slayerrepentlessPour moi, Slayer est mort avec Jeff. Je me souviens exactement du jour de son décès, la préparation du matos pour la route vers le Neurotic Deathfest, les albums de Slayer dans la bagnole, « War Ensemble » à pleins tubes dans la voiture pendant que Castor était parti se chercher à bouffer au Subway à deux pas du 013. C’était la fin d’une ère, et je m’étais juré que tout ce qui viendrait du groupe après cette date funeste ne me toucherait plus. Même si Jeff était absent depuis des mois et que Gary assurait un intérim plus que convaincant. Même si Jeff n’était qu’un quart du groupe (mais quel quart !)…

Et aujourd’hui, quatorze ans presque jour pour jour après la sortie de God Hates Us All et l’effondrement des Twin Towers, je suis là, devant mon PC, à me repasser encore et encore Repentless, le premier opus du groupe sans Jeff, LE compositeur de (presque) tous les hymnes du groupe. Ajoutez à cela le départ forcé de Dave Lombardo (remplacé par Paul Bostaph) et il y a de quoi être inquiet. Mes craintes étaient-elles fondées ? Kerry King a-t-il su faire oublier Jeff ? Slayer fait-il toujours du Slayer ?

Ce qui va suivre est loin d’être objectif. Si l’objectivité était une personne, je lui pèterais les rotules et je lui pisserais sur la gueule. Slayer n’est pas un simple groupe pour moi. Slayer est un des piliers, un repère. Alors oui, je risque d’être plus indulgent (ou justement plus sévère) envers la bande à Kerry qu’envers les autres…

Kiff direct ?

D’un côté, il y a le kiff direct, les morceaux qui font mouche sans pour autant devenir des classiques immédiats. Je pense notamment à « Relentless » et son intro « Delusions Of Saviour » qui, même s’il n’a pas la force de frappe d’un diptyque « Darkness Of Christ » / « Disciple », fait son petit effet en opener, ou à « Implode » et la nouvelle version d’« Atrocity Vendor » qui ont un petit « je ne sais quoi » de sympa. On est loin des brûlots du groupe qui font voler les ratiches à la ronde, mais Slayer a déjà chié ce genre de compos sur les albums précédents sans que personne ne crie à la mort ou à l’imposture.

(C’est ici que vous devez dire que je suis bien trop indulgent)

Mais d’un autre côté, Slayer se vautre aussi plusieurs fois dans la facilité, quand il ne passe pas pour un lion édenté sur plusieurs morceaux d’une pauvreté flagrante. « Cast The First Stone », « Piano Wire » (le dernier morceau composé par Jeff, reconnaissons-le… on comprend d’ailleurs pourquoi il ne l’a jamais finalisé et on se demande pourquoi Kerry a tenu à le coller sur cette galette), « When The Stillness Comes »… autant de morceaux qui me laissent de marbre, qui ne réveillent rien en moi. Le genre de compos que je range sur la même étagère que la majorité des compos de Diabolus In Musica. L’étagère qui prend la poussière.

Autre point négatif : le dernier morceau. Si vous regardez bien la plupart des albums du groupe, le dernier morceau était synonyme de conclusion en coup de poing : « Raining Blood », « Seasons In The Abyss » et, dans une autre mesure mais tout de même, « Payback », « Supremist » ou « Not Of This God ». Slayer mettait un point d’honneur à coller un bon point final à ses albums. « Pride And Prejudice » peut difficilement rivaliser avec ces compos et brise en quelque sorte une tradition.

« Mon » Slayer est mort

Je n’arrive pas à détester cet album. Même s’il est loin d’être prodigieux, même si un ep de 5 titres aurait été plus judicieux, même si, à mes yeux, Slayer est bel et bien mort avec Jeff. « Mon » Slayer est mort. Alors, comment juger cet album sans tout ce passif ? Comment faire abstraction de ce passif, de ces émotions qu’éveillent en moi les albums de Slayer que j’ai usés jusqu’à la corde. C’est impossible. En termes d’émotions et de ressenti, Relentless se place au-dessus de Diabolus In Musica. Avec ses quelques compos efficaces, il parvient à faire illusion un court instant avant que la raison l’emporte à nouveau et que les « mauvais » morceaux ne viennent rappeler qu’on est loin du niveau d’un Divine Intervention (qui est pourtant loin d’être mon album favori de Slayer).

Mon cœur me hurle de lui coller au moins un 6,66/10. Mon cerveau peine à concevoir une note supérieure à 4. Un 5/10 contentera tout le monde… même si cet album n’était franchement pas nécessaire et vient même, à mes yeux, écorner une discographie où les fautes de goût étaient très rares et compensées par des chefs-d’œuvre incontournables. Slayer de la retraite.

Mister Brute Force (5/10)

 

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Nuclear Blast Records / 2015

Tracklist (41:57) 1. Delusions of Saviour 2. Repentless 3. Take Control 4. Vices 5. Cast the First Stone 6. When the Stillness Comes 7. Chasing Death 8. Implode 9. Piano Wire 10. Atrocity Vendor 11. You Against You 12. Pride in Prejudice