Pride Of Lions avait quasiment disparu des radars depuis la parution de Immortal en 2012 et le groupe s'était fait trop rare sur scène. Il est vrai que malgré le succès artistique des réalisations du projet de Jim Peterik et Toby Hitchcock, jamais il n'a pu obtenir le succès du précédent groupe de Peterik, Survivor. La faute au contexte musical évidemment : l'AOR est considéré comme un genre désuet, bon pour les vieilles gloires (Foreigner, Journey) qui enchaînent les tournée comme François Fillon les scandales financiers. Or, Pride Of Lions, sans jamais chercher à s'afficher comme l'hériter d'un Survivor quasiment moribond et réduit à être la chose de Frankie Sullivan, œuvre bel et bien dans une AOR assez intemporelle. 

Et le style de Pride Of Lions semble maintenant bien fixé, malgré quelques variations perceptibles au fur et à mesure de ses cinq albums. On sait que la voix phénoménable de Toby Hitchcock en est un élément central. Son lyrisme, sa puissance, sa versalité ainsi qu'un timbre spécifique constituent le point fort de Pride Of Lions. Et sur Fearless, elle va encore faire des miracles. Alors qu'il n'a enregistré ses parties vocales qu'en deux jours, Hitchcock éclabousse de maitrise tout le disque et aucune chanson ne le prendra à défaut. Puisqu'il faut bien citer les moments forts de sa prestation, énumérons ici la très mélodique « Silent Music » ou, dans un registre plus vigoureux, le morceau éponyme « Fearless » sur lequel il est tout à fait impeccable. 

Où l'on parle d'un chanteur

Ce Fearless tient beaucoup à un chanteur trop méconnu et la musique composée évidemment par Jim Peterik cherche surtout à le mettre en valeur, à l'accompagner au sens positive du terme. Certes, on retrouve quelques petites nouveautés comme le discrète présence d'un violon sur « All I See Is You » en ouverture, mais cette fois les compositions à tiroir, plus ambitieuses, comme on en pouvait trouver sur The Destiny Stone, ont disparu. Par ailleurs l'abondance des titres lents et des ballades (« The Light In You Eyes », « The Tell » et tutti quanti), nous éloigne de la direction prise sur ce dernier disque. Cette situation est par ailleurs aussi suggérée par la production mettant très nettement en avant la voix et les mélodies de Toby Hitchcock.

Un nombre assez conséquent de titres rock nous évite toutefois l'écueil d'un disque trop pop et ce d'autant plus qu'ils ont été très soignés : « In Caricature », « Fearless » ou l'épique « Freedom Of The Night » qui évoque cette fois nettement Survivor… La présence de la guitare de Mike Aquino qui délivre de bons et nombreux solos enfonce en outre le clou sur ce point (le fulgurant« Rising Up » ou « The Silence Says It All » et j'en passe).

Où l'on parle d'un deuxième chanteur

L'on parle beaucoup ici de Toby Hitchcock, mais il faut ici évoquer un point qui fait toujours débat chez les amateurs du groupe : la place prise par Jim Peterik au micro. Certes, le leader et compositeur est loin d'être incompétent et sa voix est agréable, mais c'est un chanteur infiniment plus banal. Pourquoi s'acharner à partager le micro sur des titres aussi importants dans l'équilibre du disque que « All Is You », « The Tell », « Fearless» ? Peut-être car le partage du micro qui offre les parties graves à Jim Peterik et les parties aiguës à Toby Hitchcock est fécond : cela permet un crescendo musical qu'offre parfaitement l'apparition de la voix de Hitchcock. Je ne vois personnellement rien à redire à ce choix qui a déjà fait ses preuves et qui participe d'une certain manière à l'identité du groupe, même si le gimmick est parfois trop répété et un peu facile (c'est patent sur « Freedom Of The Night »). 

Que conclure ? Que Pride Of Lions a bel bien enterré Survivor et le démontre encore une fois… mlais ce n'est pas une franche nouveauté. On finira cette chronique en disant surtout que le groupe vient de sortir un disque qui ravira tous les amateurs d'un genre qui se refuse à mourir. Et qu'avec ce Fearless il démontre une santé et un allant musical étonnants et réjouissants de la part de ce vieux briscard si attachant qu'est Jim Peterik. 

Baptiste (8/10)

 

Frontiers / 2017

Tracklist : 1. All I See Is You ! 2. The Tell 3. In Caricature 4. Silent Music 5. Fearless 6. Everlasting Love 7. Freedom Of The Night 8. The Light In Your Eyes 9. Rising Up 10. The Silence Says It All 11. Faster Than A Prayer 12. Unmasking The Mystery