oshy_19062015_LindemaPOUR :

LINDEMANN où la rencontre de deux monstres sacrés de la galaxie métal. Ce projet ne pouvait que susciter des attentes montreuses et n’était-il pas d’avance voué à l’échec ? Le premier single allait déchainer (à juste titre) les passions (ici), votre serviteur, en fan transi de RAMMSTEIN et en grand amateur de PAIN, se voilait la face et prenait malgré tout du plaisir à l’écoute de ce « Praise Abort » pas génial mais dont le refrain tournait en boucle dans ma tête (c’est grave docteur ?). Nos pires craintes se faisaient jour: des mélodies faciles comme le super talentueux Tägtgren sait en pondre quinze par jour, un chant en anglais mal assuré et franchement ridicule dans ses paroles et cerise sur la gateau un clip racoleur au possible. Mais l’espoir aidant, nous nous accrochions au mince espoir que cette chanson n’était qu’un épiphénomène et que Skills in Pills, le disque, allait avoir bien plus à nous offrir.

Et je suis heureux, soulagé même (il n'est jamais agréable de voir deux de ses "héros" se vautrer)  d’écrire que OUI, l'album vaut le coup et les quinze euros dépensés. Après moult écoutes, ce disque répond finalement à nos attentes et nous promet de longues heures de plaisir (pour de nombreuses années). On retrouve le meilleur des deux mondes, la voix caverneuse et hyper expressive de Lindemann mêlé au sens inné de la mélodie qui claque et du super refrain de Tägtgren. Vous ne m’enlèverez cependant pas l’idée que le chant en allemand aurait été préférable et que le côté malsain/porno de certaines paroles ne sert à rien. Mais en dehors de cela un paquet de titres sur Skills in Pills m’ont donné une patate d’enfer. Franchement comment résister au refrain de « Skills in Pills », aux claviers (faciles oui) et aux rythmiques bétons de « Ladyboy » et, de façon surprenante, à la poésie, la douceur d’un « Children of the Sun », d'un « Yukon » ou d'un « Home Sweet Home » ? Cette figure d'un Janus à deux visages, d'un côté scato et bourrin complété en miroir de touches sensibles et poétiques, résume bien la complexité (ou l'opportunisme) du personnage. Les autres titres ne sont pas en reste avec des « Fat », « Fish On » tout à fait honorables. Tout n’est pas absolument génial mais l’efficacité s’avère être au rendez-vous. On pouvait craindre une catastrophe industrielle et on se retrouve finalement avec un disque assez jouissif.

Il me semble retrouver ici et là la recette d’un RAMMSTEIN aux mélodies simples mais accrocheuses, le tout présenté dans un écrin fait de puissance et de force, à coup de riffs furieux complétés de rythmiques martiales. La patte de Peter Tägtgren est omniprésente et certains ne manqueront pas de noter certaines ressemblances avec des tubes de PAIN comme « End Of The Line » ou « Shut Your Mouth ». Après tout, ces chansons sortent du même esprit (malade). Mais le suédois n’arrive pas à la cheville de Lindemann au chant et ce dernier amène les chansons du premier à un tout autre niveau. Skills in Pills est varié avec des titres bien rapides, bourrins côtoyant des compositions plus posées comme « Home Sweet Home ». C’est encore une fois la même recette que RAMMSTEIN avec des « Mutter » ou « Ohne Dich » venant faire descendre la furia indus des teutons. Avec un Tägtgren aux commandes, vous devinez d’avance que la production est aux petits oignons, à la fois super puissante et très limpide. Rien à redire de ce côté-là.

Finalement le fan que je suis est ravi de cet album qui ne risque pas de quitter ma platine et mon lecteur mp3 avant un paquet de semaines. Oui le résultat s’avère être sans surprise pour ceux qui connaissent l’univers des deux bonshommes mais les craintes nées de « Praise Abort » se sont rapidement envolées. LINDEMANN est loin d’être un projet parfait, les critiques justifiées sont nombreuses mais tant pis, j’ai pris un pied fou !

Oshyrya (08/10)

 

CONTRE

J’ai déjà exposé un avis préalable lors de la sortie de « Praise Abort ». Vous direz donc que je pars avec un a priori crapuleux, que Lindemann n’a aucune chance de trouver grâce à mes yeux et que je vais simplement me faire un malin plaisir à conchier allègrement cette galette. C’est mal me connaître. Comme mon estimé confrère Oshyrya, je suis un fan de tout ce que Till et Peter ont fait dans leur carrière, peut-être même plus que lui (je doute qu’il ait jeté une oreille sur The Abyss) et, malgré la déconvenue de « Praise Abort » et mon inquiétude, je gardais une étincelle d’espoir au fond de moi-même. Après tout, les albums parfaits de bout en bout se comptent sur le doigt d’une main, et le premier single était peut-être donc un simple faux-pas sur cette galette.
Mais non, j’ai beau aligner les écoutes, Skills In Pills est une déception amère, à plus forte raison parce qu’il ne s’agit pas du naufrage absolu que j’attendais. Et le sauveteur ici ne s’appelle pas Till, mais bien Peter. 
Parce que oui, au final, si Skills In Pills n’est pas une catastrophe totale, c’est uniquement grâce à la faculté de Peter de pondre des morceaux catchy as fuck sans tomber dans la facilité crasse. « Praise Abort » est donc, après plusieurs écoutes, un des morceaux les moins efficaces, loin derrière un « Fish On » à la rythmique qui fait secouer les tignasses et son ambiance à mi-chemin entre Rammstein et Pain, ou l’énorme « Fat » et ses orchestrations et son riff pachydermique. Deux constats s’imposent donc :
1. Peter est le maillon fort de ce projet
2. (vous voyez où je veux en venir, non ?)
Voilà, vous avez tout compris, je le prédisais déjà dans mon article précédent et cela se confirme ici : avec Lindemann, Till sombre dans l’auto-parodie, la provoc’ à deux balles (c’est tellement pénible par moments, on dirait du Bad Tripes au niveau des textes), comme si « Pussy » était un mètre-étalon, une référence à suivre. Et finalement, c’est quand il s’écarte de son image de gros lourd libidineux qu’il excelle, avec un « Children Of The Sun » à mille lieues du très mauvais « Golden Shower » (ce brave Till veut gagner l’Urovision avec celle-là ?).
Et c’est justement les quelques bons titres qui me donnent envie d’être si sévère envers Lindemann. Skills In Pills ne parvient que trop rarement à s’élever au-dessus du niveau de la ceinture. Aurais-je été plus indulgent si les textes avaient été moins stupides ? Peut-être, parce que sur un plan purement musical, il y a de l’idée, il y a du bon… Mais Peter aurait pu (dû) exploiter ces idées dans Pain plutôt que de laisser Till les gâcher.

Mister Porn (3/10)

 

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Warner / 2015

Tracklist (45:07 mn) : 01. Skills In Pills 02. Ladyboy 03. Fat 04. Fish On 05. Children Of The Sun 06. Home Sweet Home 07. Cowboy 08. Golden Shower 09. Yukon 10. Praise Abort 11. That's My Heart