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01. Quel est ton sentiment sur cette nouvelle aventure dans la vie du groupe avec ce nouvel album, Haven ?

Tommy Karevik : Tout d’abord nous en sommes très heureux et satisfaits, ce fut un long voyage, c’est toujours le cas quand tu veux créer quelque chose de nouveau. Et ce fut bien du travail avec une toute nouvelle énergie que nous avons essayé d'insuffler à ce disque. Mais nous très heureux, très très heureux du résultat. Et nous sommes tellement impatients de pouvoir le partager, il est particulièrement douloureux de devoir attendre avant que le public puisse s’en emparer et l’écouter. Bien sûr il existe toujours, oui toujours, des craintes face aux réactions que cela va créer. C’est un peu un voyage sur des montagnes russes. Tu fais de ton mieux, ton maximum et puis ce qui doit se passer se passera. A partir de ce moment-là, la suite ne t’appartient plus et autant que cela sorte le plus tôt possible. Et pour moi, personnellement, il s’agit toujours d’un sentiment fort de pouvoir ainsi faire quelquechose, sortir quelquechose et tu termines le travail avec le sentiment du devoir accompli. Cela devient alors de l’excitation qui reste frustrée jusqu’au moment de la sortie réelle. Certains aimeront, d’autres moins, mais ce disque est vraiment vraiment cool.

Je ne ressens pas une pression supplémentaire avec KAMELOT du fait du nombre plus important de gens que cela touchera par rapport à mes autres groupes. Une tension existe mais est venue plutôt du tourbillon lié au changement de chanteur. J’ai pris la place d’un chanteur qui était très populaire et bien connu des fans au sein d’un groupe possédant un statut et une réputation de haut niveau. Donc cela pouvait être intimidant, un peu effrayant à certains moments, mais je me suis vite rendu compte du fait que j’étais l’homme que j’étais et que je ne pouvais être que moi.

Et je ferai de mon mieux pour que les anciens albums puissent briller car ces chansons avant que j’arrive là seront toujours là et constituent l’identité du groupe. Personne ne retirera cela de KAMELOT. Donc je travaille pour rendre hommage à l’héritage du groupe en apportant bien sur également quelque chose de nouveau. J’espère que les gens ont compris ma démarche et cela semble le cas car tellement de fans ont su très bien m’accueillir à mon arrivée.

 

02. Si l’on revient un moment sur la période Silverthorn. Que retiens-tu de cette époque ?

Oui et si je devais ne retenir qu’un souvenir, ce serait mon premier concert avec KAMELOT en tant que chanteur du groupe. Nous étions alors en République Tchèque lors du Festival Masters of Rock. Nous avions 35 000 personnes devant nous, le soleil brillait, mon premier concert avec le groupe et ce fut génial, tu sais. Un concert parfait pour cette nouvelle aventure. Le groupe était soulagé, j’étais moi-même soulagé et très très heureux. Je savais qu’il fallait que je me lance, que je passe par cette épreuve, et je l’ai fait.

J’ai essayé de ne pas me prendre la tête et ne pas gamberger avant. Il me fallait y aller, en guerrier, et faire ce que je fais de mieux. Je ne voulais pas savoir combien de spectateurs seraient là, j’ai écouté l’intro, j’ai écouté beaucoup de bruit de la part des fans, des cris, des encouragements et j’ai alors pensé que cela allait être génial. Je suis passé par bien des sentiments.

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03. La similitude entre ta voix et celle de Roy (NDLR : Kahn ex-chanteur) est assez frappante. De ton point de vue, cette similitude a-t-elle pu t’aider ou eu contraire de poser problème au moment où tu as dû te confronter aux chansons des anciens albums du groupe ?

