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01. Avec BEYOND THE STYX, de quel côté l’auditeur doit-il se placer, du côté des vivants ou de celui des morts ?

Emile Styx : C’est plutôt à l’auditeur de se poser cette question, nous essayons simplement de l’inviter au voyage. C’est une descente aux enfers, certes, mais certains en sont revenus, l’aller / retour est possible.

 

02. Peux-tu présenter à nos lecteurs BEYOND THE STYX ?

Le groupe est composé de cinq personnes et nous proposons un métal hardcore alternatif, on parle alors de post métal hardcore histoire d’interpeler les gens. Tu trouveras donc batterie, chant, basse, guitare lead et guitare rythmique. Nous sommes actifs depuis 2011 et nous comptons à ce jour une soixantaine de concerts à notre actif et nous sommes originaires de Tours. Nous essayons donc de conjuguer toutes ces influences pour créer une chimère musicale.

 

03. Je fais appelle à votre esprit de synthèse, pourriez-vous me résumer le groupe en trois mots :

Adrien X : je dirais, humain pour les valeurs et le contact, l’échange, le groupe… et puis une expression pour bien nous résumer : « qui veut arracher ». Ce n’est pas très français mais cela résume bien notre esprit et notre démarche. On veut y aller, montrer ce que nous savons faire. Il y a un côté défouloir, que les gens s’amusent à nos concerts et que nous nous amusions aussi de notre côté sur scène.

Emile Styx : je dirais intègre, authentique et chimérique.

 

04. Quel est votre état d’esprit une semaine après la sortie de Leviathanima, quels sentiments dominent sur ce disque avec le recul ?

Emile Styx : je dirais l’impatience…

Adrien X : Oui l’impatience de pouvoir enfin le défendre vis-à-vis du public et aussi une certaine satisfaction du travail accompli.

Emile Styx: Vraiment l’impatience de pouvoir rencontrer les gens, de pouvoir leur présenter notre travail, certains voudront écouter avant de nous voir sur scène, d’autres ce sera l’inverse. Une fan est venue nous voir en nous disant je l’ai votre album mais je voulais vous voir avant de l’écouter sur disque. On a des gens bizarres qui nous suivent (rires).

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05. Comment s’opère la magie au sein du groupe et nait une nouvelle chanson ? Au niveau des paroles quel message voulez-vous mettre en avant ?

Adrien X : on fonctionne toujours un peu de la même manière avec des guitaristes qui arrivent avec des idées, des riffs, et qui imbriquent déjà un peu tout cela. Nous écoutons tous ensembles et ensuite tout est retravaillé avec chacun qui apporte sa touche, oui non, nous faisons des arrangements et nous avançons jusqu’à trouver le résultat final qui plait à tous.

Emile Styx : Moi je ne suis pas tout à fait d’accord. Il y a effectivement une phase de pré-composition avec les guitaristes et moi. Là c’est étincelle, mais déjà un travail collaboratif. Après la base rythmique apporte son grand de sel et tisse l’enveloppe, l’ossature et parfois aussi vient déstructurer l’ensemble pour que cela puisse convenir à tout le monde. Et par la suite, le chant arrive, il arrive en dernier alors que, oui tu as raison, je suis partie prenante dès le début. L’angoisse de la page blanche je l’ai par moment mais cela m’arrive moins. Et je pensais avoir peu de temps et finalement douze titres en dix mois environs c’est pas mal.

Nous avions douze titres et finalement nous en avons retirés deux. Cela s’est bien fait pour la rédaction des paroles. Pour cela j’ai pas mal de manière de procéder. Il y a parfois des thématiques que je n’ai jamais abordé et que j’ai envie de voir traitées par le groupe, d’autres que je me suis forcé à aborder car comme je le dis souvent je suis avant tout un interprète de la musique. Oui je suis impliqué dès le début mais tout part quand même d’abord de la musique et j’estime que cette musique appelle en moi au développement de certains thèmes, comme si je lisais entre les notes.

