oshy_23042015_SilentliCela tient sans doute beaucoup du hasard, à la liste des labels qui font, à juste titre, confiance à cette humble rédaction depuis des années (2001 !) mais la scène métal italienne semble être plus que jamais vivace et foisonnante. Les plus grincheux me répondront que la qualité reste très varibale et il serait difficile de leur donner tort. Signalons quand même que, grâce aux technologies modernes, les productions indignes et contre-productives qui ont fait la (mauvaise) réputation de bien des groupes de l’autre côté des Alpes s’avèrent être bel et bien du passé. Nous ne sommes pas forcément aux niveaux des ténors scandinaves ou allemands mais les progrès sont tout à fait notables.

Donc dans la famille Italie, je voudrais aujourd’hui la carte métal gothique avec chanteuse. Cela tombe bien, SILENTLIE correspond tout à fait à cette description. Né à Trieste en 2005, les translapins n’avaient pu nous proposer, jusqu’à présent, que deux EPs: Behind My Face puis Blood Under Snow (2013). Mais il fallait que nos amis se jettent à l’eau et accouche enfin d’un premier album, Layers of Nothing. Histoire de mettre tous les atouts de son côté, SILENTLIE a enregistré et mixé ces chansons aux Fear Studios (EXTREMA, DGM) de Ravenne avant de faire masteriser le tout en Finlande par Mika Jussila (NIGHTWISH , CHILDREN OF BODOM) aux Finnvox Studios d’Helsinki. Vu le nombre d’albums qu’il traite chaque année, ce dernier voit vraiment passer de tout et doit parfois se désespérer à l’écoute de certains groupes. Mais bon l’argent n’a pas d’odeur et il faut bien faire tourner la boutique.

Je me demande ce que Jussila a bien pu penser de SILENTLIE. Après tout le cocktail proposé par les italiens n’est pas mauvais sans pourtant créer beaucoup de surprise. En effet, il est ici question de métal gothique/dark s'amusant à mélanger des sonorités brutes et modernes à des atmosphères froides et pesantes. Au petit jeu des ressemblances, viennent à l’esprit surtout TRISTANIA ou sinon THEATRE OF TRAGEDY. Il s’avère difficile à SILENTLIE de pouvoir concurrencer à ces groupes. L’approche est plus directe, moins subtile et fondamentalement plus rock. Le registre vocal de Giorgia Sacco Taz qui assure le chant sur ce disque y fait beaucoup. Son timbre assez grave est loin d’être désagréable mais elle n’atteint pas la maestria d’une Liv Kristine ou d’une Mariangela Demurtas. C’est même parfois un peu bourrin (« Slave »). Mais plus grave, les compostions manquent d’attractivité et peine à capturer sur la longueur l’attention de l’auditeur. Layers of Nothing ressemble à un long tunnel sans que les chansons ne varient assez le propos ou les rythmes évitant ainsi l’émergence rapide d’une certaine lassitude. Quelques refrains très efficaces comme sur « Unbreakable » ou « Invisible Fall » laissent percevoir un joli potentiel mais SILENTLIE ne capitalise pas assez sur ces bonnes idées. Les écoutes de l’album s’enchaînent et il ne reste que bien peu de chose à chaque fois dans l’esprit de l’auditeur.

Je dois être devenu un chroniqueur aigri quand je lis les propos dithyrambiques de certains de mes confrères. Le travail de SILENTLIE reste bien entendu très respectable et les italiens n’ont pas à rougir de cet album mais de là à lui conférer des notes stratosphériques, il y a là un pas qui me semble infranchissable. Ecoutez le Darkest White (chronique ici) de TRISTANIA ou n’importe quel disque de CREMATORY pour comprendre que SILENTLIE ne boxe pas dans la même catégorie. Le groupe est encore jeune et doit encore beaucoup progressé pour venir titiller les meilleurs. Terminons par une touche plus positive avec la très belle pochette de ce disque signée d’un de nos compatriotes Pierre-Alain D. de 3mmi Design

Oshyrya (06/10)

 

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Bakerteam Records / 2015

Tracklist (47:12 mn) 01. Unbreakable 02. Invisible Fall 03. Layers Of Nothing 04. Slave 05. My Scream Is Silence 06. The Worst Enemy 07. Change 08. We Are Wolves 09. Anger 10. Dark Nights