé de chanteuse et a jeté son dévolu sur Ellinor Asp. Comme à chaque changement de chanteuse, j’imagine qu’elle aura ses partisans et ses détracteurs. Personnellement, je trouve que son timbre plus éraillé s’intègre mieux à la musique du groupe que celui de toutes les autres chanteuses qui ont participé aux albums précédents, mais je pourrais comprendre que certains apprécieront moins. Une question de goût. Au niveau des guests, on notera notamment l’apparition d’Erik Rundqvist (Vomitory), Ross Dolan (Immolation), Richard Sjunnesson (Unguided)  et de Lawrence Macrory (F.K.Ü./Darkane)… Que du beau monde, en somme !

Loin des labels, sans véritable promotion et en comptant uniquement sur ses fans, Lord K a su concrétiser sa vision, la traduire en un album prodigieux. Actuellement uniquement disponible au format électronique via http://www.theprojecthate.net/, There Is No Earth I Will Leave Unscorched devrait, comme son prédécesseur, voir aussi le jour au format CD à un tirage très limité. On regrettera qu’un album d’une telle qualité reste confidentiel alors que les labels nous survendent de la merde ou de vieilles gloires sur le retour. C’est la vie. Et la vie est une pute.

Mister Porn (9,5/10)

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Autoproduction / 2014
Tracklist (79:51) 1. Holy Ground Is Not Safe Anymore 2. Behold As I Become The Great Cold Betrayer 3. You I Smite, Servant Of Light 4. Defy Those Words Of Who Was, Who Is And Who Is To Come 5. Into The Mouth Of Belial 6. The Gospel Of The Flesh And All His Sins