Cela fait maintenant un peu plus de trois ans que le second album de Eryn Non Dae. Meliora (2012) est sorti. C’est donc un album qui date mais je me devais de vous en parler tant la musique de ce groupe m’a marqué au fer rouge lorsque je l’ai découverte dans le courant de l’année 2012. Sous le nom de END cette formation de la région toulousaine a sorti une démo The Never Ending Whirl of Confusion dès 2005. Eryn Non Dae. est donc en activité depuis un certain temps maintenant et il s’est fait le chantre d’un Metal polymorphe aux contours modernes et chaotiques sur son précédent album Hydra Lernaïa (2009) sorti alors via le conséquent Metal Blade Records. Une alchimie insaisissable, sombre, oppressante et violente émanait déjà de ses deux premières réalisations et bien que sonnant très Metal actuel Eryn Non Dae. se présente quand même à la marge des courants dits mainstream de la scène Metal.

Quand j’emploie le terme insaisissable je veux dire par là qu’il est très difficile de cataloguer sa musique qui est du genre à piocher sans vergogne dans différents genre du Metal et bien au-delà ! Pour vous guider un peu et vous aider à saisir ses champs de pérégrinations, Eryn Non Dae. peut parfois faire penser à un Ulcerate dans la rudesse technique de son propos ou à un Meshuggah pour ces polyrythmies et certain plans jazzy voire Tool car il reste toujours dans une approche très progressive de ses compositions. J’aurais tout aussi bien pu parler de Postcore et de Mathcore  car on retrouve certaines accroches avec ces courants et certaines tonalités Noise mais le riffing dans l’ensemble reste quand même très typé Metal d’où le choix de mes trois groupes en guise de références. Tout ça pour dire qu’il est impossible de résumer à une étiquette le contenu de sa musique mais l’emploie du terme Modern Metal se trouve ici également  approprié car Eryn Non Dae. n’est pas sans rappeler non plus les démarches de formations tels que Gojira, Grorr, Hypno5e (dont la chronique du dernier album arrive sous peu et dont j'ai la charge) ou Hacride. Du moins c’est mon point de vue !  

Pour son second album Meliora, Eryn Non Dae. délaisse Metal Blade pour rejoindre une plus petite structure M – O Music (site ici) où l’ont retrouve des groupes comme Acyl, Gokan, Holophonics, In Arkadia ou Lokurah. Le package allant de l’artwork réalisé par Romain Barbot (site ici) sur des idées de peintures de Mika (le bassiste du groupe), au digipack en passant par les illustrations du livret, est très soigné. Cette pochette sobre et sombre est vraiment adéquat car avant même d’avoir inséré le cd dans le lecteur on est pris sous son charme intrigant ! Un sans faute sur la forme donc ! 

Cet album s’inscrit dans la droite lignée des deux précédentes réalisations donc tout ce qui est dit ci-dessus y est toujours d’actualité. Cependant il développe un nuancier encore plus large. Eh oui ! Ca va encore être assez galère pour nous autres chroniqueurs à décrypter tout ça mais bon on est là pour ça en même temps ! Tout d’abords on retrouve plus d’instants contemplatifs et de moments de relâchements parfois à l’esthétique très Postrock et Progressive comme sur le break à mi parcourt de « Muto » et « Black Obsidian Pyre » ce dernier ayant le bagout d’un Neurosis lorsque la saturation pointe le bout de son nez. A d’autres moments c’est dans un trip Ambient et Drone que les compositions de Meliora épousent comme sur les entames de « Chrysalis » ou « The Great Downfall ». Mais attention car Eryn Non Dae. ne s’est pas assagit pour autant et les piques de chaos ainsi que les violentes tensions sont toujours présentes sur la quasi-totalité des morceaux, elles sont même mieux mises en valeurs par le contraste avec les zones de relâchements : des titres comme « Scarlet Rising », « Muto » ou « Ignitus »  sont vraiment très intenses. Eryn Non Dae. a souvent ouvert pour des groupes très extrêmes comme Gorguts ou Misery Index et je peux vous dire que malgré le fait qu’ils ne fassent pas du Death metal à proprement parlé, ils n’en sont pas moins intenses et violents !  Les vocaux suivent l’éventail des nuances de la musique avec brio, dès lors ils peuvent faire de brèves incursions en voix claires ou de manière chuchotée mais ils sont dans leur grande majorité hurlés et très agressifs. 

Le groupe fait preuve durant la totalité de l’album d’une rigueur technique instrumental et rythmique à couper le souffle. On sent que Eryn Non Dae. regroupe en son sein de sacrés instrumentistes qui ne tombent à aucun moment dans la lourdeur et la démonstration stérile. Une large place est accordée au feeling et c’est une des choses qui m’a énormément plu ! C’est comme la production parfaite et plus organique que sur les deux productions précédentes. Les prises de son ainsi que les mixage et mastering se sont déroulés une nouvelle fois sous la houlette de Mobo dans son Conkrete Studio (site ici). J’adore l’ensemble du rendu sonore et trouve ce son de batterie vraiment au top du top ! Les méandres de Meliora pullulent de pleins de petits détails comme de nombreuses reverbes sur les guitares ou de discrètes et subtiles lignes de claviers. On imagine aisément la masse de labeurs… Un travail de production encore plus abouti qu’au par avant et qui parachève de donner à Meliora un aplomb et une profondeur qui me laisse aujourd’hui encore admiratif !

Violent, progressif, léché, chaotique, technique, sombre, oppressant, contemplatif, Meliora est tout ceci à la fois ! C’est tout simplement pour moi un album de Metal incontournable dont il me tarde de découvrir le successeur ! Une dernière chose, si vous avez apprécié la compagnie de Eryn Non Dae je vous encourage grandement à allez découvrir les italiens de Nero Di Marte (facebook ici)  qui en plus d’avoir été des compagnons de routes ont des univers musicaux communs que vous serez très certainement susceptibles d’apprécier ! Bon voyage !

FalculA (8,5/10)


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Tracklist (58 :00) : 01. Chrysalis 02. The Great Downfall 03. Scarlet Rising 04. Ignitus 05. Muto 06. Black Obsidian Pyre 07. Hidden Lotus.