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01. Peux-tu présenter à nos lecteurs WILDPATH ?

Marjolaine Bernard : C’est un groupe de métal qui existe depuis un peu plus de dix ans. Nous avons jusqu’à présent publié quatre albums dont le dernier est sorti début février. Avec le line-up contemporain nous évoluons depuis 2008, tous les six ensembles et nous avons pu compléter trois albums.

 

02. Quel est votre état d’esprit trois semaines après la sortie du nouvel opus, quels sentiments dominent sur ce disque avec le recul ?

Pierre Mahier : Pour nous ce n’est ni du stress ni un soulagement car l’aventure de ce nouvel album ne fait que commencer, cela ne se termine pas avec la sortie. Oui l’album est sorti, nous avons de très bons retours.

MB : Oui car il est sorti début février mais nous le proposons en prévente depuis décembre en réalité. Et en plus, nous avons donné un concert en janvier et donc avoir un retour direct du public à cette occasion-là. Donc cela nous donne un peu de recul.

PM : Maintenant nous sommes dans une dynamique nous vous voulons vraiment le défendre, le promouvoir, le présenter sur scène, le présenter encore plus sur les réseaux sociaux, en vidéos, via des bonus. Notre objectif c’est de faire de 2015 l’année Disclosure, toute l’année Disclosure, pas de problème (rires).

MB : oui nous ne l’abandonnons pas, le disque ne vit pas tout seul et c’est à nous de le pousser encore et encore. En ce qui concerne la prévente, nous étions d’accord avec Brennus qui l’a tout à fait accepté, ce serait-ce que par l’état du marché du disque. Au final il s’agit d’autoproduction, Brennus en fait la diffusion et nous avions donc besoin de pouvoir le vendre au plus tôt pour pouvoir organiser des concerts et avancer sur d’autres projets. Et cela a été parfaitement compris et nous avons été soutenus dans ce choix. Le disque n’est pas prêt depuis six mois non plus, nous avons vraiment pris notre temps sur celui-là, on voulait de peaufiner chaque détail, être heureux de chaque note qui sortirait.

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03. Vu de l’extérieur, on se dit que le groupe se réunit au moment d’attaquer un nouvel album et discute de l’orientation musicale à venir. Est-ce que cela se passe ainsi pour vous et quelle était votre démarche pour ce nouvel opus ?

PM : On s’est tous assis et on a discuté. Depuis Underneath, nous sommes vraiment très soudés mais si un bon esprit régnait déjà auparavant en interne. Nous sommes désormais très proches, vraiment une famille, une bande de potes et nous visons tous à cent mètres les uns des autres. WILDPATH est une vraie petite communauté. Donc nous nous sommes tous retrouvés et nous sommes posés la question de savoir ce que nous voulions faire pour le prochain album.

Et nous sommes vite mis d’accord sur un point en particulier, nous voulions que le disque « tabasse » et que l’on arrête de se mettre des barrières dans un style prédéfini. Nous ne voulons pas coller au métal symphonique, au métal lyrique. Même au niveau du chant, arrêter de vouloir trouver des notes impossible, essayer dans une voie plus grave, avec plus d’impact et de chaleur.

MB : Et c’est une chance car nous sommes dix et donc trouver un terrain commun peut être difficile, chacun ayant ses affinités et son évolution personnelle qui pourraient être très opposés. Et là non, nous étions tous d’accord pour dire que le speed ne nous amusait plus autant qu’avant et on changeait les tempos, quelquechose de plus lourd, un côté électro aussi car nous en écoutons tous par ailleurs et donc nous sommes allés emprunter un peu de ce côté-là car cela nous plait tout simplement. Donc je confirme ton idée, le processus est bien passé par une réunion autour d’une table.

 

04. Comment s’opère la magie au sein du groupe et nait une nouvelle chanson ?

MB : Eh bien ce sont Alexis, claviériste, et Olivier, guitariste, qui sont les compositeurs et paroliers de WILDPATH et qui nous proposent une première mouture généralement déjà assez aboutie et nous derrière ils nous laissent une grande liberté pour retravailler nos parties chacun pour se les approprier, les apprendre, les aimer pour que nous puissions nous reconnaître dedans. Et on les retravaille avec eux et avec l’ensemble du groupe.

Chacun peut donner son avis, si moi je trouve qu’un truc sur la batterie ne me plait pas trop, j’en parlerais à Pierre. Le but du jeu c’est que nous soyons tous les six fiers de l’album dans sa globalité. Donc oui à la base, Alexis et Olivier travaillent mais cela reste au final un produit qui nous ressemble tous.

 

05. Oui mais sincèrement, c’est possible la démocratie dans un groupe ?

PM : Nous avons notre propre système démocratique, ce n’est pas un vote pour un choix mais plusieurs votes pour plusieurs choix.

MB : C’est beaucoup de discussions, nous sommes beaucoup en communication les uns avec les autres et ne pas avoir de frustration.

