C’est avec un plaisir non dissimulé que nous retrouvons enfin ADAGIO avec un nouvel album sous le bras. À force de ne voir rien venir, nous pouvions légitimement nous inquiéter quant à la pérennité du groupe. Mais c’était sans compter sur la résilience de Stephan Forté qui, contre vents et marées, compte bien continuer l’aventure mais pas à n’importe quel prix. Il a pris le temps nécessaire pour (re)construire l’environnement du groupe et monter une structure solide autour de lui afin de mettre tous les atouts de son côté pour ce nouveau chapitre.

C’est un ADAGIO renouvelé, renforcé et régénéré qui se présente à nous désormais. Grâce à un crowdfunding réussi sur Indiegogo, Forté a pu diriger son projet selon ses envies et laisser sa créativité à nouveau pleinement s’exprimer. Autour de lui, nous retrouvons les indéboulonnables Franck Hermanny (basse) et Kevin Codfert (claviers) ainsi que des petits nouveaux, Mayline (violon) et Jelly Cardarelli (batterie). Le poste de chanteur a toujours été particulièrement périlleux au sein du groupe avec toujours beaucoup de talent mais aussi des personnalités instables ou particulièrement vénales. Avec Kelly Sundown Carpenter, ADAGIO joue à la fois la carte de la sécurité car ils se connaissent suite à une tournée commune en 2007 et que notre ami ne manque pas de talent et d’expérience. Espérons simplement qu’il saura harmonieusement gérer les emplois du temps d’ADAGIO et de son autre groupe, CIVIL WAR.

Au moment de glisser Life dans le mange-disque, difficile de savoir à quoi s’attendre. ADAGIO est-il revenu à la maestria symphonique des débuts ou continue-t-il sur la lancée agressive et sombre de Dominate et d’Archangels in Black ? Et bien les deux mon capitaine car même si le ton général s’avère assez sombre et torturé, quelques touches plus lumineuses et mélodique apparaissent ici et là. Les débuts orchestraux et majestueux rappellent que Forté sait y faire sans ce domaine avant que les choses sérieuses ne débutent dans un style djent complexe et torturé. Kelly Sundown Carpenter fait rapidement ses premiers pas et se meut d’emblée comme un poisson dans l’eau. Pas simple de donner une voix à ces arabesques techniques ténébreuses. Les refrains se veulent directs et accrocheurs, ils vont vous rentrer dans la tête en quelques écoutes. Un titre comme « Life » ne manque pas de respirations, souvent aux claviers, histoire de se préparer aux cavalcades qui vont suivre.

Comme d’habitude avec ADAGIO, le niveau technique s’avère très élevé. Avec sa guitare, Forté sait tout faire et n’en finit pas d’impressionner car il continue de privilégié la mélodie à la démonstration technique stérile. Ses camarades se mettent au diapason et ne ménagent pas leurs efforts pour égaler leur leader. La présence de Mayline au violon imprime profondément ce disque et lui apporte une touche de douceur salvatrice dans une pénombre omniprésente. Le travail sur les rythmes reste impressionnant, entre guitare, basse et batterie. Il suffit d’écouter « Subrahmanya » pour s’en convaincre. Ajoutez un petit zest d’exotisme hindoue et vous obtenez un titre très fort. Les ajouts électro plus froids et cliniques laissent entrevoir une autre dimension de l’identité artistique d’ADAGIO, plus que jamais le groupe apparaît comme une entité protéiforme à la croisée de très nombreux styles différents. C’est un sans-faute, ce cinquième opus force le respect et montre un groupe au meilleur de sa forme.

A chaque nouvelle écoute, Life dévoile des nouveaux aspects de sa personnalité et tout un chacun ne peut qu’être admiratif devant la richesse des broderies musicales proposées par le sextet. Cerise sur le gâteau, les visuels signés Rusalka Design sont superbes et offre un parfait écrin à ces neuf nouvelles compositions. Life reste une très belle réussite, les adjectifs pour le caractériser ne manquent pas, complexe, enchevêtré, obscur, sibyllin, ténébreux… Tentez l’aventure, vous ne le regretterez pas.

Oshyrya (09/10)

 

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Zeta Nemesis Records / 2017
Tracklist (56:08 mn) : 01. Life 02. The Ladder 03. Subrahmanya 04. The Grand Spirit Voyage 05. Darkness Machine 06. I’ll Possess You 07. Secluded within Myself 08. Trippin’ Away 09. Torn