oshy_28032015_ForeigA l’image de ce que fait Pierre Le Pape avec son projet MELTED SPACE, il faut être un peu dingue, inconscient ou sûr de son fait pour se lancer ainsi, de nos jours, dans la composition et l’enregistrement d’un opéra rock. Plus complexe, chronophage et casse-gueule, je vois difficilement pire. Et en plus vous n’avez pas le droit à l’erreur car vous serez immédiatement comparé aux meilleurs. Et cet exercice s’avère souvent cruel pour les plus faibles. Notre candidat courageux du jour se nomme Ivan Jacquin (PSYCHANOÏA, LIFESSKER PROJECT ONE…) et n’a pas hésité à se lancer dans cette folle aventure. Pour mener à bien ce projet, il n’a pas manqué d’ambition en regroupant autour de lui pas moins de onze chanteurs et chanteuses interprétant chacun un personnage, un chœur mixte de quatorze personnes et une vingtaine de musiciens métal/rock, classiques ou exotiques. Mais tout le monde n’est pas THE WHO, GENESIS ou AYREON et il va falloir nous prouver que le jeu en valait la chandelle.

Tout opéra-rock nécessite un concept, une histoire à raconter et ce disque se construit autour de la quête millénaire de Ahasvérus, juif maudit par Jésus, condamné à l'immortalité pour lui avoir refusé un peu d'eau sur le chemin de sa crucifixion (le déclic pour Ivan Jacquin venant de la lecture du livre de Jean d'Ormesson Histoire du Juif Errant). Le projet sera composé de trois parties distinctes, et la première partie qui nous intéresse ici couvre l'histoire de l'an 33 à 1100. Pour finir sur la forme, signalons que le disque se présente sous la forme d’un beau digipak, pas foufou côté graphisme mais sérieux et soigné. Ivan Jacquin n’a pas été timide sur la quantité de musique avec un disque gavé pour près de soixante-douze minutes de musiques.

Les débuts arabisants et électro du premier titre instrumental, « Ahasverus » tente de fixer une ambiance, une atmosphère dans laquelle l’auditeur pourra s’immerger et vivre à fond cette histoire. La carte de l’éclectisme se voit joué d’entrée et fonctionne plutôt bien. FOREIGN développe chanson après chanson un rock très mélodique. Le tout se veut très agréable et accessible, quelque touches plus énervées ici et là permettront d’adapter l’agressivité et l’intensité de la musique aux évolutions scénaristiques. Dans la globalité, The Symphony of the Wandering Jew – Part I est un disque très varié qui parvient à éviter l’écueil de l’ennui ou de la lassitude en mettant en œuvre différents styles tout en conservant un ancrage rock progressif. La multiplicité des intervenants et des thèmes mélodiques permet à l’album de connaître un renouvellement régulier et l’auditeur pourra à chaque fois se demander ce qui l’attend sur la chanson suivante. A plusieurs reprises, j’ai retrouvé avec FOREIGN un goût très prononcé d’AYREON, période Into the Electric Castle et Universal Migrator Part 1: The Dream Sequencer ou encore Ian Anderson (JETHRO TULL) et son récent Homo Erraticus (chronique ici).

Vous m’accorderez que ces comparaisons s’avèrent plutôt flatteuses et Ivan Jacquin peut être fier du travail accompli ici. Tout n’est pas génial mais il faut saluer la bonne tenue de l’ensemble et la masse de travail abattue. Les différents intervenants offrent de belles prestations même si certains chanteurs laissent poindre une trace d’accent français un peu trop prononcé à mon goût. Et je dois bien avouer ne pas en connaître un seul, honte sur moi sans doute. Les noms de Florian Pothiat, Thierry Marquez, Chloé Albares, Jeannick Valleur, Cathy Bontant, Camille Borrelly, Carole Rakotovel, Geoffrey Baumont ou encore Marie Desdemone Xolin me sont inconnus, je n’ai aucune idée de leur background en dehors de ce projet. Même chose du côté des musiciens. Si je devais apporter une autre légère critique, la production du disque bien que tout à fait correcte manque de panache et de puissance par rapport aux ténors du genre cités ci-dessus. Même là aussi, les budgets alloués ne sont pas les mêmes.

Ivan Jacquin n’a pas eu peur de se lancer et les faits lui donnent raison. Il faudra attendre d’avoir écouté le triptyque prévu pour se faire une opinion d’ensemble mais cette première partie s’avère tout à fait intéressante, à la fois riche et accessible. Mais il ne s’endort par sur ses lauriers et prépare déjà très activement la deuxième partie. Certains des musiciens qui l’accompagneront dans cette nouvelle aventure ont déjà été annoncés. L’avenir s’annonce riche de promesses. Si vous aimez l’exercice de l’album concept, FOREIGN devrait largement vous séduire. Ce disque est disponible en vente et téléchargement sur http://www.upmystore.com, http://www.quadrifonic.com/fr et http://foreignrockopera.bandcamp.com

Oshyrya (7,5/10)

 

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Autoproduction / 2015

Tracklist (72:18 mn) 01. Ahasverus 02. Cursed 03. The Running 04. Eternal Enemies 05. Eternity Part I 06. Xuanzang 07. The Quest 08. Juan Esperandios (Lost in different lands) 09. Activated 10. By the sea 11. Eternity Part II 12. The Worst Pain Ever Felt 13. Medeivel