PM : Et si cela bloque et bien nous trouvons une autre idée pour dépasser ce blocage et qu’à la fin tout le monde soit heureux et fier du résultat. Il n’y a pas eu un moment pour nous six, à la dernière écoute de l’album, au moment de le valider, où l’un de nous a tiqué sur un aspect ou un détail en particulier qui pourrait le gêner. Car c’est déjà arrivé sur d’autres albums et que l’on s’est dit que ce n’était pas possible. C’est notre bébé et donc il faut que cela nous corresponde à six. Et on en est fier et donc on va le défendre jusqu’au bout.

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06. Et en termes de calendrier combien de temps avez-vous pris pour finaliser chaque étape ?

MB : Eh bien cela a été finalement assez long mais nous avons la chance de pouvoir bénéficier des Wildpath studios là où nous travaillons, là où Alexis et Olivier travaillent, ce qui nous permet d’être assez souples sur la calendrier. Bien sûr nous nous fixons nous-mêmes des deadlines mais si nous les explosons ce n’est pas si grave. Nous ne réservons pas un studio quinze jours ou trois semaines et cela coûte très cher et donc tu dois tout finir dans le temps imparti. Donc cela s’est fait un plusieurs étapes.

Nous avons eu une première période de composition de quelques mois je pense, ensuite nous avons enregistré un premier morceau histoire de voir comme il allait sonner, puis nous en avons travaillé d’autres mais on les a beaucoup répétés, joués ensemble… Donc difficile de découper la période en moments définis : composition, maquettes, enregistrement… Précédemment nous avions travaillé plus en séquences, compo puis enregistrement.

PM : Pour Disclosure nous avons modifié toute notre méthode et c’était possible car comme le disait Marjo, nous avons la chance d’être en autoproduction et donc de pouvoir tout contrôler du début jusqu’à la fin, de ne pas avoir de limite de temps… Le désavantage reste bien sûr la limite de budget mais bon comme le studio nous appartient, on peut maîtriser, tant que nous ne sortons pas de ce studio, ça va. On a vraiment pris notre temps, toute la méthode de composition a changé, à l’époque Olivier et Alexis écrivait tout l’album puis chacun de nous arrivait pour poser son instrument, écrite sa partie. Nous sommes beaucoup dans l’écriture chez WILDPATH.

Là, ils ont choisi une méthode différente, il ont pris une idée pour chaque instrument et pour chaque morceau, à chaque fois, et ce qui a pu donner vie. « Ah tiens je verrai bien pour tel morceau une guitare qui ferait ça. ». Donc la guitare fait tel riff et chacun est venu se greffer là-dessus. Au lieu de partie d’une base symphonique, nous sommes partis d’une base instrumentale et métal en ajoutant le symphonique à la fin. Donc tout le processus a été mené à l’inverse ce qui, du coup, certes prends plus de temps mais on gagne en impact à la fin, d’autres couleurs ressortent alors.

MB : Cette méthode nous convenait à ce moment-là, on avait envie de prendre le temps de découvrir les morceaux, de les jouer ensemble… Maintenant on verra pour le prochain si cette méthode fait encore sens ou si nous prendrons une autre voie, nous restons très libres.

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07. Il me semble que vous avez accentué le côté froid, dur, artificiel très différent de l’ambiance d’Underneath.

PM : Nous avons eu la remarque sur « Unearthed » et donc du coup sur Underneath fatalement que c’était le premier album de WILDPATH qui sonnait joyeux. Et Alexis s’est pris la tête pendant des jours car cela n’avait pas du tout été notre impression. Donc à partir de là nous avons eu une solide remise en question. Mais en tout cas oui sur cet album, nous le voulions froid, une ambiance différente, ne serait-ce qu’à travers la pochette, un grand bâtiment blanc qui donne le vertige, l’utilisation du noir et blanc…

Il y de longues recherches sur les sons, je peux parler de la batterie pour moi. Depuis trois albums, Non Omnis Moriar, nous cherchons le son de batterie, qui sonne réel, pas de batterie synthétique et ce n’est pas facile d’enregistrer une batterie. Donc nous avons beaucoup essayé: enregistrer les cymbales à part, puis que les fûts… On a pris vraiment notre temps et nous trouvons le son de la batterie adapté, peut-être un peu froid mais si mon jeu montre beaucoup de nuances.

 

08. Dans le métal symphonique en particulier, les comparaisons avec Floor Jansen ou Tarja Turunen arrive vite pour une chanteuse. Surtout au début, est-ce que cela a pu être un frein pour toi au niveau du chant ?

MB : Je chante du métal depuis longtemps, déjà ado dans des petits groupes et donc j’ai écouté ces chanteuses et elles m’ont clairement inspirées à un moment. Cela reste des références mais désormais ce n’est pas forcément ce que j’écoute et je ne me perçois pas vraiment dans cette veine métal symphonique en tant que chanteuse. J’ai l’impression d’être une musicienne parmi d’autres musiciens mais moi je travaille simplement avec ma voix. Bien sûr il y a forcément des comparaisons, il suffit de lire les chroniques mais finalement il fois que tu as accepté que tu as un timbre, le tien, et qu’il faut travailler avec, les choses deviennent plus simples.