Afin de pouvoir faire du bon travail avec un nouveau groupe et donner son meilleur pour le nouvel album, il te faut forcément t’intéresser à l’héritage et au passé de ce groupe. Et avoir fait cette démarche a aussi pu m’aider à être accepté car cela me semblerait bizarre et malvenu de venir et de changer complétement le son du groupe car j’aurais sonné complétement différemment. Et je ne pense que les fans auraient approuvé une telle façon d’agir. Donc bien sûr j’ai fait mes devoirs, j’ai fait mes recherches pour comprendre l’essence du groupe, sa marque de fabrique, ses mélodies, et savoir comment KAMELOT pourrait sonner avec moi. Cela me permettait alors de me fondre dans ce collectif et de proposer aux gens l’expérience KAMELOT, quelque soit le chanteur devant eux. Tout ne gardant à l’esprit un grand respect et une continuité avec le passé, je me dois aussi d’innover et d’apporter de la nouveauté.

De mon point de vue, ce que j’apporte de nouveau sur la table est à chercher du côté de la relation, de la connexion que je parviens à créer avec les fans. Peut-être que je peux avoir des postures ou des mouvements assez proches de ce que proposait mon prédécesseur, je ne sais pas mais je n’ai jamais fait la démarche consciente. Je n’ai pas étudié la gestuelle de Roy car mon comportement reflète aussi ce que je comprends de la musique, ce qu’elle me dit. Le groupe possède une grande dimension théâtrale et tu sens devoir faire certains mouvements sur telle chanson. Sur scène lors des concerts, j’apporte ce lien avec le public, ce que ne faisait pas forcément Roy, il prenait plus de distance et restait parfois un peu en retrait.

Moi j’essaye d’être là, présent lors de ce concert, concentré sur mon environnement et les gens qui me font face : j’ai besoin de sentir le public à travers des contacts entre les regards, les touches à certains moments. Je fais que ce que je trouvais cool quand j’étais moi-même spectateur et que j’allais voir des groupes sur scène. Avoir l’impression que tel musicien me regarde, joue ou chante pour moi, me donne un médiateur ou autre chose, mais qu’à un moment ou un autre je sois rentré en contact avec lui. Et j’essaye de donna cela aux gens.

 

04. Il s’agit de ton deuxième album avec le groupe après Silverthorn. Ta relation avec le groupe et en particulier Thomas qui reste le leader a-t-elle changé, évolué entre ces deux albums ?

Bien sûr nous nous connaissons tous personnellement, bien mieux maintenant après avoir passé toutes ces semaines ensembles. Et donc il existe désormais une relation, une connexion encore bien meilleure. Et je pense que tu peux l’entendre dans la musique également. Nous sommes quatre compositeurs dans le groupe, Thomas (Youngblood), Oliver (Palotai), Sascha (Paeth) et moi et je travaille en relation très proche avec lui. Nous travaillons comme une équipe, je le rejoins et nous travaillons ensemble très étroitement. Je contribue au niveau des mélodies, des paroles, des structures des chansons, un peu au niveau de la musique. C’est un travail d’équipe, chacun apporte sa contribution propose quelque chose sur la table et ensuite tout cela est mélangé et sert à définir le son de KAMELOT.

 

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05. Que peux-tu nous dire de la composition et de l’enregistrement de Haven. Avez-vous changé votre façon de travailler par rapport à Silverthorn ?

D’habitude cela commence avec quelques idées sur l’orientation que prendrait le nouvel album. Après la fin de la tournée le groupe a pris du repos mais moi pas vraiment car je mène également d’autres projets. Ensuite l’inspiration revient progressivement pour KAMELOT et tu commences à t’y mettre sérieusement. Je dirais que cela représente environ une année de travail intense et difficile. Et cela s’entend, nous avons beaucoup travaillé. Je me balade toujours avec un moyen d’enregistrer sur moi et dès qu’une idée ou qu’une mélodie me vient, je l’enregistre sur mon téléphone, parfois je me réveille au milieu de la nuit pour cela. Il y sans doute des milliers d’idées dans mon téléphone au moment où nous nous parlons mais seulement quelque unes seront utilisées et deviendront quelque chose de concret.