Mais je comprends que cela puisse paraitre farfelu mais c’est pourtant ainsi que je vois les choses. J’ai des carnets, oui, des notes, des citations, je note des phrases de livres, de films, de choses qui m’interpellent ici ou là. Je travaille dans mon coin mais il y a ensuite un rendu et une communication, des échanges avec le reste du groupe. Ils ont un droit de regards dessus et jusqu’ici j’ai toujours eu carte blanche mais si un élément des paroles bloquait, je serai prêt à le retravailler.

Adrien X : Si besoin personnellement, je pourrais intervenir sur le rythme, le phrasé que sur le contenu même des paroles. Pour cela, le groupe à toute confiance dans son chanteur. Je ne touche pas au texte lui-même. Sur les chœurs par exemple nous travaillons plus tous ensembles.

 

06. Avez-vous eu à un moment donné, à vos débuts par exemple, de chanter en français ?

Adrien X : Non pas du tout.

Emile Styx : Non effectivement mais si moi, personnellement, j’ai pu avoir cette tentation sur une chanson, mais je ne l’ai jamais proposée. La grande majorité du temps, j’écris en français et ensuite je traduis en anglais. Il est arrivé que je rédige direct en anglais mais cela reste l’exception et cela reste moins concluant. Il est important de travailler dans ma langue natale car je métaphorise beaucoup. Mais cela reste compliqué d’adapter ces images françaises à la langue et l’univers culturel anglais. Cela ne fonctionne pas du tout de la même façon. Sans vouloir paraître immodeste, le rédige sous forme de poème, pas de simple parole et cela complique donc encore, souvent, la transposition en anglais.

Donc j’ai pu avoir la tentation mais je n’ai jamais osé me lancer car la musique, celle qui m’a été proposée ne s’y prêtait pas je trouve. Mais si j’avais eu l’occasion, je pense que je serai alors allé jusqu’au bout de ma démarche. Un jour peut-être. Mais cela ne sonne pas pareil. Il n’y a pas de calcul mercantile derrière ce choix, RAMMSTEIN a prouvé que l’on pouvait connaître le succès en chantant en allemand. Cela peut être pareil avec le français, regardes Mireille Matthieu ou même Patricia Kaas ! (rires). Plus sérieusement, ce serait pour moi un peu trop m’exposer. Je me cache derrière l’anglais et il faudra que je sois prêt à me dévoiler avec un super texte, qui peut faire mal, pour passer au français. Cela serait une mise à nues, très écorché.

 

07. Que pouvez-vous nous dire des sessions d'enregistrement de Leviathanima et le calendrier de réalisation ?

Adrien X : Neuf mois pour composer l’album, avec un rythme très intense, trois répétitions par semaine pour travailler encore et encore les chansons. Vu notre manière de travailler, le procédé expliqué précédemment, afin que tout le monde puisse intégrer sa patte dans nos, chansons, cela prend du temps. Une chanson prend en moyenne un mois, on ne sait pas faire mieux pour maintenir nos standards. On jette des choses, on avance et puis à certains moments, nous revenons en arrière, nous changeons de direction… Donc neuf mois pour composer l’album, dix-huit jours d’enregistrement pour mettre en boite toutes les prises et puis départ pour les États-Unis pour le mixage environ quinze jours.

Il y a forcément une émotion particulière au moment de recevoir les pistes mixées. J’avais moi les prises brutes car je me suis chargé de les envoyer pour le mixage. Je les avais bien écoutées pour les garder bien en tête. Nous avions bien sûr tout écouté en studio mais, avec quinze jours de recul je pouvais avoir une oreille neuve sur notre travail. Et puis les envoyer aux USA en se demandant comme cela allait revenir…

Dès que j’ai vu que Jamie King nous avait renvoyé les pistes, j’étais super excité. Nous avons dû recevoir le tout à 11h30 du matin et dès que je suis sorti du boulot, à 12h01, j’avais tout téléchargé et j’étais en train de l’écouter alors que j’étais encore au boulot mais ce n’était pas grave. Nous avions donné à la personne en charge du mixage quelques pistes en lui disant que « ça ou ça nous aimerions bien mais c’est toi qui est derrière les manettes donc nous te laissons faire ».

