Entre Marduk et la guerre, il existe une connexion. Que ce soit sur le désormais culte Panzer Division Marduk ou sur le radical Iron Dawn (sans oublier quelques incursions sur le terrain des hostilités avec Plague Angel), les Suédois – et plus particulièrement Morgan – avaient écrit en quelque sorte la bande originale des conflits de ce monde, impitoyable dans sa violence. 16 ans après Panzer Division Marduk, le groupe consacre à nouveau un nouvel album à la guerre et ses champs de bataille. Mortuus ayant prouvé sur scène qu’il peut rendre Panzer Division Marduk encore plus bestial, on aurait pu s’attendre à une déferlante incessante de blastbeats, mais c’est aussi justement Mortuus qui a su sortir le groupe de l’ornière sur Plague Angel et, depuis son arrivée, le groupe a su aussi mieux intégrer le mid-tempo dans ses compos. « Frontschwein ne serait donc pas une pure orgie de haine, et ce n’est pas plus mal », m’étais-je dit.

Frontschwein démarre en trombe, sans hésitation ni samples et prend à la gorge avec un titre éponyme particulièrement efficace. Le riffing est solide et presque mélodique, la section rythmique s’en donne à cœur joie et Mortuus dégueule sa haine… mais le soufflé se casse la gueule dès le deuxième morceau, là où l’album aurait justement dû passer la surmultipliée et tout détruite sur son passage. « The Blond Beast » ne passe pas. Et pourtant, j’apprécie beaucoup les morceaux atypiques du groupe, à l’instar du mélancolique « Summer’s End » sur La Grande Danse Macabre, pour ne citer que lui. Ici, rien n’y fait : le poum tchack simpliste de la batterie rend le morceau faible, certainement au regard de la doublette « Afrika »-« Wartheland » juste après. Marduk lâche à nouveau les chiens avant de revenir à un mid-tempo trompeur et menaçant. 3 morceaux sur 4, le bilan reste plus que positif, mais il manque ensuite à ce Frontschwein un petit quelque chose pour être aussi mémorable, aussi abouti qu’un Rom 5:12. Alors oui, Frontschwein propose encore son lot de morceaux dans la plus pure veine du Black Metal du groupe (on citera « Rope Of Regret », déjà proposé en avant-goût sur la toile), et Mortuus réussit même la prouesse de repousser encore ses limites en matière de violence et de rapidité de débit sur « Thousand-Fold Death », mais ces réussites sont contrebalancées par d’autres titres moins mémorables, tirés en longueur, comme ces « Nebelwerfer » et « 503 » qui semblent n’en pas finir.

Au final, Frontschwein suscite des sentiments contraires. D’un côté, il y a une certaine joie. Marduk a su capter la thématique de Panzer Division Marduk et la couler dans un cadre moins rigide, plus varié, et le résultat, dans l’ensemble, est plutôt réussi. Cependant, je ressens aucun quelques regrets, d’une part en raison de ces quelques morceaux moins inspirés qui viennent tirer l’album vers le bas et, d’autre part, par cette question qui me taraude : Frontschwein n’aurait-il pas été un Panzer Division Marduk 2.0 encore plus ravageur si le groupe avait opté pour la même approche radicale que celle du groupe à l’aube de l’an 2000 ? Nous ne le saurons jamais, mais j’ai l’impression que le groupe avait toutes les cartes en mains pour dépasser Panzer Division Marduk de la tête et des épaules.

Mister Porn (8/10)

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Century Media Records / 2014
Tracklist (52:35) 1. Frontschwein 2. The Blond Beast 3. Afrika 4. Wartheland 5. Rope Of Regret 6. Between The Wolf-Packs 7. Nebelwerfer 8. Falaise: Cauldron Of Blood 9. Doomsday Elite 10. 503 11. Thousand-Fold Death