Ensuite nous nous envoyons entre nous des démos par internet et nous demandons l’avis de chacun. Bien sûr une partie du groupe vit aux Etats-Unis et une autre partie en Europe donc il est plus simple de passer par ce processus pour préparer le disque. Nous nous faisons des suggestions et rien n’est véritablement terminé jusqu’au moment où le master est bouclé. Là, tout est terminé. Avant cela, les changements sont incessants. Ces allers retours sont nécessaires mais quand tu es dedans cela semble durée une éternité. Certaines idées ont été travaillées pour ce disque et finalement n’ont pas été utilisé et n’apparaissent pas ici. Elles ne semblaient pas répondre aux thèmes que nous voulions développer ou cela ne sonnait pas assez comme du KAMELOT.

Nous faisons très attention aux rythmes, que nous distillons les émotions que nous souhaitons mettre en avant. Il faut que le voyage s’apparente à des montagnes russes pour l’auditeur, ce ne peut pas être que des titres rapides, ou des titres lents, pou puissants, il faut des pics et des bas émotionnels. Nous n’avions rien conservé de la période Silverthorn, tout avait été utilisé, nous sommes partis d’une feuille blanche. Mais à la fin nous avions plus que nécessaire et donc il nous fallait faire des choix.

 

06. Vu de l’extérieur, on se dit que le groupe se réunit au moment d’attaquer un nouvel album et discute de l’orientation musicale à venir. Est-ce que cela se passe ainsi pour vous et quelle était votre démarche pour ce nouvel opus ?

Oui absolument et nous avions déjà parlé de cela il y a déjà assez longtemps, lors de la tournée par exemple. Nous décidons alors de ce que nous voulons dire, des valeurs ou des idées que nous voulons mettre en avant. Et nous étions tous d’accord sur l’idée d’avoir une touche plus moderne dans notre musique, des influences indus ici et là. Et nous avions également parlé des thèmes que nous voulions voir abordés : ce monde futuriste, sombre et dystopique qui en même temps peut refléter les problématiques du présent. Et avec le recul, nous sommes allées avec Haven exactement où nous voulions aller, il reflète bien nos projets du début. Et ce n’est pas toujours le cas car il est très semble de dévier de son chemin sans même s’en rendre compte.

 

07. Dans ses thèmes ou son univers, KAMELOT ne semble pas être un groupe heureux ou en tout optimiste. En tant qu’artiste, trouves-tu plus de créativité dans les sujets sombres ?

Oui et pourtant sur Haven tu trouveras ici des passages plus positifs et chargés d’espoir, sur un refrain ici etc… Pour moi, je vois aussi dans ce disque quelques éléments plus lumineux. Mais oui dans l’ensemble le paysage est plutôt sombre, mélancolique. Et cela correspond bien à l’esprit de l’album car nous voulions justement peindre une image de ce monde sombre qui est en train de s’effondrer. Tout le monde est extrêmement stressé, un exemple avec les média sociaux qui atteignent certains extrêmes, tout allant de plus en plus vite, les gens regardant plus facilement leur téléphone que les uns et les autres.

Oui ce monde sombre, égoïste et froid que nous dépeignons n’est pas très positif mais il reste cependant de la lumière, de l’espoir. Nous pouvons changer ce que nous faisons, nous pouvons retrouver la situation. Par exemple avec « Under Grey Skies », il y a l’idée d’une certaine beauté de la naïveté, même si tu ne crois pas en toi, moi je crois en toi. Je sais que tu as quelque chose de magnifique au fond de toi et que tu peux donc faire le bien même si tu ne le crois pas toi-même. Le message peut être positif, n’abandonnez pas, vous pouvez changer les choses.

 

08. Pour ce nouvel album, vous avez quitté SPV pour Napalm Records, pourquoi ?

Tu devrais poser la question à Thomas mais nous avons simplement reçu une très bonne offre de leur part. Cela dépend à chaque fin de contrat quelle est la situation du groupe et si nous sommes attractifs pour les différents labels. Le label a-t-il la même vision et le même projet que nous pour le groupe. Quelle est leur vision au niveau de la promotion… Thomas a géré cela a été séduit par les idées et propositions de Napalm. Nous sommes une de leurs premières priorités et ils nous heureux de nous avoir et nous sommes heureux d’être chez eux.

09. KAMELOT ses dernières années a eu l’habitude de proposer de très beaux vidéos clip comme pour « Sacrimony ». Qu’est-ce qui est prévu pour Haven ?