Emile Styx : Il y avait bien sûr un risque, mais nous l’avions limité en lui faisant parvenir l’EP, il avait écouté et nous avait répondu que cela lui plaisait. Donc même si le style était clairement différent, car on est passé sur quelque chose de plus incisif, l’esprit était là et la confiance aussi.

Adrien X : Nous avions confiance en lui et d’ailleurs même si finalement, il nous avait proposé autre chose, par rapport à ce que nous avions en tête, cela aurait pu être intéressant de réfléchir à cette autre façon d’aborder nos chansons. Cela aurait pu aussi parfaitement fonctionner. On se pose beaucoup de question, in reste une forte incertitude sur chaque chanson, nous étions ouverts.

Nous avons fait le choix des morceaux en pré-production sur les douze et nous n’avons fait mixer que les dix titres choisis. Les deux chansons laissées de côté ne sont pas jeter mais elles sont rangées. Pour un disque de face B si un jour un label le propose pourquoi pas.

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08. Avez-vous changé votre façon de travailler par rapport à Sloughing off the Shades ?

Adrien X : oui car à l’époque déjà nous ne composions pas tout à fait pareil. Du temps de l’EP nous n’avions pas le même line-up donc une philosophie et des moyens pas identiques. Nous répétions moins et les enjeux d’égo étaient différents. Pour l’EP j’étais sur place, pour composer et ensuite j’ai dû bouger sur Paris pour des besoins professionnels. J’étais moins présent la semaine et là plus les week-ends. On a fonctionné différemment sur ce disque.

 

09. Comment avez-vous travaillé l’aspect visuel comme la pochette ?

Emile Styx : L’artiste qui a réalisé le visuel de cet album était déjà en charge de celui de notre précédent EP. Pour ce premier disque nous avions clairement une volonté chimérique mais le visuel était, à mon sens, très réussi mais trop matérialisable. Là, l’idée était vraiment de rendre la chimère diffuse, clairement perdre le visuel dans les méandres, tous ces nœuds, ces hexagrammes. Chacun regarde la pochette avec sa sensibilité et voit ou pas un sens à ce maelstrom. Nous n’avons pas caché de symbolique cachée dans la pochette à moins que l’artiste nous cache certaines choses. Par contre le choix de la couleur, le turquoise, était fait pour casser les codes.

Adrien X : Avec Ghislain pour l’EP nous lui avions donné de la matière, il avait écouté les morceaux et il nous a alors fait plusieurs propositions. Là pour l’album, nous avions l’envie de retravailler avec lui et nous lui avons juste dit que musicalement nous avancions, nous progressions et nous changions donc qu’il fallait qu’il nous propose quelque chose pour le groupe actuel, pas du passé. Et il est arrivé avec une planche et c’était d’emblée la bonne. Rien n’était à ajouter.

Emile Styx : Bien sûr il y a eu quelques ajouts, adaptations. Vous avez eu la version digipak qui était interdit à la vente et depuis le visuel a légèrement évolué. Il y a un livret à l’intérieur qui n’existe pas sur le promo. La couleur et le côté un peu « pourri » avec ces tâches de bleu sont voulus. Certains fans nous ont écrit en nous demandant si c’était normal que leur CD soit tâché et oui c’est normal. Cela peut interpelé mais l’idée était vraiment de casser, casser avec ces codes de noirs, rouges, blancs même si nous ne faisons pas du stoner psychédélique.

 

10. Et le tournage de la vidéo SanctuarINK, vous aimez cet exercice ?

Adrien X : Pour moi, c’est comme en studio, faire des choses pour avoir une finalité. C’est sympa sur une journée mais au bout d’un moment cela pourrait être trop fatiguant. Deux jours et moi j’étais présent sur toutes les prises su début jusqu’à la fin. Nous avons joué le morceau je ne sais plus combien de fois et à la fin de la journée tu satures quand même. Mais cela reste agréable d’avoir ce clip à la fin.

