Condition-Hüman-200x200Tout semble réglé dans l’univers de Queensrÿche : les trois membres fondateurs du combo de Seattle ont donc obtenu le droit sur le nom de Queensrÿche et Geoff Tate conserve celui de jouer in extenso Operation Mindcrime en concert. Cela ne signifie en rien que l’ex-chanteur de Queensrÿche se place dans la continuité du disque mythique du groupe puisque son premier album se veut résolument moderne. Ce n’est pas la voie empruntée par Michael Wilton, Eddie Jackson et Scott Rockenfield associés à Todd La Torre et Parker Lundgren (rescapé de l’époque Tate), comme on avait pu le constater sur le disque précédent du groupe, Queensrÿche, qui se voulait un retour au style posé dans les années 80. Le disque était bon mais souffrait de deux défauts : il était trop court et la production n’était pas à la hauteur des attentes. Mais il recelait quelques excellents titres qui montraient que ce n’était sans doute pas à Geoff Tate de prendre le relais de Chris DeGarmo comme principal compositeur du groupe.

Des défauts réglés

Ici, sur Condition Hüman, ces deux défauts ont été écartés puisque le disque est d’une longueur tout à fait satisfaisante (54 minutes) et est très bien produit. Pour finir il est sans doute supérieur à son prédécesseur en terme de qualité de composition. Non qu’il soit parfait car il recèle quelques titres corrects mais un peu quelconques comme « All There Was » ou même « Arrow Of Time » qui ouvre de manière bien banale le disque du fait de ses influences à la Maiden trop manifestes. Mais cela ne doit pas occulter les chansons totalement réussies. Dans un genre heavy et puissant, citons « Guardian » dont le break est excellent et qui a donné logiquement lieu à un clip. Ou aussi le superbe « Hellfire » sur lequel les somptueuses vocalises de La Torre se font moins proches de celles de Tate et rappellent parfois un peu celles d’Halford. Après une ouverture agressive, le groupe ralentit doucement le rythme en proposant trois morceaux plus mid-tempo et d’ailleurs un peu plus « modernisants » (« Selfish Lives » ou « Eyes9 »), mais d’une modernisation respectueuse du style originel du groupe. Toute référence aux tentatives de l’ancien chanteur de Queensrÿche serait évidemment fortuite…

Un sommet sans doute en fin de disque

Le sommet du disque est selon moi atteint sur la fin du disque. Deux ballades s’avèrent totalement magiques : « Bulletproof » voit un La Torre absolument impérial et « Just Us » est gorgée d’émotion au diable. Certes La Torre chante définitivement « à la manière de », mais le résultat est impressionnant. Citons aussi un morceau de haute tenue : « Hourglass » dans une veine plus nettement progressive mais qui est une vraie réussite. Le clou attendu est la pièce la plus ambitieuse qui finit l’album : « The Aftermath » enchaîné à « Condition Hüman » pour presque 9 minutes de suite. Sans atteindre les sommets de « Suite Sister Mary », c’est une très belle réussite sur laquelle brille – signalons encore une fois – La Torre.

Au final, on peut dire que Michael Wilton (principal compositeur et qui aurait dû l’être depuis longtemps) a bien travaillé, il est vrai aidé par les très belles prestations des autres membres du groupe. Scott Rockenfield n’avait plus joué de la batterie avec tant de fougue depuis bien vingt ans ! Condition Hüman est un disque de Queensrÿche certes respectueux d’une identité très endommagée il y a encore peu, mais de très bonne tenue car il ne se montre par pour autant totalement conservateur. Et surtout il prouve une réelle fraîcheur qui indique bien que les musiciens prennent de nouveau plaisir à être ensemble et à jouer la musique qui leur correspond.

Baptiste (8/10)

Century Media / 2015

Tracklist : 01. Arrow Of Time 02. Guardian 03. Hellfire 04. Toxic Remedy 05. Selfish Lives 06. Eye9 07. Bulletproof 08. Hourglass 09. Just Us 10. All There Was 11. The Aftermath 12. Condition Hüman