Bien sûr tu peux beaucoup progresser, enrichir sa technique vocale mais ton timbre reste ce qu’il est, il faut l’assumer. Ensuite tu y vas avec ta personnalité. Donc non je ne pense pas que ce soit castrateur, je ne suis pas Tarja dans le bon et le mauvais sens. Ce qu’elle fait c’est très bien mais je n’aspire forcément à cela non plus. L’essentiel est que les mélodies vocales de nos chansons nous plaisent. Que cela ressemble à X ou Y, on s’en tape. Sur ma voix, d’un album à l’autre, je ne vais pas forcément utiliser les mêmes choses. Sur ce dernier album j’ai voulu travailler plus dans les graves. Mais je ne me suis pas dit alors que je risquais d’être comparée à X ou Y.

J’avais envie de faire cela. Si tu te poses trop de questions, au bout d’un moment cela te bloque et il faut y aller sincèrement, avoir l’envie de se dépasser, on se fixe des petits défis pour avancer entre nous. Et tu espères que cela sera bien reçu mais je ne fixe pas de barrières de ce genre.

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09. Comment avez-vous travaillé l’aspect visuel comme la pochette ?

MB : Alors WILDPATH c’est une famille et nous faisons tout nous-même. Donc tous les graphismes ont été réalisés de A à Z par Alexis. Et puis pareil, même processus, la démocratie WILDPATH à l’œuvre, ils proposent des idées et ensuite on les retravaille, ils modifient etc… Bien sûr beaucoup de ce visuel est relié au concept de l’album, cela illustre ce qu’il avait en tête. Il est merveilleux.

PM : cela explique aussi la durée de genèse de l’album, il ne peut pas être au four et au moulin, et composer et travailler les visuels et faire le master, et faire le mixage final…

MB : Il y a onze visuels, un par chanson. Nous sommes partis sur un univers théâtral et donc chaque chanson a son affiche. Et elles seront d’ailleurs peut-être imprimées un jour.

 

10. Et le clip de « Petrichor » ?

PM : Et bien un des réalisateur ALLUME Prod, la boite de réalisation, n’est autre que mon frère, Edouard Mahier. Et il travaille avec Yann Philippe et ils ont tous les deux fait des études dans la réalisation de films et de courts-métrages. Ils avaient envie de travailler pour un clip, après celui déjà réalisé pour notre précédent opus (« Buried Moon »), mais nous n’avons pas appliqué les mêmes méthodes de travail. Pour l’album précédent, ils voulaient que tout soit écrit, scénarisé, des scripts, des pages et des pages car fond vert et beaucoup d’effets visuels.

Par exemple, toute la neige est faite par ordinateur, il faut se rendre compte du boulot colossal que cela représente. C’est de la folie et donc pour le deuxième ils nous ont dit vouloir quelque chose de plus « cool » avec moins de post-prod. Ils voulaient un clip beaucoup plus épuré, un beau lieu avec une mise en scène préparée, le plaisir de la belle image. Nous étions entièrement d’accord. Et donc avec Alexis, on s’est mis à écrire des idées de tableaux, des personnages qui représenteraient un caractère, une image simple et symbolique.

MB : Notre chance c’est qu’il s’agit de personnes extrêmement talentueuses et qu’elles font le maximum pour nous aider. Cela nous coûte donc le minimum, sinon nous serions incapables d’avoir un tel résultat. Pour te dire, le premier clip a été bouclé avec 2000 euros, ce que nous avions eu via Ulule, tout le reste étant du bénévolat et de l’aide, des heures de travail cadeaux. Et pour « Petrichor », nous devons être à moins de 1000 euros avec des amis pour figurants, bref des personnes qui nous soutiennent mois après mois.

 

Et enfin "Le Quizz De Metal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview:

01. Quelle est ta chanson préférée (tous artistes, époques…) ?

PM : un titre de Devin Townsend dans Physicist

MB : DEAD CAN DANCE “Sanvean” sur Toward the Within

 

02. Premier album rock acheté ?

PM : un MUSHROOMHEAD, bien bourrin !

MB : NIGHTWISH Angels Fall First

 

03. Dernier album acheté ?

PM : je passe par Spotify… THUNDERCAT le dernier album

MB : BENIGHTED SOUL Kenotic

 

04. L’étincelle qui a créé ta volonté d’être batteur ?

PM : Michael Jackson, “Billie Jean” je pense.

MB : je ne sais pas j’ai fait de la musique très tantôt, le piano au début. Puis j’ai vu un concert d’enfant et j’ai eu envie de faire de la chorale. Et depuis je n’ai jamais arrêté de chanter.

 

Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)

 

Chronique de l’album ici

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