Cattle_Decapitation_-_The_Anthropocene_ExtinctionCattle Decapitation n’est pas un groupe comme les autres. Ainsi, de l’aveu de son leader Travis Ryan, le temps qui passe permet au groupe d’avancer avec de moins en moins de pression, car il a de moins en moins à perdre. Le résultat de cet esprit : une audace peu commune. Là où trop de groupes s’enferment dans un carcan réducteur, Cattle Decapitation a choisi la voie inverse, celle de l’expérimentation, où rien n’est exclu a priori, du moment que ces nouveaux éléments apportent un plus au propos.

Dès l’opener, Cattle Decapitation se montre ainsi sous un jour différent, posé, à la fois monolithique et mélodique, presque épique. Rien que sur le plan musical, ce morceau est captivant de par sa complexité, mais il prend tout son sens, toute son ampleur grâce au(x) chant(s) de Travis Ryan. Certes, il n’en est pas à son coup d’essai (et ses passages chez Murder Construct et Nader Sadek sont, eux aussi, d’une efficacité rare), mais l’impression que me donne cet album est que le seul chanteur qui convient pour ce groupe est Travis Ryan : la musique est renforcée par le chant, le chant est magnifié par la musique.

Tout au long de l’album, Cattle Decapitation prend un malin plaisir à brouiller les pistes, à nous mener par le bout du nez. Les cassures de rythme sont légion, certains morceaux passant ainsi d’un presque mid-tempo à une accélération radicale pour mieux lever le pied et asséner un rythme ravageur qui fera céder toute résistance. Flirtant tantôt avec le grindcore, tantôt avec le Black Metal (dans certains riffings, certaines ambiances), sans oublier une petite dose de mélodie qui vient « alléger » l’album, The Anthropocene Extinction est un album coup de poing, un réquisitoire sabre au clair contre le virus humain qui tue la Terre à petit feu. Au niveau des textes (et toujours selon Travis Ryan), il s’agit là de l’album le plus déprimant de Cattle Decapitation. Il n’y a pas d’espoir, pas de happy ending. La bande son de la fin du monde, c’est maintenant, et Travis Ryan en est la voix.

À la fois terriblement familier et pourtant si différent : Cattle Decapitation a de nouveau réussi la prouesse de sortir un album qui suscite des sentiments opposés. Les fans de l’opus précédent apprécieront. Les détracteurs de l’opus précédent pourraient aussi apprécier. Tout fan de Metal brutal qui se respecte devrait apprécier.

Mister Porn (9,5/10)

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Metal Blade Records / 2015
Tracklist (46:09) 1. Manufactured Extinct 2. The Prophets of Loss 3. Plagueborne 4. Clandestine Ways (Krokodil Rot) 5. Circo Inhumanitas 6. The Burden of Seven Billion 7. Mammals in Babylon 8. Mutual Assured Destruction 9. Not Suitable For Life 10. Apex Blasphemy 11. Ave Exitium 12. Pacific Grim