Oui tu as raison, c’est important pour nous et nous avons déjà mis en boite deux clips. Je ne peux pas t’en dire plus mais les deux vidéos seront connectées. Comme par le passé, le résultat est très soigné, il y a un vrai côté interactif, nous jouons des rôles avec d’autres personnages en plus du groupe. Cela va tuer franchement, je suis impatient de pouvoir faire découvrir cela à tout le monde. J’aime beaucoup cet exercice mais si au premier abord cela peut vraiment être intimidant. Nous utilisons beaucoup les écrans vers pour pouvoir ensuite incruster l’image dans un univers. Mais tu te retrouves tout seul dans une grande pièce verte et tes seules aides viennent de ton imagination. Tu ne vois rien, tu ne peux qu’imaginer le rendu final.

C’est très difficile il faut être vraiment un acteur pour se sentir à l’aise avec cela et ce n’est pas simple comme exercice. Cela représente un véritable défi pour moi. Je découvre les choses presque comme le fan. Dans « Sacrimony » nous évoluons dans un château mais en réalité il n’y avait pas de château, simplement une pièce verte. Et tu travailles avec un producteur qui essaye de te donner une vision de ce qui se passera pour te permettre d’évoluer correctement. Il te décrit la scène, te demandant de décrire les choses de telle ou telle façon. Parfois la première prise est la bonne parfois il en faut une vingtaine. Nous avons tourné deux vidéos en deux jours. Ce fut des journées particulièrement longues et nous avons réalisé ces vidéos en Serbie. C’est également là que nous avions mis en boite « Sacrimony » et « My Confession ». Nous connaissons les gens sur place, tout le monde est très cool.

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10. Comment avez-vous travaillé l’aspect visuel comme la pochette ?

Nous avons encore une fois travaillé en très étroite collaboration avec Stephan Heilemann. Nous luis fournissons les paroles des chansons et il peut alors s’en imprégner et se les approprier pour les transformer en images. Chaque détail est travaillé car certains correspondent à certaines paroles, au niveau du livret également il y a des références ici et là. C’est un travail pointilleux mais c’est ainsi que nous agissons. Nous le précisons les scènes cruciales des chansons et nous lui demandons donc de les illustrer et alors il les incorpore. Il propose alors un premier jet et nous discutons, modifions tel ou tel détail… C’est un processus très long. Je n’étais pas spécialement impliqué cette fois-ci mais Stephan a sa façon de travailler et nous la respectons. Il est super talentueux et j’aime beaucoup cette pochette.

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11. Quelles sont tes principales influences, passées et contemporaines ?

En grandissant, je n’écoutais pas du tout du métal et j’avais 15 ou 16 ans quand j’ai été initié en écoutant un titre de DREAM THEATER. Et cela m’a plu, j’ai senti un lien avec cette musique. Avant cela j’écoutais des choses plus habituelles, mon héros reste Michael Jackson. Et c’est de la là que je viens musicalement parlant: Pop / rock, de QUEEN, TOTO de la country, je n’écoute pas beaucoup de métal en fait, je préfère des choses plus simples à écouter. Dans mon travail avec KAMELOT, tout est assez fort et puissant et donc je préfère un certain calme pour me détendre. J’aime les contrastes.

 

Et enfin "Le Quizz de Metal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview:

01. Quelle est ta chanson préférée (tous artistes, époques…) ?

« The Show Must Go On » de QUEEN

 

02. Premier album rock acheté ?

Le premier cd que j’ai eu… cela devait être 4 Non Blondes (rires). Sinon au niveau rock le SONATA ARCTICA avec Ecliptica.

 

03. Dernier album acheté ?

Lars Winnerbäck avec son album Hosianna

 

04. L’étincelle qui a créé ta volonté d’être chanteur ?

SONATA ARCTICA car je suis immédiatement tombé amoureux de leur musique: les mélodies et le talent de composition sont impressionnants. Et aussi DREAM THEATER avec Scenes from a Memory.

 

Tous nos remerciements à H.I.M.MEDIA

 

Chronique de l’album ici

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