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Björn Strid l'avait annoncé : il était très fier du premier album de The Night Flight Orchestra, Internal Affairs, et ferait tout en sorte que son groupe soit pérenne. Il a tenu parole puisque trois ans après Internal Affairs, The Night Flight Orchestra est de retour avec ce Skyline Whispers. Et d'une bien belle manière car ces « Murmures de ligne d'horizon » ne déparent en rien le groupe à côté de son premier essai déjà très concluant. 

Rien n'a bougé dans l'optique : du classic rock tel qu'on l'appréciait sur les radios US à la fin des années 70, voire au début des années 80. Le tout doté de quelques nuances pop et AOR qui font incroyablement mouche à l'image de l'énorme single « Living For The Nighttime » dont le refrain aurait été repris en cœur dans des stades entiers si ce disque avait eu l'heur de sortir il y a trente ans. De même quand on vient de Soilwork, clore un disque sur un titre qui n'aurait pas dépareillé sur un album de Journey ou de Survivor comme « Floridian Eyes », il fallait le faire. Et le faire avant tant de succès est encore plus bluffant. 

Accroche immédiate

La schizophrénie semble donc total par rapport à ce que fait Soilwork dont Björn Strid et David Andersson sont aussi membres, si on ne connaissait pas déjà la capacité deu groupe de Death suédois à s'aventurer avec beaucoup d'aisance sur des sentiers musicaux variés. Et parfois, on entend quelques réminiscences (bien que très discrètes) des vocalises agressives de Strid (sur la première partie de « Lady Jane »). Mais globalement l'orientation est totalement rétro, les paroles légères voire futiles de l'album (« Stiletto ») étant au diapason. 

Il serait facile de faire de Björn Strid le héros de cet album tant il éclabousse de son talent et de ses mélodies vocales Skyline Whispers, de telle sorte que l'album fonctionne quasiment comme une usine à tubes (« I Ain't Old, I Ain't Young », « Lady Jane » et j'en passe). Il faut pourtant rendre justice aux musiciens, à la pléthore de bon riffs de David Andersson (« Roads Less Traveled ») et au groove souvent insolent qui se dégage ici (« All The Ladies » qui ferait remuerait même un neurasthénique). Même quand la direction musicale est dépouillée au possible, elle est toujours totalement maîtrisée. 

Des musiciens en plein maîtrise

Et quand le propos se fait plus ambitieux, il n'y aucune défaillance. L'écoute de « Spanish Ghost » et sa belle introduction à la guitare sèche qui lance un morceau franchement lyrique, est là en guise de constat irréfutable. Ou celle des parties de basse bondissante sur le rapide « Demon Princess » qui indique bien le très bon travail fait par Sharlee D'Angelo, qui culmine sur un break « purplesque » en diable, Richard Larsson se lâchant à l'orgue et Strid s'époumonant comme le jeune Ian Gillan. Le point d'orgue est constitué de « The Heather Reports » et de ses dix minutes de musique intégrant une belle jam et fort belles parties de guitare.

Un humaniste allemand de la Renaissance avait dit de ses écrits très inspirés de l'Antiquité classique : « Tout est de moi et rien de moi ». Il serait bien tentant de coller cet aphorisme à The Night Flight Orchestra qui colle à un ensemble d'influences avec la plus grande déférence. Il n'en reste pas moins qu'avec ce Skyline Whispers il propose un nouveau disque de classic rock de très haute volée qu'on ne se lassera pas d'écouter et de réécouter durant un année qui s'annonce chaud.

Baptiste (8,5/10)

 

Coroner Records / 2015

Tracklist : 01. Sail On 02. Living For The Nighttime 03. Stiletto 04. Owaranai Palisades 05. Lady Jade 06. I Ain’t Old, I Ain’t Young 07. All the Ladies 08. Spanish Ghosts 09. Demon Princess 10. Skyline Whispers 11. Roads Less Traveled 12. The Heather Reports