Emile Styx : Ce que j’ai trouvé de plus difficile a été de faire avancer la partie scénarisée. Elle n’est pas gigantesque et pourtant tout n’a pas pu être gardé car certaine chose ne rendait pas comme souhaité et là tu découvres une part de frustration. Sur certaines images que j’étais ou que certains attendaient… Nous avons tourné de nuit, pas trois ou quatre degrés. Quand on voit en débardeur sur une chaise sous une ruine de prieuré, il ne fait pas super chaud. Quand il y a de la brume, parfois c’est effectivement de la vraie brume pas de la fumée créée pour l’effet.

Donc cela fait partie du jeu de faire et de ne pas le conserver si cela ne convient pas. Mais cela me donne envie de poursuivre. Et Alban nous a bien épaulé et nous a sauvé un peu la mise car ce n’était pas le réalisateur prévu à la base sur ce scénario. Nous avons eu un problème de dernière minute avec l’équipe du réalisateur et donc nous avons du changer de réalisateur à la dernière minute. Le travail en amont sur les détails est gigantesque. Avoir un gros portefeuille, contrairement à nous, aide bien sûr.

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11. Comment as-tu abordé ton chant car ta palette reste assez impressionante…

Emile Styx : J’ai beaucoup évolué au niveau de mon approche car techniquement j’ai dû me renouveler. L’expérience des concerts m’a obligé à travailler et gagner en coffre. Je ne voulais pas avoir la même voix en chant criard tout au long de l’album, je voulais pouvoir apporter autre chose. Pour le chant guttural, j’ai tenu à en mettre un peu moins et à côté de cela à pouvoir l’agrémenté à d’autres moments avec du pig squealing par exemple plus proche du grind sur certains titres.

Mais ce fut complétement volontaire car cela avait du sens. Certains n’aiment pas le changement de voix, cela les saoulent et je peux le comprendre. Certains n’aiment pas non plus ma voix tout court. Donc tant qu’à faire autant que je me fasse plaisir quitte à faire chier les gens. Donc tout cela va créer de la discussion donc de l’échange. Je partage quelque chose, que les gens se rencontrent.

 

12. Vous venez d’attaquer le Rootless Tour. Comment cela se passe-t-il ?

Adrien X : Cela se passe très bien. La toute première date était super importante car il s’agissait aussi de notre release party. Nous avions fait le choix artistique d’être dans une vraie salle de concert pour cette release pour avoir le son et l’espace scénique nécessaire. Les deux shows suivants ont été eux aussi très positifs, de bons retours, donc pour l’instant, tout va bien. On ira ne Suisse, on Belgique également…

C’est un peu spécial car jusqu’à juin, nous n’allons tourner que des jeudis, vendredis et samedis pour des questions d’emploi du temps. Donc les dates se déroulent chaque semaine mais pas tous les jours. Et nous avons déjà fait des tournées avec des concerts qui s’enchaînent chaque jour. Mais nous préparons une autre tournée pour un peu plus tard.

 

13. Comment voyez-vous la scène métal française ?

Adrien X :Une grande diversité avec un problème lié au manque d’endroits de petie configuration pour jouer. Les cafés concerts se meurent pour des raisons budgétaires. Il manque beaucoup de dsalle autour de 150 places pour accueillir plusieurs groupes. En tournant nous voyons la richesse de notre scène nationale, beaucoup de groupes locaux de grande qualité.

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Et enfin "Le Quizz De Metal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview :

01. Quelle est ta chanson préférée (tous artistes, époques…) ?

“My Own Summer (Shove It)”, le premier titre d’Around the Fur des DEFTONES

 

02. Premier album rock acheté ?

Un MARYLIN MANSON je pense, Hollywood, je pense.

 

03. Dernier album acheté ?

THE ACACIA STRAIN avec Coma Witch

 

04. L’étincelle qui a créé ta volonté d’être batteur ?

C’est mon père qui est lui-même batteur, il a une formation plutôt jazz. Et il m’a donné envie en le voyant. J’ai fait 15 ans de piano avant mais la batterie m’attirait beaucoup.

 

Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)

 

Chronique de l’album ici

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